Dans “Selma”, Martin Luther King ressuscite.

Le film “Selma” de la réalisatrice américaine Ana Duvernay, nommée au golden globe de la meilleure réalisatrice, est sorti mercredi dernier dans les salles de l’hexagone et nous offre un vibrant hommage sur la cause de la population noire aux États-Unis au cours des années 60.

“J’accepte le prix Nobel de la paix à un moment où vingt-deux millions de noirs, aux États-Unis d’Amérique, sont engagés dans une bataille créatrice pour mettre fin à la longue nuit d’injustice raciale” tel est le début du discours de remerciement de Martin Luther King lorsqu’il reçoit le prix Nobel de la paix le 10 décembre 1964 à Stockholm. Ana Duvernay, en signant “Selma” livre un véritable biopic du plus célèbre défenseur de la cause noire aux États-Unis, interprété à la perfection par l’acteur David Oyelowo ( Le Majordome, Lincoln, A most violent year), mais également une grande considération à la rébellion de milliers de personnes noires dans la ville de Selma, au cœur de l’État de l’Alabama, où le gouverneur pourtant démocrate George Wallace, magnifiquement interprété par l’acteur Tim Roth est fermement opposé au droit de vote pour tous et est un fervent défenseur de la ségrégation raciale.

selmaSynopsis: Le film débute par une terrible tragédie qui était malheureusement le quotidien de la population noire des États-Unis dans les années 60, en particulier dans les États du sud. On découvre au fil de l’histoire, le combat de cet homme, Martin Luther King, pasteur noir qui défend avec fermeté devant le président de l’époque, le démocrate Lyndon B. Johnson, une loi sur le droit de vote pour les noirs. Seulement, ce n’est pas la priorité des autorités et encore moins de Johnson répondant à MLK d’un ton neutre et sans pitié “Vous avez un problème, j’en ai 101”. Cela pourrait être combat perdu, mais c’est sans compter sur la ténacité de cet homme, qui va soulever les foules pour convaincre le président. À Selma, 50% de la population est noire, c’est l’endroit rêvé pour la révolte, elle est en marche. Mais à la moindre manifestation, la réplique est sanglante et sans pitié, les compagnies de police de la ville, sous les ordres de Wallace, doivent disperser les foules. À l’époque, les crimes racistes sont monnaies courantes et les criminels ne sont jamais inquiétés par la justice car qui dit procès, dit jurés, dit blancs, dit acquittement. C’est la dure réalité… Le pont le plus célèbre de la ville, le Edmund Pettus Bridge, devient vite le théâtre de manifestations protestataires mais tout est dans le pacifisme, à la manière du Mahatma Gandhi lors de la célèbre marche du sel entre autres, pour l’indépendance de L’Inde. La marche historique de Selma à Montgomery se prépare à entrer dans l’histoire.

Analyse: Ana Duvernay nous témoigne à travers ce long métrage que la lutte pour les droits civiques des noirs dans les années 60 aux États-Unis était un combat de tous les jours mais comme disait le chef de file, Martin Luther King “Nous avons déjà fait un pas, on ne peut reculer”. Tout est dit, quoiqu’il advienne, les droits civiques auraient été votés, 5, 10, 30 ans après la révolte, peu importe le temps passé, elle n’aurait pas été sans retour de la part de la Maison Blanche. La caméra place MLK au centre, notamment lors de ses discours, ce qui lui donne une envergure imposante, une image de rassembleur. La réalisatrice nous livre le quotidien de tous ces êtres, leur combat, leur rassemblement pour la liberté, pour la paix. Notons la présence d’Oprah Winfrey, animatrice américaine, dans le rôle d’une femme au moral d’acier qui ne plie devant rien, même face aux coups de matraque des policiers. La réalisatrice n’a pas fait l’erreur de faire un biopic intégral sur Martin Luther King, son film titre “Selma”, il traite de cette révolte, de la population noire pour la défense de leurs droits civiques.

Un coup d’œil sur l’histoire: La ségrégation raciale s’imposa suite à la guerre de Sécession, fin 1860. Bien que l’esclavage fut aboli le 31 janvier 1865 après l’adoption du 13ème amendement par le congrès américain, que les noirs américains aient obtenu le statut de citoyen, les lois Jim Crow instaurent une véritable ségrégation. Ces populations étaient exclus de tout lieu public, parcs, bibliothèques et ils étaient prévenus à l’entrée à la manière de la population juive au cours de la seconde guerre mondiale “Les nègres et les chiens ne sont pas admis”. Le point déclencheur de la révolte des noirs américains est le boycott des bus à Montgomery, notamment en la personne de Rosa Park, devenue célèbre après avoir refusé de donner sa place à un blanc alors que le chauffeur l’exigeait, cette action lui vaut le surnom de “mère du mouvement des droits civiques” et lui offre un respect sans égal et une postérité considérable. Malcom X est lui aussi un personnage emblématique de la cause noire aux côtés de MLK. Enfin, un homme est à la tête de toutes ces actions, le pasteur Martin Luther King, il dirige lui-même le boycott des bus, défend le droit de vote, la déségrégation. Le film n’explore qu’une partie de l’histoire mais montre en la personne de MLK et dans tous ces hommes et femmes, la bataille !

Le mot de la fin: Le film intervient en parfaite adéquation avec l’actualité aux États-Unis, dans la ville de Ferguson notamment, dans l’État du Missouri, où plusieurs policiers blancs ont tirés, avec comme seul argument la légitime défense, sur de jeunes noirs. Ces crimes ont créé un vive émoi dans le Monde. Pour finir, bien que le film mette en certain temps à démarrer, environ une petite demi-heure, il nous accroche aux tripes et l’on s’attache à tous les personnages, ils sont “nos frères, nos sœurs”. C’est sans doute grâce à la foi en Dieu qu’ils ont tous réussi à se battre, à continuer le combat, grâce à la prière. Le petit hic, c’est qu’il manque le discours de 1963 devant le Capitole, “I have a dream”, ce qui est compensé par un autre discours, tout aussi touchant. Rappelons que le film a obtenu l’Oscar de la meilleure chanson originale, interprétée par John Legend et Common (acteur du film), Glory, présente au générique et ovationnée lors de la cérémonie de remise des prix, le 22 février dernier. Dernier conseil de cinéphile, mettez tout en œuvre pour voire ce film en VOST.

A propos Agence

A lire aussi

Labellisation de Strasbourg Capitale mondiale du livre Unesco 2024

Première ville française désignée Capitale mondiale du livre par l’UNESCO, Strasbourg se prépare à vivre …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com