Les Editions Métailié nous présentent un roman de Vladimir Vertlib paru en 2001 en Autriche et enfin traduit de l’allemand par carole Fily.
Auteur juif autrichien né à Léningrad en 1966 Vertlib a émigré avec sa famille en Israêl en 1971 avant de retourner vivre en Autriche à Salzbourg.Rosa Masur a l’âge du XXè siècle, elle a presque 100 ans quand nous la rencontrons elle, son fils Kostik et son rêve d’Aix en provence et sa belle-fille Frieda dans l’appartement communautaire de Léningrad rebaptisée Saint-Pétersbourg depuis peu.
Nous sommes au début des années 90, et s’affairant autour de leurs marmites, tous parlent d’émigrer, Allemagne ou Israêl ? L’Allemagne et sa mauvaise conscience qui facilite le retour et l’installation des juifs d’Europe ou Israêl, terre d’asile par définition malgré les doutes, les interrogations, le climat, et les attentats …Quelques dix années plus tard nous retrouvons la famille Masur Schwartz installée en Allemagne, à Gigricht. Pour favoriser l’intégration de ses étrangers et pour fêter son 750è anniversaire, Gigricht organise un concours avec un gain de 5000 marks pour ceux qui auront une histoire intéressante à raconter. L’histoire de leur vie.
Et Rosa Masur se raconte, sa naissance en 1907 à Vitchi en Biélorussie, petit village dont la vie est rythmée par les appels au secours des juifs, la peur des pogroms, la petite Rezeyle, rêve d’ailleurs. Brillante élève et désireuse de réussir dans la toute nouvelle patrie socialiste, elle quitte sa petite bourgade pour Léningrad.Pour obtenir une bourse elle va travailler à l’usine, fière de faire partie de la grande famille des prolétaires. Jeune fille émancipée, elle devient en 1930 traductrice de l’allemand vers le russe.
Rosa nous fait vivre l’épouvantable siège de Léningrad, le manque de nourriture, la maladie, le froid … la guerre, puis sa lutte contre les apparatchiks staliniens qui veulent empêcher son fils d’intégrer une école d’ingénieurs.Avec un humour et une vitalité peu commune, elle nous fait vivre ses drames, ses larmes, déçue par le communisme qu’elle croyait la réponse aux injustices, et la résurgence d’un antisémitisme jamais vraiment disparu, elle nous tient en haleine jusqu’à l’anecdote finale, sa rencontre avec Staline.
Vladimir Vertlib nous livre un grand roman dans lequel on retrouve le souffle de l’âme russe et l’incroyable humour juif d’Europe Centrale.Je recommande vivement cette œuvre témoin de son temps qui nous livre une histoire de la Russie à la fois torturée par ses révolutions et ses guerres et également habitée par des personnalités hors du commun.
Merci Luc de ton commentaire, c’est exactement pour moi l’intérêt de ce livre, l’approche historique extrêmement nouvelle et originale … le parcours de certains juifs russes complètement pénétrés de l’idée du socialisme et impliqués,malgré l’antisémitisme ambiant, dans l’édification de la Russie prolétaire.
Si le thème de l’antisémitisme au XXème siècle a déjà souvent été abordé, principalement par des écrivains Russes et Américains, tout tiens dans l’angle et le style choisi par l’auteur.
C’est semble t il le point fort de V.V., et il ne me rest plus qu’à le lire…
Tant de richesse dans une vie..
A quand le film ?…
Excellente idée … à creuser !
Merci pour les commentaires, il est vrai que ce roman outre sa richesse historique et humaine, aborde les grands conflits du XXè siècle en Europe et en Russie en particulier, sous un angle à mon avis, très nouveau, il nous dépeint le sort de certaines familles juives russes déchirées entre l’espoir du tout nouveau socialisme né en 1917 et la peur de la montée de l’antisémitisme qui aura l’aboutissement que l’on connait …
……….bien envie d’en savoir plus sur Rosa Masur !
Outre le sujet, l’histoire des pays de l’Europe de l’Est, qui m’intéresse depuis de nombreuses années, ce témoignage semble être d’une richesse historique, humaine des plus intéressantes.
j’attends mardi avec impatience pour courir chez ma libraire !