Sara, évadée de DAECH « Ils nous traitaient comme des bêtes »

La Collection J’ai Lu nous propose d’aborder la tragique actualité d’une des plus anciennes communautés kurdes en Irak au travers de témoignages poignants, particulièrement durs et violents, et donc de nous informer de la situation dramatique de la communauté yézidie.

Sara, évadée de DAECH

Après avoir subi tant de massacres, les yézidis sont persécutés une fois de plus, leur martyre commence en août 2014.

Le yézidisme trouve ses origines dans la Perse antique, il vénère un dieu unique à la tête d’un conseil de sept anges, dont Malek Taous, l’ange-paon, l’émanation de Dieu.C’est pourquoi cette religion unique au monde, pratiquée par une minorité kurdes cultivant la terre et élevant des troupeaux de moutons, est une cible toute désignée pour les fanatiques du Califat qui les prénomment «les adorateurs du diable».

Les Yézidis abandonnés de tous, mais courageux et résistants, sont pourtant aidés par les milices kurdes syriennes du YPG, les unités de protection du peuple, appuyées par les frappes américaines et pourront fuir vers la Turquie ou le Kurdistan voisin.

Pour les autres, prisonniers de Daech, l’horreur commence, la mort pour les hommes, l’asservissement, l’esclavage sexuel pour les femmes.

C’est l’histoire d’une de ces femmes Sara, que Célia Mercier a voulu nous raconter.

Journaliste et auteur, Célia Mercier a travaillé comme correspondante au Pakistan, en Inde et en Afghanistan, pour le Journal Libération. En 2015, elle séjourne plusieurs fois en Irak pour témoigner de la situation des Yézidis.

Tout  commence le 10 juin 2014, par la prise de Mossoul par l’Etat Islamique.Dans le village de Kocho, aux confins du Kurdistan autonome, est née Sara, son baptême a eu lieu a Lalish, le lieu saint des yézidis. Elle vénère, comme tous les yézidis, les éléments de la nature, le soleil, la lune, le feu et l’air.Dans la maison vit heureuse toute la famille, oncles et tantes, père et mère et une nombreuse progéniture de 11 enfants.

Sara doit se marier avec Shivan, ils sont amoureux l’un de l’autre. Ils se sentent protégés par les peshmergas, les soldats kurdes.Et pourtant en aout 2014, les soldats de Daech déferlent, ils tuent les hommes, et emmènent Sara, Yasmine, Seve, Myriam, Rangeen, Shirin et leurs enfants.

Ils isolent les femmes avec enfants, les jeunes filles plus fraiches et plus jolies, et puis éloignent les garçons de plus de 6 ans.Le récit de Sara sur ses deux mois de captivité nous plonge dans l’horreur, le manque de nourriture, d’eau, la saleté, l’extrême chaleur et la drogue transforment ces jeunes femmes en êtres désespérés et terriblement vulnérables et affaiblis.

Les femmes sont vendues, revendues, torturées et  violées, passant de chefs de guerre, en pseudo religieux voulant absolument les convertir.Le texte en italique nous raconte les histoires de Samia, de Myriam,  mêmes témoignages de perversité, de cruauté absolue, mêmes humiliations, mêmes récits d’agressions sexuelles sur de toutes jeunes filles.

Toutes ces femmes courageuses gardent, malgré tout, l’espoir de s’enfuir, et tenteront tout ce qui est humainement possible pour communiquer, à l’aide d’un portable caché dans une couche de bébé ou d’une carte sim dissimulée dans une chaussure, au prix même de leur vie.

C’est ainsi que Sara au bout de deux mois d’emprisonnement parviendra à se sauver avec sa belle-sœur Shirin et son petit garçon, une longue et exténuante fuite à travers la montagne, sous un soleil de plomb et les pieds en sang, malheureusement elle  perdra la trace de ses sœurs Nadia et Yasmine.

Ce livre est bouleversant, et j’en recommande vivement la lecture parce que ces témoignages parlent au cœur, ils nous parlent du sort de ces femmes et de ces enfants, prisonniers de l’intolérance et de la cruauté, de la perversité et de la religion dévoyée. En cela ce document est éclairant.

Ils nous parlent de leurs espoirs de vivre libres, de se reconstruire et de fuir les épouvantables cauchemars qui les hantent.

sara

Ils nous racontent aussi la fierté et le courage des Yézidis, isolés, abandonnés, qui trouvent encore la force de résister, pour pouvoir faire reconnaitre le génocide de leur peuple devant la justice internationale.

 

 

A propos dominique iwan

Parallèlement à une vie professionnelle tournée vers le monde des matériaux polymères et un bref passage dans la sphère publicitaire en tant que maquettiste, ma vie a été guidée par deux passions, l'écriture (un livre que je suis sur le point de terminer ... je me mettrai ensuite en quête d'un éditeur ... des nouvelles pour enfants, et la sculpture avec la création d'un blog en 2014 " entre Ciel Ether ". Je collabore au site www.francenetinfos.com depuis près de 5 ans, particulièrement dans le domaine littéraire, avec déjà l'écriture d'une centaine de chroniques.

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3 commentaires

  1. dominique iwan

    Merci Cathy pour ces deux beaux commentaires intelligents …

  2. Les drames humanitaires se répétent. Cela fait froid dans le dos. Merci de cet éclairage sur de “grandes” femmes dignes et anonymes

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