« Blitz » dévoile un Daho sombre et éclairé !

Dès les années 80, Etienne Daho l’auteur de Week-End à Rome s’est affirmé comme l’un des auteurs compositeurs les plus raffinés de la pop française. Quarante plus tard, si le timbre chaud est toujours là toujours au service d’une pop mélancolique quelque peu assombrie.

Etienne Daho « Blitz »Des débuts new wave 80’s à l’electro rock d’aujourd’hui, le dandy Daho a baigné dans tant de courants musicaux qu’il s’est forgé une personnalité à part, si forte, qu’il est devenu impossible de le classer quelque part. Dans ce nouvel album, on retrouve les ambiances electro pop rock qui firent le succès ” Paris Ailleurs »(1991)et qu’il poursuivra avec « Corps et Ames  » (2000) puis « Réévolution » (2003) dans un esprit assombri.

Ce « Blitz » opte pour des structures musicales métalliques qui s’éloignent largement de l’univers chic pop de l’artiste. A 61 ans, Daho continue son travail d’alchimiste sonore pour produire une musique en constante évolution aux sonorités en dehors du temps et des modes. Voilà des titres qui enchantent les règles de la composition, repoussent encore un peu plus, les limites d’une chanson pop bien dans son époque. D’entrée « Les Filles du canyon » est un titre puissant avec cette tournerie basse batterie implacable, ces halo de guitares rock lugubres passés à une moulinette electro des plus ténébreuses. Dans  « Le Jardin « titre qui évoque sa sœur défunte, la voix de Daho est affûtée, le son esthétique, vrombissant. Ici aucune faiblesse dans les compositions qui comme chez Depeche Mode ou U2 reflètent l’air du temps.

Dans un ronflement de claviers synthétiques, de batteries martiales et de guitares métalliques, ces sublimes cordes au son de cathédrale donnent à « l’étincelle » ce côté magique et intemporel. Epaulé par du groupe californien Unloved et le producteur Fabien Waltmannde, le chanteur renouvelle les arrangements en bidouillant ses effets spéciaux, plongeant les titres dans une transe électro d’une noirceur vénéneuse. Si le ton général semble plus apaisé, le chanteur explore toujours les méandres du spleen. Avec cette pointe de trip hop dans les rythmiques, ce zeste de rock indus et ce beaucoup de Depeche Mode dans les structures, voilà une pop rock sombre raffinée d’où surgit ces « Les baisers rouges », « Les Cordages de la nuit » taillés pour faire vibrer les corps et les coeurs. Plus difficiles d’accès « L’Etincelle » ou « Deep End » deviennent peut à peu de véritables accroche-cœurs. Au fil des ré-écoutes, on plonge dans les eaux calmes d’une pop séduisante et raffinée.

Les notes glissent et s’enfoncent vers les territoires d’une longue rêverie avec une certaine saveur rétro romantique et dérapent vite en improvisations folles des guitares pour finir en feu d’artifice sonore. Daho fait partie de ces alchimistes sonores qui vous ensorcellent, vous emmènent toujours plus loin, vers des contrées musicales aux paysages fantasmagoriques où l’imaginaire de chacun peut vagabonder au gré de ses humeurs et de son rythme. La beauté vénéneuse, la noirceur musicale qui bâtissent l’univers de Daho continue de nous envouter. On attend impatiemment les prochaines dates parisiennes. 

 

Jean-Christophe Mary

 

  1. Les filles du canyon
  2. Chambre 29
  3. Le jardin
  4. Les baisers rouges
  5. Les cordages de la nuit
  6. Les flocons de l’été

7 Voodoo voodoo

  1. L’étincelle
  2. The deep end
  3. Hôtel des infidèles
  4. Après le blitz
  5. Nocturne

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