Rencontre avec Victor Santos pour Polar au Paris Comics Expo 2016

Deuxième interview du Paris Comics Expo 2016 avec cette fois-ci Victor Santos. Venu présenter son graphic novel Polar, publié en France par Glénat Comics, l’auteur nous retrace son parcours et se confie sur ses expériences auprès des grands éditeurs américains.

Polar-Couverture

France Net Infos : Bonjour Victor et merci de nous accorder cette interview. Pour commencer pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre carrière dans le monde des comics ?

Victor Santos : Je m’appelle Victor Santos, je suis né à Valence en Espagne en 1977 et j’ai commencé dans la bande-dessinée en m’auto éditant avec des fanzines. J’ai travaillé ensuite pour différents éditeurs espagnols.

Il y a 9 ans j’ai fait le saut sur le marché américain. J’ai commencé à travailler avec Image (Zombee, scénarisé par Max Gunter), puis chez Dark Horse, IDW, Vertigo et Boom studio. J’ai travaillé sur différents projets, des franchises américaines classiques comme Godzilla, Big Trouble in Little China ou des adaptations de séries TV comme Sleepy Hollow.

J’ai pu ensuite créer mes propres projets comme Polar, édité aux Etats-Unis chez Dark Horse. Où à travers des collaborations avec d’autres scénaristes comme sur Furious (scénario de Bryan JL Glass) pour Dark Horse ou Black Market (scénario de Frank J Barbiere) pour Boom studio. Ces projets sont publiés en France grâce à Glénat Comics et je suis ici au Paris Comics Expo pour rencontrer les lecteurs français (rires).

Victor SantosFNI : Pouvez-vous nous parler de votre passage de la BD aux Comics ?

VS : J’ai eu la chance de rencontrer Brian Azzarello lors d’une convention en Espagne. C’était un petit salon, ce qui permet facilement aux artistes et aux invités de se rencontrer. Nous avons beaucoup discuté avec Brian, de nos centres d’intérêts, des polars. J’ai pu lui montrer mon travail. Et c’est comme ça que l’on a travaillé ensemble sur Filthy Rich (publié chez Vertigo) qui a été mon premier projet important aux Etats-Unis.

Ensuite j’ai eu des contacts avec plusieurs éditeurs comme IDW, Dark Horse ou avec des artistes comme Michael Avon Oeming (dessinateur notamment de la série Powers de Brian Michael Bendis) ce qui m’a permis petit à petit d’avoir mes premiers contrats.

FNI : Comment s’est passée la transition entre les BD et votre arrivée dans l’industrie des Comics ?

VS : Assez difficile, notamment sur le rythme de travail. Il y a une énorme pression sur le respect des deadlines. Du coup, il faut réussir à garder un niveau de qualité de travail. Les éditeurs vous mettent la pression pour pouvoir publier les fascicules de plus en plus rapidement. Ce qui peut être épuisant moralement.

Mais en même temps, c’est une formidable école. Cela vous force à donner le meilleur de vous dans des conditions difficiles.

FNI : Comment est né Polar ?

VS : J’en parlais juste avant justement, mais à un moment de ma carrière j’ai frôlé le burn-out. Je travaillais tous les jours, enchainant les planches. J’étais vraiment épuisé.

J’ai eu besoin de prendre du recul et créer mon propre projet pour le plaisir. Un projet qui reprenne tout ce que j’aime dans les comics, du story-telling à la composition. Ces codes que l’on ne retrouve que dans les comics. Et j’ai créé Polar !

Polar - P.31

FNI : Vous avez choisi de travailler sur un format peu commun, à l’italienne, pourquoi ce choix ?

VS : Pour deux raisons en fait. Au départ j’ai publié les pages sur Internet sous forme de Web Comics. Ce format est beaucoup plus adapté aux écrans. Et il n’y avait aucun dialogue, cela permettait à n’importe qui de pouvoir lire Polar.

La deuxième raison c’est le challenge de la composition avec ce format. Aujourd’hui dans les comics, on retrouve le même format. Que ce soit aux US, en France, en Espagne. Et les éditeurs trouvaient que changer de format était risqué. Mais j’ai fait ce choix pour avoir le plaisir de faire quelque chose de différent et je dois dire que j’adore ce format.

FNI : Quelles ont été vos influences graphiques ? Dès la couverture on ressent la marque de Frank Miller.

VS : Pas seulement Frank Miller, mais c’est vrai que son travail m’influence. C’est un de mes artistes favoris. Également Jim Steranko, notamment pour son travail sur Outland que j’adore. Et Frank Miller sur 300 qui était d’ailleurs l’un des premiers aux US à utiliser le format à l’italienne. Ce sont des maîtres dans l’art de la composition.

Également des artistes argentins, comme José Muñoz avec sa technique du noir et blanc, tout comme Hugo Pratt. Ou quelqu’un comme Eduardo Risso qui pour moi est l’héritier de ces artistes argentins.

En fait, je m’inspire de tous ces artistes que je considère comme mes maitres. Et même d’autres genres comme les mangas. Je veux prendre le meilleur de tout ça et le retransmettre à travers mon propre travail.

Polar - P.95

FNI : Vous parliez de Steranko, le personnage principal de Polar nous rappelle Nick Fury. Pourquoi avez-vous fait ce choix ?

VS : Oui tout à fait, Black Kaiser est un hommage au Nick Fury de Steranko. En même temps, j’adore le principe du bandeau sur l’œil, ou encore des personnages avec une cicatrice. Je trouve que cet élément contribue visuellement à définir le personnage et permet en quelque sorte de le construire. Et du coup, en tant que lecteur on se demande comment cela lui est arrivé, pourquoi a-t-il perdu son œil? Ca soulève plusieurs questions et introduit du mystère. Chaque lecteur peut avoir sa propre explication.

FNI : Pour les lecteurs français qui n’ont pas encore la chance d’avoir lu les prochains volumes de Polar, pouvez-vous nous en dire un peu plus 

VS : Quand j’ai commencé Polar, je me suis inspiré des films de Jean-Pierre Melville dont je suis un très grand fan. En même temps, j’ai pensé aux polars noirs des années 70, des films d’espions mais également aux « Western Spaghettis » ou aux films d’actions japonais, italiens. Je voulais que chaque volume de Polar soit un hommage spécifique.

Vous connaissez le premier volume « Venu du froid ». Le second volume « Eye for an eye » est une adaptation des adaptations de films de vengeance italiens. Un tueur qui revient se venger. Je reprends tout de même des éléments du premier tome, typiquement Black Kaiser apparait. Mais c’est une approche différente, beaucoup plus violent, plus brutal avec plus d’action et de sang (rires).

Le troisième livre est lui aussi différent. Il s’agit d’un hommage aux films de Sergio Leone, aux « Western Spaghettis ». Il y aura pleins de personnages, des assassins qui partent à la recherche de la femme d’un chef de la mafia.

Globalement, je garde mon propre style mais pour chaque tome de Polar j’adopte une approche différente. C’est peut-être risqué puisque le lecteur peut ne pas apprécier. Mais c’est vraiment pour ça que j’ai créé Polar, proposer quelque chose de différent.

Polar - P.97

FNI : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos prochains projets ?

VS : Je dois terminer différentes franchises, typiquement Sleepy Hollow ou Big Travel in Little China.

Mais je veux conserver cette envie et garder le plaisir de créer, de dessiner. J’ai un projet avec Franck Barbiere où l’on veut créer un polar noir qui reprendra les classiques du genre. Je cherche également à travailler avec des scénaristes français sur mes propres projets. Ce qui est plus compliqué aux US, notamment concernant les droits de propriété.

FNI : Merci Victor, et bon salon !

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