Une histoire de fou, un film bouleversant de Robert Guédiguian

Dans l’excellent cinéma Pathé Madeleine de l’Avenue Foch à Marseille, une avant-première d’un réalisateur cher au coeur des marseillais était présentée ce lundi 21 septembre 2015. Le nouveau film de Robert Guédiguian : Une histoire de fou qui sortira en salles le 11 novembre prochain était projeté devant une salle comble.

A l’issue de la séance, la merveilleuse Ariane Ascaride, actrice fétiche du réalisateur, et le non moins talentueux Simon Abkarian ont échangé avec le public sur ce film bouleversant.

Berlin 1921, Talaat Pacha, principal responsable du génocide Arménien est exécuté dans la rue par Soghomon Thelirian dont la famille a été entièrement exterminée. Lors de son procès, il témoigne du premier génocide du 20ème siècle tant et si bien que le jury populaire l’acquitte.

Soixante ans plus tard, Aram, jeune marseillais d’origine arménienne, fait sauter à Paris la voiture de l’ambassadeur de Turquie. Un jeune cycliste qui passait là par hasard, Gilles Tessier, est gravement blessé. Aram, en fuite, rejoint l’armée de libération de l’Arménie à Beyrouth, foyer de la révolution internationale dans les années 80. Avec ses camarades, jeunes arméniens du monde entier, il pense qu’il faut recourir à la lutte armée pour que le génocide soit reconnu et que la terre de leurs grands-parents leur soit rendue.

Gilles, qui a perdu l’usage de ses jambes dans l’attentat, voit sa vie brisée. Il ne savait même pas que l’Arménie existait lorsqu’Anouch, la mère d’Aram, fait irruption dans sa chambre d’hôpital : elle vient demander pardon au nom du peuple arménien et lui avoue que c’est son propre fils qui a posé la bombe. Pendant que Gilles cherche à comprendre à Paris, Anouch devient folle de douleur à Marseille et Aram entre en dissidence à Beyrouth… jusqu’au jour où il accepte de rencontrer sa victime pour en faire son porte parole.

Très riche en contenu de fond, “Une histoire de fou” pose de nombreuses problématiques sur le thème de la vengeance. Peut-il y avoir vengeance sans conscience ? La violence est-elle la seule réponse à la violence ? Peut-on se faire vengeance tout seul ? Chaque spectateur trouvera les réponses dans ce film magnifiquement réalisé, avec un souci du détail très appréciable. Ainsi, Ariane Ascaride explique que sur les premières images du film, les mots prononcés sont à tous points identiques la réalité, rien n’a été changé.

Les différents points de vue sur cette histoire sont aussi extrêmement intéressants, on voit l’histoire par le prisme de la victime, du bourreau, et de la mère interprétée avec brio par Ariane Ascaride. Elle explique d’ailleurs que le couple qu’elle forme dans le film avec Simon Abkarian est très fort et complémentaire, avec un grand esoin de communication.

Simon Abkarian, quand à lui, explique qu’il a été très heureux de faire ce film avec Robert Guédiguian, non seulement parce qu’il se sent très impliqué par cette histoire qui relate celle de leur peuple, mais aussi parce qu’il est très éveillé politiquement et que ce film a rempli un besoin.

Bien que relatant des faits horribles, le film ne tombe jamais dans le pathos et le larmoyant. Ariane Ascaride explique très bien que ce n’était pas le but de Robert uédiguian de mettre en scène le génocide des arméniens qui n’est pas un spectacle. Par petites touches induites, c’est toute la pudeur d’un peuple qu’a réussi à filmer Robert Guédiguian, avec le talent immense qu’on lui connaît… Un film indispensable à voir absolument…