L’Opéra Moderne au Cinéma CGR Le Paris à Clermont

C’est le cinéma CGR Le Paris à Clermont-Ferrand qui nous a fait le plaisir de nous accueillir pour la projection de l’Opéra « moderne » Grandeur et Décadence de la Ville de Mahagonny ce mercredi 1er avril 2015 à 20H en direct du Royal Opéra House de Londres. Une belle opportunité pour les plus novices de découvrir l’Opéra dans un jeu scénique intense et rythmé. Et pour les plus chevronnés de redécouvrir l’œuvre de 1930 dans un esprit plus actuel, moderne et novateur.

Grandeur et décadence de la Ville de Mahagonny-4Grandeur et Décadence de la Ville de Mahagonny est à la base un Opéra écrit en allemand puis traduit en l’anglais. Cette oeuvre est née de la collaboration entre Bertolt Brecht et Kurt Weill. Les deux créateurs ont eu la volonté de révolutionner le style en le rendant plus accessible à tous, et c’est fascinés par le cinéma qu’ils décident d’adapter l’Opéra dans un style cinématographique. C’est grâce à cela que nous avons la chance de découvrir l’œuvre depuis nos écrans de cinéma en sous-titré français. Bien installés dans nos fauteuils, en immersion directe avec les décors magnifiques du Royal Opéra House de Londres, nous faisons petit à petit connaissance avec les acteurs-chanteurs, les décors, les musiques et les lumières.

Grandeur et décadence de la Ville de Mahagonny-2

Dès le premier tableau, Kurt Weill plante le décor avec ses 3 personnages haut en couleurs, trois criminels en fuite qui investissent la ville de Mahagonny en plein désert américain.

C’est alors que nous comprenons leur objectif premier : faire de Mahagonny une ville de débauche, assoiffée par l’argent et les plaisirs sexuels pour attirer un maximum de proies dans le but de récupérer un maximum d’argent. En parallèle nous faisons connaissance avec les deux non moins excellents Jenny Smith qui joue le rôle d’une prostituée et de Jim Mahoney qui cherchent désespérément à quitter la ville pour éviter de tomber dans ce KO ou seul le sexe, l’alcool et l’abus des plaisirs noircissent leur façon de vivre. Malheureusement ils ne parviennent pas à quitter la ville de Mahagonny et se retrouvent piégés malgré eux dans des situations aussi sombres que désastreuses. C’est alors que Jim Mahoney se fait prendre au piège. Accusé de ne plus avoir d’argent, raison passible de la peine de mort à Mahagonny, il est exécuté et finalement la ville se retrouve en feu.

S’enchainent ainsi différents tableaux très clairs dans le message que veut faire passer le dramaturge Bertolt Brecht. A partir d’un camion déposé sur le centre de la scène, il enchaine décors sur décors, poussant le spectateur à s’en tenir à l’essentiel : Mahagonny est une ville où plaisir rime avec alcool, prostitution et malveillance. Lieu imaginé de toute pièce où l’argent prolifère.

Au delà du côté caricatural du plaisir que nous pouvons y voir, il est clair que l’histoire nous décrit à quel point l’homme peut se montrer égoïste à ne penser qu’à se faire plaisir, obsédé par l’argent et qui finalement ne réussit même pas à s’en contenter. On ressent que l’appât du gain guide toutes ses décisions. Sa recherche du monde idéal, sans contrainte : c’est ce qui ressort le plus dans le jeu des trois bandits avec leur cupidité qui les mènera à leur perte.

La mise en scène acerbe de John Fulljames liée à la magnificence de l’orchestre avec le mélange des styles musicaux tels que le jazz, la musique classique et aussi quelques musiques populaires, rendent la pièce plus posée, plus calme presque romantique.

Grandeur et décadence de la Ville de Mahagonny-3On ne peut d’ailleurs pas parler de Grandeur et Décadence dans la ville de Mahagonny sans citer l’incroyable prestation de Christine Rice (qui joue Jenny Smith) avec le titre Alabama Song. Jenny et ses complices prostituées se mettent à chanter cette chanson de façon magistrale. Il faut dire que Christine Rice fera une entrée très remarquée de part sa puissance vocale et son fort talent scénique. C’est cette chanson populaire, reprise plusieurs fois plus tard notamment par David Bowie, qui marquera le plus nos esprits. Elle entonnera encore ce titre sur la fin de la pièce lorsque son amour Jim sera sur le point de se faire exécuter.

Si tous les excès sont permis à Mahagonny, Jim ne l’entend pas de cette façon. Cet interprète va donner de sa personne pendant près de 2H débordant de dialogues et de chants. Rien ne semble l’affaiblir. Son jeu d’homme rebelle qui s’ennuie à Mahagonny, va nous livrer là une prestation incroyable. Il sera mis en avant jusqu’à la fin de la pièce avec sa mise à mort qui mettra fin à l’Opéra. Dans toute cette partie de l’Acte III, l’orchestre excellera dans des musiques beaucoup plus classiques et dramatiques.

On regrette quand même qu’il n’y ait pas plus de romantisme notamment dans la présupposée l’histoire d’amour entre Jenny et Jim. On aurait aimé s’attacher un peu plus aux personnages et à ce qu’ils nous racontent. Mais finalement cela est en parfait accord avec le message que nous font passer les créateurs de Grandeur et Décadence dans la ville de Mahagonny : les réels amours laissent la place aux plaisirs futiles.

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