Le Théâtre Arménien fait l’unanimité du OFF d’Avignon…

La demande en Mariage, écrit en un acte par Anton Paulovitch Tchekhov peut se résumer ainsi : Un homme élégant bien élevé, physiquement beau entreprend de faire une demande en mariage qui tourne en pugilat. Autre personnage dans une prestance différente, porte un propriétaire un brin bourgeois qui vient “pleurer” pour obtenir d’une veuve (qui vit que pour la mémoire de son mari défunt) une somme d’argent assez facilement. Autre temps de la pièce, composé par un conférencier qui chargé de parler des ravages du tabac, va s’abandonner sur les déboires de sa vie conjugale !

Trois pièces en un acte, représentent une loupe grossissante sur le mariage, de manière ironique fugace où l’amour et la solitude des Russes du siècle dernier “transpirent” face à un public du OFF captif. Comprendre la pièce c’est aussi se souvenir que Anton TCHEKHOV était un médecin modeste, qu’il a écrit des nouvelles pour des revues et journaux sous la forme de correspondances. Son talent remarqué par TOLSTOÏ n’empêche pas l’auteur d’être modeste et meurtri par la mort d’un de ses frères. Il du aussi se résoudre à comprendre l’âme humaine, en voyageant en Russie et en Allemagne mais c’est son passage dans l’île de SAKHALINE à 10 000 kilomètres de Moscou qui donna à l’écrivain son sens de la dramaturge et de la comédie. Il côtoya les bagnards assez de temps pour maitriser son sens de l’écriture sans tomber pour autant dans la parodie sociale.

L’empire Russe prit conscience de l’immense oeuvre que laissa l’écrivain en tant qu’observateur de la société, bien après que les 600 oeuvres littéraires furent enseignées en Europe et longtemps après sa mort.

Les comédiens du Théâtre Arménien de Moscou ont investi le OFF rue des teinturiers (Théâtre de l’Ange). Ils ont livré une interprétation joyeuse et rigoureuse de cette comédie. Entre la fantaisie et la mise en situation, bourrée de surprises, la scène principale des corps rappelle que TCHEKHOV s’est inspiré des paysans Russes du 19ème siècle. Ici Slava STEPANYAN le metteur en scène a su initier la danse et le chant dans une interprétation intimiste et généreuse portée par l’action du théâtre populaire !

“L’énergie et la maitrise de l’espace sont deux corps qui se nouent dans l’oeuvre de TCHEKHOV…” précisait Slava lors d’une rencontre éphémère avec son public en sortie de représentation dans le OFF. Lors de notre passage à Avignon, nous avons pu mesurer l’impact du jeu des comédiens sur les spectateurs enthousiasmés par la qualité de cette comédie. Frank MAILLOL le Directeur de l’Ange (Avignon) a réussi son pari : Faire jouer des comédiens Russes en laissant filtrer les surtitres. “La malice des mots se conjuguent parfaitement avec le jeu des cinq acteurs, ils étaient en osmose avec l’esprit du dramaturge, comme si sa présence uniforme par l’écriture portait le rythme de la pièce” confiait Frank à notre photographe qui d’ailleurs a su tirer au mieux les images du spectacle.

Le public Avignonnais composés de programmateurs, pour la circonstance a largement applaudi la promise Natalia STEPANOVA soumises aux commérages, sans pour autant que les disputes tombent dans une caricature burlesque. Entre le rire et l’étonnement, la Compagnie Arménienne a su jongler entre les chants Russes Azerbaidjanais et les textes de l’admirable écrivain qui d’ailleurs exilé en Allemagne a donné ses lettres de noblesse au théâtre du peuple ! Le pari est tenu, la troupe de Moscou souhaiterait revenir dans le festival d’Avignon “pour prouver que le théâtre peut aussi se jouer de la mondialisation et que les frontières sont fragiles entre nos peuples, mais que TCHEKHOV lui, a su rendre l’universel adaptable à tous les langages” concluait Slava le dernier soir à Avignon, attablé à la table du théâtre dans la fournaise de l’été…

Eric Fontaine