Eric Cantona à l’affiche d’un thriller Français « SWITCH » : interview du réalisateur et des acteurs

La sortie nationale du film Switch est prévue le 6 juillet. Mais c’est en avant première au cinéma Gaumont de Bordeaux, que le réalisateur Frédéric Schoendoerffer est venu présenter son nouveau thriller écrit avec son ami l’écrivain Jean Christophe Grangé. Présent avec ces deux acteurs principaux, la québécoise Karine Vanasse et l’ancien footballeur Eric Cantona, ils ont tous trois répondu aux questions des journalistes.


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Comment a débuté le projet de ce film ?

Frédéric Schoendoerffer : Jean Christophe (Grangé) et moi on se connait depuis 11 ans, depuis la sortie de mon premier film « Scènes de crimes », « Les rivières pourpres » écrit par Jean Christophe allait sortir bien plus tard et un producteur nous a fait nous rencontrer pour qu’on fasse un film ensemble. Le film ne s’est pas fait mais on est devenue très ami tout de suite. Il se trouve que j’avais lu ses premiers livres que j’avais beaucoup aimés et lui venait de voir mon film, qu’il aimait beaucoup. Pendant 11 ans on ne s’est jamais perdu de vue, on se voyait toujours avec beaucoup de plaisir on a toujours eu l’envie de faire un film ensemble, plusieurs fois on a failli le faire, mais bizarrement les films se faisaient pas. Je venais de finir « Braco », quand j’ai été voir Jean Christophe en lui disant : si on écrivait un scénario original ensemble tout simplement ! Il avait l’air de trouver çà intéressant, il m’a appelé le lendemain et il m’a dit, viens me voir j’ai peut être une idée. Et c’est là qu’il m’a parlé de cet échange d’appartement qui allait mal tourner, de cette héroïne qui comme dans un film d’Hitchcock, allait être obligé de prendre son destin en main pour trouver la vérité. Tout de suite son idée ma plu, et on s’est mis au travail pendant 8 mois. On n’en a parlé à personne, comme çà on n’avait pas de pression et puis si le film n’aboutissait pas, personne ne le saurait. Je dirais que l’histoire du film Switch, la genèse de ce projet c’est vraiment l’amitié entre Jean Christophe et moi. C’est cette amitié qui a fait qu’on a décidé de pas attendre qu’on nous propose quelque chose mais que nous allions provoquer çà.

Quelle a été la plus grosse difficulté de cette écriture à quatre mains ? Même en étant des amis vous n’avez peut être pas la même façon de travailler ?

Frédéric Schoendoerffer : Depuis qu’on se connait on a fait chacun notre route, Jean Christophe (Grangé) a fait pleins de livres qui ont été couronnés de succès, moi j’ai fait pleins de films, si on s’était mis a travailler ensemble il y a douze ans, çà aurait été peut être un peu plus compliqué avec peut être plus des questions d’égo. Mais là onze ans plus tard, on a le même âge, on a roulé notre bosse chacun dans notre partie. Cette idée de travailler ensemble, c’était l’idée de se respecter l’un l’autre, de faire un pas l’un envers l’autre et que nos deux univers cohabitent finalement. Çà a été l’une des écritures de scénario des plus harmonieuses, excitantes de ma vie. Je me souviens de quand j’allais chez lui, j’y allais à pieds et en sifflotant, j’étais content car je savais qu’on allait passer un bon moment. J’étais très à l’écoute de ce qu’il disait et il était très à l’écoute de ce que je disais. C’est lui qui tenait la plume, et en huit mois on s’est vu tous les deux jours quasiment. Il est beaucoup plus rigolo et drôle que ses livres ne le laisse penser, et puis il a beaucoup de talent donc c’était un réel plaisir que de travailler avec lui.

 

Qu’est ce que vous aimez chez lui ?

Frédéric Schoendoerffer : Ce que j’aime chez Jean Christophe, c’est qu’il travaille beaucoup. C’est une des personnes que j’ai  rencontré dans le cinéma qui travaille le plus. C’est assez fascinent. Je le quittais le soir à 20h, le lendemain je recevais les rectifications du scénario par mail a six heures du matin parce qu’il s’était levé à quatre heure du matin. Son système de travail, c’est comme çà 365 jours par ans.

Comment cette idée de scénario vous est venue ?

Frédéric Schoendoerffer : D’où vient l’idée çà, çà reste un mystère. Après tout çà c’est quand même beaucoup de boulot car ce genre de film c’est une mécanique de précision. Quand on commence à écrire un scénario comme celui de « Switch », on connait la fin. On a fait un synopsis très précis de toutes les péripéties et ce n’est qu’une fois que l’on a tout écrit que l’on commence à écrire le scénario. Alors que quand vous faites des films plus contemplatif ou il n’y a pas de mécanique comme çà, vous pouvez  commencer à écrire le scénario sans bien savoir comment il va se terminer.

 

Aviez-vous des références cinématographiques lorsque vous avez commencé l’écriture du scénario et la réalisation ?

Frédéric Schoendoerffer : Pendant toute l’écriture de ce scénario, notre référence, c’était vraiment « La mort aux trousses » d’Albert
Hitchcock, très modestement. C’était notre guide, notre petit phare dans la nuit, on essayait d’aller vers çà. Il y avait aussi « le fugitif » et puis également un petit côté Jason Bourne.

 

Eric Cantona, au fil des films le footballeur est de plus en plus loin, est ce que vous avez également ce sentiment là, qu’une page s’est tournée ?

Eric Cantona : Moi j’ai ce sentiment depuis un moment déjà. Maintenant comme tout le monde d’expériences en expériences on voit ce qu’on peut améliorer, comme dans tous métiers, comme partout, comme n’importe quel acteur, qu’à 18 ans, qu’à 60 ans, à tout les âges, tout le temps. Tant que l’on continue a faire des trucs c’est pour prendre du plaisir et pour progresser tout le temps.

 

 

Est-ce qu’il y a eu un film, une scène ou vous vous êtes dit maintenant je peux dire que je suis acteur ?

Eric Cantona : Oui c’était il y a une dizaine d’année. Je n’essaye pas de renier mon passer, parce que j’en suis très fier et parce que c’est important. Parce que je viens d’un certain milieu, d’autre ont été charpentier, boulanger, ce que vous voulez, c’est quelque part un petit peu la même chose on vient tous d’univers divers. Ce qui est important, c’est quand on voit un personnage, lorsqu’on voit le
film, qu’on ne me voit pas à moi derrière. Qu’on voit d’entrée le personnage, sa force dans l’histoire du film. C’est ce qui est le plus important finalement. Même si pour moi c’est plus difficile que pour les autres de se faire oublier.

 

Est-ce que l’acteur Eric Cantona aurait aimé être flic ?

Eric Cantona :
Non ! Pour l’aventure, l’adrénaline tout cela oui, mais au bout du compte, le job des flics c’est quand même de faire régner l’ordre et moi l’ordre j’ai beaucoup de mal. Après les limites on les mets là où on peut et où on veut, moi j’ai mes limites mais j’ai pas envie de les imposer aux autres ! J’ai ma vie avec mes idées, j’ai pas envie de les imposer aux autres. Moi je suis plus dans un truc de liberté ou chacun fais un petit peu ce qu’il veut, donc je ne pourrais pas être flic. Mais en même temps le côté aventure, se mettre en danger, chercher, j’aime bien ce côté-là.

Le flic Forgeat que vous jouez dans le film, il est extrêmement humain attentif, et sans cela l’histoire se terminerait surement au plus mal..

Eric Cantona : Bien sur. Mais après il y a chez les flics comme partout, des gens plus ou moins humains. Ce personnage là, comme Frédéric la écrit, on en a discuté ensemble aussi, on a crée un personnage ensemble et c’est ce personnage là avec ses qualités humaine. Et c’est ces flics là que Frédéric avait envie de défendre.

 

Frédéric Schoendoerffer : Qui d’ailleurs ne sont pas des gens obsédés par l’ordre. Ce personnage que joue Eric (Cantona) c’est l’aventure qui lui plait.

 

Qu’est ce qui vous a plu, Eric Cantona chez Frédéric Schoendoerffer ?

Eric Cantona : je trouve que Frédéric, le cinéma qu’il a, qui est très actuel avec un vrai rythme, un vrai parti prix, avec ces personnages là qui sont plus des personnages que l’on pouvait voir dans les années 60 à la Gabin, Ventura ou Steve Mac Queen. Je trouve que cette rencontre entre ces deux univers, crée vraiment un style efficace.

Ce genre de rôle çà se travaille beaucoup en amont ?

Eric Cantona : Oui. Comme tous. Mais bon travailler, travailler, c’est la moindre des choses travailler ! Chacun a sa façon de travailler, échanger avec Frédéric (Schoendoerffer), chercher, aller voir les flics, comment ils abordent une scène de crime et tout cela. Le personnage que je joue, Damien Forgeat a un côté un peu animal, renifler l’espace, les gens, a essayer de pénétrer dans le regard des gens, a faire croire qu’il sait alors qu’il sait rien. Il y a un instinctif un petit peu. Il me semble que j’ai une belle réponse par rapport à çà ! Moi je fais çà pour jouer. C’est retrouver, quand j’étais petit et que je jouais aux cowboys et aux indiens, toute l’innocence et la spontanéité que l’on avait à ce moment là. Sauf qu’on grandi et on devient des adultes. Comme disant Picasso « j’ai mis 20 ans pour devenir un adulte, 60 ans pour redevenir un enfant ». Ces 60 ans de travail pour retrouver cette innocence et spontanéité, et pour moi c’est pareil. Je veux arriver à jouer avec cette innocence. Et çà passe par tout un travail afin d’arriver sur un plateau en ayant complètement intégré le personnage, pour se laisser aller à une complète innocence et liberté, ce sentiment qu’on avait quand on était enfant. Comme quand on jouait un cowboy, on était 300% le cowboy, quand il mourrait, on croyait qu’on était mort..

Karine Vanasse, c’est un film ou vous êtes en premier plan constamment, en France on ne vous connaît pas, alors est ce que vous n’aviez pas peur de ce premier rôle ?

Karine Vanasse : Au contraire en fait. Comme vous le mentionnez, je n’étais pas du tout connu en France, donc pour moi c’était une position ultra confortable. Dans le sens ou l’identification pour les gens risque d’être facile, donc soit les gens vont me remarquer soit ils vont m’oublier. Il n’y a pas de pression puisque les gens n’ont pas d’attente particulière me concernant. Pour moi c’était hyper
libérateur. Surtout que j’arrivais ici, avec un réalisateur qui m’avait réellement choisi pour le travail que je fais, et pas pour mon nom, vu que nécessairement ici il ne vaut pas grand-chose. Pour moi il n’y avait jamais ce questionnement. Je savais que Frédéric voulait réellement travailler avec moi, et çà donne une confiance qui nous fais faire des choses qu’on aurait peut être pas fait autrement. Parce qu’on plonge complètement et qu’on fait absolument confiance au réalisateur aussi. On sait qu’il a peut être vu quelque chose
qu’on ne voit pas nous même en nous.

 

C’est un rôle très physique que vous jouez, est-ce que vous étiez avant ce film très sportive ?

Karine Vanasse :
J’étais très en forme après le film çà c’est sur ! Mais j’étais déjà en forme avant, il n’y a pas eu d’entrainement particulier. Même si il y a eu des séances de travail avec Alain Figlasse qui a chorégraphié toutes les cascades. Ce qui était super intéressant pour moi, parce que le fait de passer par un entrainement physique pour découvrir qui était cette Sophie Malaterre, le
personnage que je joue. Il y avait de nouveaux réflex de jeu qui sont nées de ce travail physique là, que je n’ai pas eu la chance de faire sur d’autre film avant, et qui sont très rares aussi pour des filles. En général c’est pas le genre de rôle que l’on écrit pour des femmes non plus. J’ai donc eu cette chance là de tomber sur ce rôle, qui me permettait d’explorer des trucs totalement différents.

Ce genre de rôle, est ce que çà impressionne un petit peu ?

Karine Vanasse : Oui, parce que c’est nouveau en fait. Donc on sait qu’on ne se répètera pas. Moi, j’étais prête à arriver en France et à avoir des tout petits rôles au départ ! Et finalement cette proposition elle arrive, je ne comprends pas d’où elle sort ! J’avais une petite appréhension par rapport à mon accent. Mon copain qui a vu le film lundi soir, m’a dit qu’il retrouvait la même spontanéité que j’avais dans les films à l’âge de 12-13 ans. Mais pour moi c’est hyper représentatif par rapport à l’état dans lequel j’étais quand on a tourné le film l’été dernier. En plus je travaille avec des gens qui sont dans le travail tout le temps, qui ne s’assoient pas sur leur notoriété. Moi j’arrivais dans cet état là, et je voyais que les gens fonctionnaient de la même façon. On a eu des sessions de travails avant le tournage ce qui nous a permit d’avoir moins de questionnement sur le scénario lors du tournage, et d’être encore plus dans le personnage. J’étais très contente de voir qu’ils  fonctionnaient de la même façon que moi. Et çà à été très clair dès le départ.
Je me souviens, d’un déjeuné avec Jean Christophe et Frédéric, qui m’ont de suite expliqué leur façon de travailler.

Frédéric Schoendoerffer : Elle était charmante lors de ce rendez vous, parce que le serveur elle l’appelait l’aubergiste !

 

On sait que l’univers de Jean Christophe Grangé est très proche de l’univers fantastique, est ce que çà à été compliqué d’allier votre univers à celui de votre ami ?

Frédéric Schoendoerffer : Vous savez on ne s’est pas forcé à travailler ensemble ! Çà fait longtemps qu’on veut le faire. Il a respecté
mes remarques et j’ai respecté les siennes. Alors moi j’aime plus le réalisme que lui, lui est plus dans ce côté fantastique, mais on a essayé de faire en sorte que ces deux univers se télescope et que çà soit un plus. On a aussi fait attention au réalisme. J’ai fait lire le scénario aux policiers de la brigade criminel que je connais, afin que les comportements des flics et les éléments de l’enquête soient crédibles. Ils m’ont confirmé que parce que çà se passait en plein mois d’aout et qu’avec les embrassades fermés, ces quiproquos
pouvaient avoir lieu. Alors que la même histoire au mois de novembre, la conclusion de l’enquête arriverait beaucoup plus vite. On a vraiment fait un travail très précis. On avait aussi avec Jean Christophe,  je rejoins ce que disait Eric Cantona, le sentiment d’être deux petits comploteurs ! Il y avait quelque chose d’assez marrant, assez enfantin là dedans.

Il y a une partie esthétique dans le film qui fait que vos flics sont très beaux en costumes cravates, même les locaux de police sont beaux, pourtant les commissariats Français n’ont pas cette réputation là ?

Frédéric Schoendoerffer : Moi je parle de la brigade criminelle. Les gens de la brigade criminelle, travaille en costume et en cravate par respect aux familles des gens qui ont été assassinés. C’est leur uniforme. Par ailleurs ils n’ont pas souvent d’armes à la ceinture car leur arme principale, c’est plutôt le clavier d’ordinateur ou leur stylo et la réflexion. Ensuite les locaux de la crime que j’ai fait dans ce film et qui sont super moderne c’est parce que il y a dix ans j’ai fait un premier film qui s’appel « Scènes de crimes » et où j’avais déjà filmé les locaux de la crime tel qu’ils sont vraiment. Je me suis dis que je n’allais pas re-filmer les mêmes locaux dix ans
après. Par ailleurs, la brigade criminelle va déménager. L’état français a acheté un terrain sur lequel ils vont construire une tour avec à l’intérieur les locaux de la brigade criminelle, la brigade des stupéfiants, et à côté un palais de justice ultra moderne. Donc je me suis dis que j’allais prendre de l’avance et montrer cela à l’écran, comme çà mon film ne sera pas démodé d’ici quelques années. Aussi ces flics moi je les aime bien. Après attention chez les flics c’est comme partout, quand c’est pas des imbéciles, c’est vraiment des gens formidables. Et le fait qu’ils soient beaux dans le film c’est parce que j’aime bien les choses belles.

 

Cette histoire elle pourrait tournée effroyablement mal, est ce que lors de l’écriture vous avez hésité à faire basculer la fin du film ?

Frédéric Schoendoerffer : Non. Parce que le truc qui me plaisait c’est que c’est une jeune femme comme nous, a qui il arrive une profonde injustice, qui est accablé de truc affreux. Et ce que j’aime, c’est qu’elle dit non ! Elle se révolte. L’idée c’est que rien n’est jamais foutu, résiste ! Prouves que tu existe ! comme dit la chanson. Çà c’est un message que j’ai envie de communiquer. Les gens ont une vie difficile et je veux que les gens en sortant de la salle ils retiennent un message d’espoir. Il faut se révolter quand on a le sentiment que quelque chose est injuste. Et c’est quelque chose de noble.

 

Le monde de la police et des truands çà vous intéresse tout particulièrement..

Frédéric Schoendoerffer : Oui j’aime beaucoup, je fais que çà ! Après j’essaye de pas refaire tout le temps le même film. Maintenant je suis metteur en scène, j’ai 48 ans, je vais plus tellement au cinéma, parce que c’est vraiment très compliqué de voir un film. Car je vois comment c’est fabriqué ! A moins de tomber sur un chef d’œuvre et j’oublie tout. Je fais des films, que j’aurais été voir. Donc c’est quelque chose de très honnête. De toute façon c’est un métier très mystérieux, on ne sait pas ce qu’est le succès, ni comment en avoir, et finalement la seule manière de se préserver et de ne pas être déçue, c’est d’être fidèle à soi même.

M.S

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