Le Tour de France 2017 décrypté du Palais des Congrès

C’est devant une salle comble que les organisateurs du Tour de France ont présenté la 104ème édition du Tour dont le Grand Départ sera donné à Düsseldorf, en Allemagne, pour s’achever comme il est de coutume, sur les Champs-Elysées. Ce sera la quatrième fois que le Tour partira d’Allemagne, après Cologne en 1965, Francfort en 1980 et Berlin en 1987.

De nombreuses personnalités étaient présentes, et pas seulement du monde du vélo. La Maire de Paris, Anne Hidalgo, François Bayrou, Maire de Pau, ou encore Laurent Wauquiez, Député de Haute-Loire et François Baroin, Maire de Troyes, étaient présents pour marquer le passage du Tour dans leur ville. On retrouvait aussi l’humoriste Arnaud Tsamère et les personnages historiques du Tour, avec Bernard Thévenet, Bernard Hinault, Raymond Poulidor ou encore Joop Zoetemelk, sans oublier l’éternel Daniel Mangeas, tout sourire et toujours près à partager sa passion pour la petite reine.

La cérémonie a débuté avec l’arrivée de nombreux coureurs sur la scène du Palais des Congrès, avec : Pierre-Luc Périchon, Lilian Calmejane, Cyril Gautier, Florian Vachon, Dan Mc Lay, Anthony Delaplace, Sébastien Minard, Tony Gallopin, Pierre Latour, Alexis Gougeard, Adrien Petit, Bryan Coquard, Christophe Riblon, Samuel Dumoulin, Alexis Vuillermoz, Nacer Bouhanni, Thomas Voeckler, Thibaut Pinot, Julian Alaphilippe, Richie Porte, Jakob Fuglsang, Daniel Martins, Adam Yates, Romain Bardet et Christopher Froome.

Après que les coureurs aient pris place dans la salle et avant de présenter les différentes étapes de la Grande Boucle 2017, Christian Prudhomme, Directeur du Tour de France, a laissé place à une vidéo retraçant les moments forts du Tour 2016, avec les victoires, mais aussi les coups durs, comme la chute d’Alberto Contador et la montée de Christopher Froome à pied dans le Ventoux. Une vidéo poignante sur la grandeur du Tour, à tout point de vue.

Une fois cette vidéo terminée, Christian Prudhomme a tenu à préciser combien l’innovation était présente sur la Grande Boucle pour rester la plus grande course au monde, mais aussi pour la partager au mieux. C’est ce qui a été fait en 2016, avec le numérique, qui a pris une place de choix pour faire vivre la course au coeur du peloton grâce à des caméras embarquées. Il s’est aussi félicité que le Tour ait reçu début octobre à Paris, dans les salons du Ministère des Affaires étrangères et du Développement international au Quai d’Orsay, le Prix du Rayonnement Touristique. Il est vrai que le Tour de France n’est pas qu’une épreuve sportive, c’est aussi l’histoire de France qui s’en trouve mêlé au fil des différentes étapes.

Autre point important annoncé, le visuel du Tour 2017, réalisé pour la première fois par le biais d’un concours regroupant près de 300 projets de passionnés. Le premier vainqueur, Alexis Boulivet, 20 ans, jeune étudiant en Concept art, était présent dans la salle. L’occasion pour lui de se voir attribuer une récompense de 5 000 euros et une invitation pour une journée VIP sur les routes du Tour de France.

Un autre fait important de cette 104ème présentation du Tour de France, la présence du maire de Düsseldorf, Thomas Geisel, venu en personne présenter sa ville, en français s’il vous plait, comme une ville d’art et de culture. Les événements du Grand Départ sont déjà en cours de préparation et ce dernier a d’ailleurs annoncé la présence du groupe mythique Kraftwerf. Les fondateurs du groupe, Florian Schneider-Esleben et Ralf Hutter se sont en effet rencontrés en classe d’improvisation pendant leurs études au Conservatoire de Düsseldorf en 1968.

Dernier moment fort de cette présentation, avant la présentation des 21 étapes du Tour de France 2017, l’hommage à Bernard Hinault, qui a annoncé lors du Tour 2016, qu’il se consacrerait désormais à son petit fils. Ovationné, après de nombreuses photos retraçant la carrière du blaireau, ce dernier a dit qu’il pourrait revenir sur le Tour, mais cette fois, dans l’anonymat. Par exemple, lors du passage du Tour sur les routes bretonnes.

Mais ce ne sera pas pour 2017 que le blaireau ira voir le Tour sur les routes bretonnes. Le Tour 2017 qui empruntera les 5 massifs montagneux que sont : les Vosges, le Jura, le Massif Central, les Alpes et les Pyrénées, est un Tour atypique qui présente la particularité de proposer, selon Christian Prudhomme, “moins d’ascensions, mais des pourcentages plus importants pour laisser place aux audacieux et sans doute les plus raides de l’histoire du Tour“. Il délaisse par ailleurs tout l’ouest et le centre de la France.

Le Tour 2017 a été présenté à partir de 12h07 avec un parcours long de 3 516 kilomètres qui traversera 34 départements tout en passant par la Belgique et le Luxembourg. Il s’élancera le 1er juillet avec un prologue tout plat de 13 km dans les rues de Düsseldorf qui laissera les meilleurs rouleurs s’exprimer à l’image de Tony Martin ou Tom Dumoulin. La montagne arrivera très rapidement, dès la première semaine avec la Planche des Belles Filles sur la 5ème étape. De quoi donner envie à Thibaut Pinot (2ème au sommet de la Planche des Belles Filles en 2014 derrière Nibali) de revenir sur le Tour, lui qui annonçait il y a peu vouloir se consacrer au Giro en 2017 et ne pas faire le Tour.

Le Tour 2017 a été construit avec l’objectif de laisser place au suspense, sans doute pour éviter ce que l’on a vu sur le dernier Tour et sur les précédents. Un Tour cadenassé par l’équipe SKY. Christian Prudhomme a d’ailleurs avancé le souhait de réduire les équipes à 8 coureurs “pour une course plus libre, plus ouverte”, mais aussi pour des questions de sécurité. On retrouve donc de nombreuses étapes piégeuses, comme la 13ème étape (Saint-Girons/Foix) longue de 100 km seulement, et peu d’épreuves chronométrées, sur le parcours du Tour 2017, avec un prologue de 13 km et un contre-la-montre de 23 km disputé à Marseille la veille de l’arrivée à Paris. Parmi les grandes ascensions qui figurent au programme, le col du Galibier et l’Izoard où l’arrivée sera jugée pour la première fois, ont de quoi faire peur, même si Romain Bardet estime que ce nouveau Tour devrait être moins dur que le Tour 2016.

Après la présentation du Tour, chacun y a été de ses impressions, de ses ambitions. A l’image de Julien Jurdie, Directeur sportif au sein de la formation AG2R La Mondiale qui trouve ce Tour intéressant. “Nous avons les armes pour réussir un bon Tour et Romain a progressé dans le contre-la-montre”. Dans le même temps, le même Romain Bardet  se réjouit d’un arrivée à Chambéry, siège d’AG2R la Mondiale et d’un passage en Haute-Loire, sa région, avec une arrivée au Puy-en-Velay. Pour le dauphin de Froome sur le Tour 2016, le passage sur les cinq massifs montagneux va rendre la course incertaine et toutes les occasions seront bonnes. De même que l’étape de Chambéry s’annonce comme la plus compliquée avec notamment le Mont du Chat, dont l’ascension est très difficile. 

Pour Christopher Froome, le manque de chrono ne l’avantage pas. Mais comme il dit, c’est le Tour, une course à part, c’est dur.

Ici et là les questions fusent au pied du podium du Palais des Congrès. A la question : Un français peut-il gagner le Tour ? Bernard Hinault affirme que non. Tant qu’il y aura Froome, il ne voit pas un français l’emporter. Dommage. Pourtant Thibaut Pinot qui a certifié sa participation en 2017 grâce à son parcours intéressant se présente comme “déjà très motivé à l’idée de reprendre l’entraînement début novembre, surtout après une présentation qui donne des frissons”, et qui passe sur ses routes d’entraînement près de Mélisey (Haute-Saône). Même Daniel Mangeas interroge ses proches sur le Tour 2017, tout en trouvant l’un d’eux de plus en plus ressemblant à Walter Godefroot : “ Tu le trouves comment le Tour toi, bizarre hein ?” Ce qui est sûr c’est que ce sont les coureurs eux mêmes qui feront une nouvelle fois la course. Le tracé à tout pour faire une course d’attaques, où on pourrait retrouver des Vuillermoz et Alaphilippe, présents aujourd’hui à la cérémonie, pour remporter de belles étapes.