Nicolas Dupont-Aignan : L’Union Européenne n’a plus rien de légitime

sans-titreLes carriéristes que l’on retrouve au sein d’un bon nombre de partis ne dénoncent par l’Europe actuelle, encore moins son devenir. Certains préfèrent ne rien voir, ne rien dire, histoire de cultiver leur place chaude au Parlement européen. Heureusement, au nom d’une certaine démocratie, certains à droite comme à gauche prennent position contre cette Europe qui nous maltraite. Rappelez-vous les propos de Gérard Filoche le mois dernier, ici même sur France Net Infos. Cette fois, c’est à droite que nous nous tournons, et plus précisément du côté de Nicolas Dupont-Aignan, Président de Debout la France, et candidat à l’élection présidentielle de 2012. Oui, à droite comme à gauche, des voix diffèrent d’une écrasante majorité ! Comme le premier cité, ce dernier ne mâche pas ses mots. Lui qui a dénoncé le référendum sur la Constitution européenne de 2005, nous annonce aujourd’hui que la Commission européenne s’apprête à vendre l’Europe aux multinationales américaines ! Tiens, cela me rappelle L’Europe est à vendre. Oublions les clivages et autres querelles de parties imposés par un grand nombre de médias, pour faire de cette rencontre avec Nicolas Dupont-Aignan, comme celle avec Gérard Filoche, un moyen d’éveiller votre curiosité, et bien sûr de vous informer, avant d’autres rencontres à venir.

En 2005, les français ont voté à près de 55 % le non au référendum sur le traité établissant une constitution pour l’Europe. Parmi les arguments avancés dans ceux qui étaient pour, on note : “Plus de démocratie pour un meilleur équilibre des pouvoirs entre les diverses institutions.” Quelques années plus tard et pour palier à ce non, la France a ratifié le Traité de Lisbonne de manière directe. Or la démocratie est le régime politique dans lequel le peuple est souverain. Au vu de ce que nous venons d’annoncer, il semble que le citoyen européen n’ait pas son mot à dire. Certains avancent même aujourd’hui l’idée que le citoyen européen est en dictature ? Qu’avez vous à dire à ce sujet ? L’Union européenne est comme un nœud coulant autour des Nations qui est davantage serré au fil de l’adoption de nouveaux traités. Depuis le vote bafoué des Français lors du référendum sur la Constitution européenne de 2005, contourné par l’adoption du Traité de Lisbonne qui est une copie de ce texte refusé par nos concitoyens, je considère que cette Union européenne, qui n’a rien à voir avec l’idéal européen de départ, n’a plus rien de légitime. A Debout la France, nous sommes plus européens que les européistes parce que nous respectons les nations, seules cadres des démocraties, dans leur diversité. Nous nous réjouissons que les pays soient différents. Nous pensons que nous devons nous enrichir de nos différences.

On ne parle que très peu de l’Europe dans les médias, à l’exemple de l’accord TISA. Pourquoi cet accord est très peu relayé dans l’information ? A qui cet accord va t’il profiter ? L’opacité dans laquelle se déroulent les négociations est en effet inacceptable et révélatrice du mode de fonctionnement de l’Union européenne. Cet accord va profiter d’abord aux multinationales Lorsque François Hollande s’est rendu aux Etats-Unis, il a annoncé la couleur en déclarant : « il faut aller vite sur le dossier transatlantique afin d’éviter les peurs et les fantasmes ». Bref, le Président de la République a décidé d’accélérer et de confisquer ce débat. Ce traité n’a jamais été l’objet d’une quelconque élection et révèle une Union européenne acquise à la cause de certains intérêts privés au détriment de l’intérêt général. Les normes appliquées aux Etats-Unis et au Canada offrent des protections bien moindres que leurs homologues européennes. L’harmonisation entre nos législations pourrait avoir pour conséquence une baisse significative du niveau de protection des consommateurs et un nivellement par le bas des normes sociales et environnementales, privant les Etats de leur pouvoir de régulation. Si ce traité est adopté, les OGM, la viande traitée aux hormones ou encore le poulet désinfecté au chlore feront partie du quotidien des Français sans qu’ils puissent s’y opposer ! Par ailleurs, l’instauration d’un mécanisme de règlement des différends entre Etats et investisseurs devant des tribunaux privés serait inacceptable et acterait la fin de la démocratie. Comment peut-on accepter que des multinationales imposent leurs lois alors qu’une majorité de citoyens a décidé du contraire ?

Sur le fond, on ne nous dit pas grand chose sur l’Europe. Et on nous dit comme souvent sur d’autres sujets, tout et n’importe quoi. A sa création l’Europe était une promesse pour la paix. Ensuite elle a été une promesse pour lutter contre le chômage. Aujourd’hui elle part à la dérive. Quand cela a t’il commencé ? Tout cela était t’il prévisible à sa création ? Qui est responsable de cette dérive ? L’Union européenne a trahi le bel idéal européen de paix et de coopération entre Nations. Les responsables de cette dérive sont les gouvernements successifs qui ont transféré au fur et à mesure du temps chaque parcelle de notre souveraineté : nos lois, notre budget, notre monnaie et nos frontières à des institutions non élues. La Commission européenne, la Banque centrale européenne et la Cour de Justice européenne sont trois institutions qui n’ont aucune légitimité démocratique et qui ne sont pas contrôlées par les citoyens. Le péché originel a sans doute été l’adoption du traité de Maastricht en 1992. Je relisais récemment le discours de Philippe Séguin à la tribune de l’Assemblée nationale au moment du débat sur ce traité. « Voilà trente-cinq ans que toute une oligarchie d’experts, de juges, de fonctionnaires, de gouvernants prend, au nom des peuples, sans en avoir reçu mandat, des décisions dont une formidable conspiration du silence dissimule les enjeux et minimise les conséquences » disait-il à l’époque. Rien n’a changé depuis.

L’Union européenne, c’est aujourd’hui 28 Etats membres et autant de cultures différentes. N’est ce pas utopique de vouloir rassembler autant de pays pour soit disant rendre l’Europe plus puissante ? L’Union européenne supranationale est une utopie qui ne peut mener qu’au « cauchemar du despotisme ». L’Europe a au contraire besoin de coopérations à a carte, de l’adhésion des peuples et par conséquent de la vigueur des démocraties nationales. L’Union européenne a été trop loin dans l’élargissement. Elle a cherché à la fois à élargir et approfondir avec la mise en place de règles ultralibérales qui incitent au nivellement social par le bas.

On parle beaucoup encore aujourd’hui du Général de Gaulle. On ne peut nier son charisme, et il y a sans doute aussi une part de nostalgie à voir à la tête de l’Etat un grand homme au service de l’Etat. (Il était certes aussi grand par la taille, mais nous ne nous tiendrons qu’au charisme). Mais dans le gaullisme il y avait aussi cette contestation sur le leadership américain. Le Général de Gaulle estimait que la paix ne passait pas forcément par l’américanisation du monde. Or aujourd’hui, les américains sont partout. Certains prétendent même que l’Europe est géré par et pour favoriser les multinationales, donc de grands groupes américains. Qu’avez vous à dire à cela ? Au moment où le monde devient multipolaire, il est indigent de subordonner la France et l’Europe aux Américains. Le Général de Gaulle avait justement grandi notre pays en réaffirmant son indépendance. On ne construira pas l’Europe en la mettant sous tutelle. Hervé Gaymard a raison lorsqu’il parle de « Commission américaine de Bruxelles ». Le scandale n’est pas tant que les Etats-Unis défendent leurs intérêts mais plutôt la naïveté de nos dirigeants. Pour revenir au traité transatlantique, j’avais dénoncé à l’époque l’attitude insupportable de José Manuel Barroso quand ce dernier avait traité la France de « réactionnaire » lorsque notre pays avait exigé l’exclusion du secteur audiovisuel des négociations sur le TAFTA. Par idéologie et par lâcheté, la Commission européenne s’apprête à vendre l’Europe aux multinationales américaines ! Rappelons-nous également les débats lors de l‘intervention américaine en 2003 en Irak. Alors que la France et l’Allemagne demandaient un règlement diplomatique de la crise et voulaient éviter le recours à la guerre, la majorité des autres pays européens voulaient entretenir de bonnes relations transatlantiques et souhaitaient un engagement aux côtés des Etats-Unis. Comment peut-on croire un instant alors qu’une politique étrangère, indépendante des Etats-Unis est possible avec cette Union européenne ? Il ne s’agit pas d’être systématiquement hostile aux Etats-Unis m’ais d’avoir des rapports d’adulte à adulte avec cette grande Nation comme avec toutes les autres.

Avec la grande aventure de l’Europe il y a eu aussi le passage à l’Euro. Annoncé comme formidable comme d’habitude, pour au final nous donner une terrible impression de s’être fait avoir. Certains avancent l’idée de quitter l’Euro. Mais cela est t’il possible ? Merci de nous dire suivant votre avis, ce que cela engendrerait…..Aucune politique de rigueur budgétaire n’a de chances de réussir si elle ne s’accompagne pas d’une dévaluation permettant au secteur privé, grâce au soutien à la compétitivité, de prendre le relais de la dépense publique. Toutes les grandes zones monétaires, sauf l’eurozone prisonnière du dogme de non-manipulation monétaire, ont ainsi dévalué depuis 2008 pour relancer leur économie et aider leurs entreprises à conquérir des marchés.Pourquoi ne pas oser agir plutôt que de continuer à subir ? En provoquant une dévaluation de la monnaie de 15 à 20% face aux principales devises, nous pourrions retrouver le chemin de la croissance. Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, une sortie de l’euro n’a rien d’un saut dans l’inconnu. Un système monétaire souple à l’intérieur duquel les pays membres pourront ajuster leur monnaie nationale rétablie pour favoriser leur croissance est tout à fait possible.

François Mitterrand a eu ces quelques mots avant son décès : “La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort…apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde… C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort ! » Il rejoint donc l’idée du général de Gaulle à propos de l’américanisation du monde. Etes vous de son avis ? Sommes nous réellement dans une guerre économique ? Et au pire l’avons nous perdu ? Je ne critique pas les Etats-Unis qui eux, je l’ai déjà évoqué, défendent à juste titre leurs intérêts. La mondialisation est une guerre économique, scientifique, industrielle et même culturelle et linguistique. Si l’Europe et la France ne veulent pas disparaître de l’Histoire, il est urgent qu’elles trouvent enfin la force de se battre à armes égales. La doctrine de la Commission européenne est scandaleuse, en interdisant à nos entreprises toute concentration et toute aide publique. C’est précisément quand la France s’assoit sur les traités européens que l’on peut par exemple, en pleine crise financière, imposer un plan massif de consolidation des banques. Pourquoi ce qui a été valable pour les Banques ne le serait-il pas pour l’industrie ?. Tous les pays qui réussissent dans la mondialisation ont une bonne attaque et une bonne défense, comme au football. Pourquoi en Europe ne pourrions-nous pas le faire ?

Pour rester sur l’Europe d’aujourd’hui. Quel est son rôle ? Et que nous apporte t’elle, pour nous citoyen français ? L’Union européenne nous empêche de prendre les décisions salutaires pour notre pays. Les Français savent-ils que Bruxelles nous coûte 8 milliards d’euros par an ? Les travaux financés soi-disant par l’Union européenne en France sont en fait payés par les contribuables français !

On ne voit pas d’issue à la crise qui règne sur l’Europe. Comment la France, écrasée par la dette, peux t’elle retrouver son autonomie ? La seule solution pour retrouver le chemin de la croissance est de dénoncer les traités européens pour reprendre la maîtrise de nos lois, de notre budget, de notre monnaie et de nos frontières. Mais il s’agit aussi de rebâtir l’Europe sur des bases saines. En finir avec cette mauvaise Union européenne ne veut pas dire en finir avec la belle idée européenne. J’ai proposé ainsi de bâtir des coopérations à 4 ou 5 pays dans des domaines clés. Ce qu’on a fait avec Airbus, nous pouvons le faire dans d’autres secteurs. La France a besoin d’une Europe des coopérations qui nous permettra de peser dans la mondialisation. Nous pouvons aussi résorber le problème de la dette dans notre pays grâce au retour de la croissance. Pour cela, il faut revenir sur la loi de 1973, sacralisée par la Commission européenne, qui dépossède l’Etat français de son droit multiséculaire de battre monnaie. Cela permettrait de nouveau à la Banque de France de monétiser la dette publique, comme cela peut être fait aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou dans les pays asiatiques.

En ce qui concerne cette fameuse dette, les français sont t’ils responsables de la dette ? Si non, qui sont ses responsables ? Ce sont les gouvernements qui ont le pouvoir depuis 30 ans et qui, par manque de courage et par soumission à Bruxelles, sont les responsables de ce niveau de dette insupportable

Ce que l’on aimerait savoir, c’est comment en finir avec elle. Est ce utopique de croire qu’il soit possible de réduire la dette, alors que le chômage continue de croître et que la population s’accroit ? Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne l’ont réussi en partie grâce à une politique de relance et une diminution des dépenses publiques. Pourquoi pas nous ?

Faire de la politique aujourd’hui, est ce que c’est aussi croire en l’avenir ? Faire de la politique, c’est rendre en meilleur état ce qu’on nous a confié. Je suis fier d’être un maire qui, après chaque mandat, va voir ses électeurs en leur disant : « je vous rends la ville dans un meilleur état que je ne l’ai trouvée ».

De quelle Europe rêvez-vous ? L’idéal européen que je défends est un idéal de paix, d’entente et de coopération entre des nations libres pour éviter l’engrenage du nationalisme et de la haine, tout le contraire de la monstruosité technocratique et financière dont a accouché l’Union européenne. Une Europe des coopérations entre Nations est possible, celle portant des projets scientifiques, culturels et industriels. Une Europe capable de relever les vrais défis de la mondialisation.

Si vous auriez un dernier message à faire passer, quel serait t’il ? J’appelle les Français à ne pas renoncer, à ne pas suivre ceux qui ne croient plus en la France, à refuser la pensée unique qui ne veut que détruire les Nations pour transformer les citoyens en consommateurs. 

A propos Guillaume Joubert

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