L’Union Nationale de l’Apiculture Française et sept autres organisations ont tenu aujourd’hui une conférence de presse au Sénat, à l’occasion de l’examen en seconde lecture de la loi biodiversité par les sénateurs, dans le but de réclamer l’interdiction définitive des néonicotinoïdes.
Les députés ont voté à deux reprises pour l’interdiction des insecticides néonicotinoïdes, reconnus pour être des pesticides tueurs d’abeilles. A partir d’aujourd’hui en Commission du développement durable et à partir du 10 mai en séance, les sénateurs devront à nouveau se prononcer sur le sort des néonicotinoïdes au cours de l’examen en seconde lecture de la loi biodiversité. L’occasion pour les ONG et les acteurs agricoles et apicoles d’appeler à entériner l’interdiction de ces substances néfastes, non seulement pour l’environnement, mais aussi pour la santé, en rappelant qu’il existe des alternatives non chimiques, pour l’agriculture.
Dans son dernier communiqué, l’UNAF rappelle combien l’apiculture est dans une situation critique depuis les années 1990. Si 30% des colonies d’abeilles périssent chaque année, obligeant les apiculteurs à renouveler leurs ruches décimées, en 1995, date de l’apparition des néonicotinoïdes sur le marché français, les mortalités avoisinaient seulement les 5% et les abeilles domestiques, ne sont pas les seules victimes de ces polluants chimiques. De nombreuses composantes de notre environnement sont en effet aussi touchées : pollinisateurs sauvages, vie aquatique, oiseaux, ….. Des centaines d’études dont celles de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), en 2015 ainsi que l’avis de 27 académies des Sciences de l’Union Européenne, démontrent la dangerosité des néonicotinoïdes et donc, la nécessité de les interdire.
Les alternatives sans chimie existent et et de nombreux rapports et analyses prouvent que l’utilisation de ces insecticides ne provoque pas d’augmentation de rendement par rapport aux mêmes cultures non traitées.
Exemples d’alternatives sans chimie :
Maïs :
- Eviter les semis trop précoces quand la terre est trop froide
- Eviter la monoculture qui favorise le développement de divers insectes (taupin, chrysomèle du maïs, etc.)
- Contre le taupin : alterner les cultures, implanter des variétés de maïs à démarrage rapide, avec adaptation de la précocité de la variété à la zone pédoclimatique, si nécessaire, utiliser des engrais localisés de démarrage
- Contre la chrysomèle : pratiquer des rotations de cultures, voire la lutte biologique avec des nématodes
- Contre la pyrale : l’utilisation de trichogrammes (hyménoptère parasite de la pyrale) est une méthode de lutte simple, fiable et efficace.
Pomme de terre, contre les taupins plusieurs possibilités selon les conditions et les niveaux de risques :
- Certaines variétés de moutardes utilisées en engrais verts
- Le déchaumage
- Les purins de plantes dont le plus connu contre le taupin est celui de fougère
- Les tourteaux de ricin.
- Les doryphores sont très bien gérés avec Bacillus thuringiensis subsp. Tenebrionis.
Fruits (pommes, poires…) : exemples de bio-contrôle, contre les carpocapses et tordeuses, plusieurs solutions :
- Bacillus thurigensis
- Carpovirusine
- Confusion sexuelle
- Ou filets de protection.
Dans le même temps, l’association européenne indépendante Pollinis rappelle combien le citoyen doit se méfier “des arrangements en catimini des lobbies de l’industrie avec les autorités européennes, pour faciliter la commercialisation des pesticides ou de médicaments sans devoir rendre de comptes à personne”. Alors que des révélations graves sur des produits phytosanitaires se multiplient comme les néonicotinoïdes et le glyphosate, de même que des scandales éclatent comme les Panama Papers ou encore LuxLeaks, les multinationales agrochimiques essaient de verrouiller l’accès aux études et testes de nocivité de leurs produits, afin d’empêcher toute personne d’y accéder et donc de poursuivre en justice toute association, ou citoyen qui oserait divulguer toute information. C’est d’ailleurs cela que la Commission européenne et le Parlement européen ont voté voilà quelques semaines, avec la fameuse et tant décrié, directive “Secrets des affaires”, présenté il y a quelques jours ici même :
“Secrets d’affaires”.