Depuis ce vendredi 20 octobre, les films se succèdent à Montpellier, permettant aux réalisateurs et producteurs de rencontrer un public de connaisseurs. Au “Cinémed”, déjà depuis plusieurs années, le mot d’ordre des organisateurs c’est : Les Talents d’abord ! La particularité de la ville, du Corum et des cinémas participant au festival, c’est de proposer un cinéma “art et essai”, et de mettre à l’honneur le beau travail des équipes de cinéma du Maghreb. La France depuis plusieurs années soutient, la réalisation Tunisienne, Algérienne, Marocaine et Libanaise. Dans ces pays cités, la culture Française est restée présente par la langue, mais aussi par le goût de l’artistique que notre nation aime partager.
Cette année, c’est l’Algérie qui est présentée…Karim Moussaoui est venu à Montpellier pour parler de son dernier film : En attendant les hirondelles. C’est d’abord son actrice du film Aure Atika (aussi Présidente du Jury Antigone) qui s’est entretenue avec le public du cinéma “Le Diagonal”, pour parler de son rôle et des anecdotes du tournage qui s’est déroulé l’an dernier à Alger et dans la campagne environnante. Le film traite trois histoires, avec des points de vues différents suivant l’intrigue. Mourad, un promoteur immobilier, Aïcha (Hania Amar) qui va être mariée à un autre homme (destiné par sa famille), ressent un amour brulant pour Djalil, qui lui pense que sa vie sans cette femme ne vaudra rien ! Dahman, travaillant dans un hôpital aura son destin rattrapé par la plainte d’une victime d’un viol collectif, le médecin qui a été le témoin malgré lui, n’avait rien dénoncé dans le passé.
C’est là que tout le talent de Karim Moussaoui pose les pierres d’un cinéma progressiste et profondément humain. Le jeu de la caméra en mouvement ascensionnel, pour filmer les paysages, les routes et le déplacement des personnages, confère une gravité de l’image. Le réalisateur Algérien utilise les décors naturels de son pays, mais rajoute son point de vue narratif quand il filme des immeubles en construction depuis 10 ans (sans finition). Il interroge quand, il capture dans le désert un groupe de gens dansant, les filles ont les cheveux au vent, des musiciens berbères font échapper une révolte de mots et de sons. Autre plan, il met en scène ce couple dont l’amour interdit, empêche le vrai bonheur quand la porte close d’une chambre d’hôtel se ferme sur l’irrémédiable. Aïcha et Djalil s’unissent en dépit de leur destiné imposée…
Nous avons rencontré le réalisateur qui a une culture Française dans son approche linguistique (qu’il parle admirablement bien). Son travail est singulier et la profondeur des images rend tout le talent à celui qui a déjà obtenu le César en 2015 avec son court métrage “Les jours d’avant”. “J’aime écrire à Alger, mais j’aime travailler à Paris avec mon producteur pour élaborer mes projets de films” précise t’il quand on l’interroge sur ces choix de scénarios. A l’avant garde du cinéma Algérien, son travail est scruté par les autorités “Je n’ai pas de censure, du moins par pour l’instant, mes films n’ont pas de vocation politicienne, même si les sujets que j’aborde sont issus de la politique au sens strict du terme…” relève t’il quand on le questionne sur les autorisations de tournage dans son pays.Pour connaître les salles où le film sera projeté dès le 8 novembre en France, jetez un coup d’oeil sur la page de la production https://www.facebook.com/Advitamdistribution/
Eric Fontaine