Des gens très bien : Alexandre Jardin

Des gens très bien de Alexandre Jardin est un livre au centre d’une grande polémique historique. Je ne rentrerai pas dans ce débat, je vous parlerai d’un livre poignant et émouvant.

L’intrigue, si l’on peut la nommer ainsi, relate le passé douloureux et controversé d’Alexandre Jardin. Chacun porte en lui les reliques du passé. Celles d’Alexandre sont encrées durant la Seconde Guerre Mondiale. Son grand-père était le directeur de cabinet de Laval et avait participé à la rafle du Vél d’Hiv de près ou de loin. Durant la période de cette collaboration de Vichy, son grand-père était au courant de tout ce qui se passait en France et ne pouvait pas ignorer la destruction massive des juifs et leurs déportations.

Alexandre Jardin hurle son désespoir, sa haine, son incompréhension. Jamais Le Nain Jaune n’a été inquiété de ses faits de guerre. L’Histoire ne reconnaît pas sa participation à cette atrocité. C’est ce qui révolte l’auteur. Sa propre famille vit dans le mensonge. Il reconnaît avec dégoût sa participation passive à ce semblant de vie. La première partie de sa vie, il la voue à un bonheur illusoire, sourire de convenu poussé à la caricature. Cette joie fausse lui permet d’accepter l’inacceptable.A l’aube de sa deuxième naissance, Alexandre Jardin devait clarifier son passé pour pouvoir exister à nouveau.

Dans cette œuvre, il condamne son père qui prend son propre père pour un homme bon. Ce sentiment décrit par son père révulse Alexandre. Il va devoir mener sa propre enquête sur les agissements de son grand-père. Les mots sont durs et implacable.

Alexandre Jardin pose les questions suivantes : Sommes-nous responsable des fautes de nos ascendants ? Est-il plus facile de vivre avec un passé Vichyste assumé et reconnu par l’Histoire ? Comment sortir indemne d’un passé violent qui a survécu à tant d’années de silence ?

L’auteur lutte pour la dignité des juifs. Il s’oppose de manière drastique à toute sa famille par le biais de ses alliances juives, sa volonté de se faire pardonner une faute qu’il n’a pas commise.

Lisez cette œuvre et posez-vous la question suivante : “qu’auriez-vous fait à leur place? ” (Pensez à la chanson de Jean-Jacques Goldman “Né en 17 à Leindenstatt”)

Voici quelques citations tirées de l’œuvre:

” Comment ai-je fait pour me dégager de la vérité officielle de nos ascendants si fidèles à Vichy ? pour finir par accepter ma honte d’être de cette lignée-là de gens supposément “très biens”?

” Il y a mille méthodes inconscientes pour qui souhaite ignorer une vérité qui crie.”

” Ton grand-père a agi sous l’emprise d’une tout autre morale nationale, d’une perception de la réalité parfaitement étrangère à notre logiciel mental actuel.”

” L’appréhension permanente d’être accusé m’a toujours empêché de supposer combien cette faute originelle était généralement ignorée.”

“Et toi, t’es qui en vrai ?

– Ton fils. un deuxième père qui te redonnera la vie quand tu seras mort, en écrivant sur toi.”


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