En une fusillade, ce sont deux générations de dessinateurs parmi les plus novateurs que le journalisme a perdues.
Wolinski et Cabu sont nés au dessin en métropole il y a un demi-siècle, au travers du bouillonnant Hara-Kiri. Journal subversif laissant la part belle aux dessinateurs et à leur créativité, c’est l’origine même du titre Charlie Hebdo. Ils y ont marqué les esprits, marqués une génération, dont sans aucun doute les dessinateurs que devinrent ensuite les plus jeunes Charb et Tignous. Sous la férule du Professeur Choron et de Cavanna, autre grande figure du Charlie Hebdo dernièrement frappé, Wolinski et Cabu s’installent en tant qu’auteurs à part entière dans le paysage culturel français. Capables d’être innovants dans le style, émancipés de l’héritage belge, ils n’en oubliaient pas moins l’esprit, devenu sarcastique, profondément critique mais avant tout drôle. Après eux plus jamais la presse n’aura été pareille.
Charb et Tignous, bien qu’arrivant plus tard sur la scène picturale de Charlie Hebdo, appartiennent davantage à la ligne Fluide glaciale, autre journal majeur de son temps. De fait, ils ont surtout connu le deuxième Charlie Hebdo, celui de la reprise par Philippe Val et dont Charb était devenu la figure dirigeante principale. Moins acres et finalement soixante-huitards que leurs aînés, ils n’en ont pas moins porté le nouveau Charlie Hebdo, tout en collaborant à des journaux diversifiés, ouvrant leur interprétation du travail de dessin de presse à un plus large public.
Cabu, au travail d’inspiration anarchiste, était un commentateur acerbe de l’actualité politique, n’hésitant pas par exemple à affubler Nicolas Sarkozy de constantes cornes diaboliques.Wolinski aimait davantage les mises en situations, souvent à plusieurs personnages, comme des petites scénettes venant croquer notre quotidien d’un sourire affectueux.
Charb était un critique social aux traits caricaturaux, tout plein d’une rondeur attachante.Et Tignous se caractérisait par ces mouches qui parasitaient souvent ses personnages, enrobant d’humour un message parfois cruel.
Tous les quatre étaient le symbole du Charlie Hebdo d’aujourd’hui, mais bien plus d’une certaine idée de la liberté de ton.
Bel hommage
tout ces hommages ils les mérites au plus haut point