Agnes Obel Myopa : un univers sensible et délicat dans la veine de Debussy, Bartók, Satie, Joni Mitchell.

Au fil des ans et des albums, la jolie danoise a imposé son univers sensible et délicat. Heureux d’apprendre son retour et de  l’écouter vocaliser au piano ses nouvelle ballades sensuelles qui rappelle Debussy, Bartók, Satie, ou Joni Mitchell.

Depuis 2010, cette voix de soprano, ce timbre de petite fille identifiable entre mille et ce corpus de chansons pop enchanteresses lui ont conféré une place à part. Née au début des années 80 d’une mère pianiste et d’un père guitariste professionnel, Agnes Obel étudie le piano et joue de la basse dans un groupe de rock au lycée. En parallèle de ses études à l’Université de Roskilde au Danemark, cette beauté nordique commence à écrire ses premières chansons qui sortiront sur un premier album « Philharmonics » (2010). Subjugué par la voix et la maturité des compositions, John Cale produira le titre « Close Watch ». Suivront deux albums remarquables « Aventine (2013) et surtout le magnifique « Citizen Of Glass » (2017).

C’est dans cette même continuité que s’inscrit aujourd’hui « Myopia », nouvelle partition entre pop et musique de chambre, d’une beauté gothique poétique plus mystique avec ses boucles vocales alambiquées, ses paroles romantiques porteuses d’émotion. Autoproduites dans le home studio berlinois de la musicienne, les titres abordent les thèmes de la confiance et du doute avec des voix dramatiques accordées et des mélodies pop de chambre gothique. Comme chez David Lynch ou Enya, Agnès Obel construit chacune de ses chanson comme une petite pièce musicale à part entière.

Jazz, pop ou bien encore musique classique, Agnes Obel s’est forgée une personnalité si forte qu’il est devenu impossible de le classer quelque part. Les puristes diront que c’est de la pop orchestrale. Pourtant cela fait bien des années qu’elle a opté pour des structures musicales qui débordent largement l’univers de la pop. Sa musique diffuse des sonorités hors norme, des notes en dehors du temps et des modes. D’ailleurs, elle nous le prouve une fois de plus cet album qui pulvérise les règles de la composition et repousse encore un peu plus, les limites d’un pop à l’avant- garde. Ce qui frappe dès la première écoute, c’est bien sûr la voix. Agnes Obel possède un timbre aérien, fluide et puissant. Gorgée d’émotion, capable de s’élever en apesanteur dans les notes les plus aiguës comme de se lâcher rageuse, dans de violentes douleurs exacerbées, cette voix angélique mets l’auditeur à genoux. Avec ces pianos répétitifs, ces phrases réplétives lâchées de comme de comptines, ces arrangements croisant l’electro et l’acoustique, la musicienne nous offre une plongée dans les eaux calmes d’une musique aux confluents du rêve, avec ça et là quelques poussée de fièvre ou d’abîmes mélancoliques. Les notes glissent et s’enfoncent vers les territoires de l’étrange avec une certaine saveur romantique. La belle fait parti de ces alchimistes sonores qui vous emmènent toujours plus loin, vers des contrées musicales aux paysages fantasmagoriques où l’imaginaire de chacun peut vagabonder au gré de ses humeurs et de son rythme. A mi chemin entre la musique ethnique, la new age et la world music, les titres de « Myopa » s’apparentent à de longues plages musicales lissées de sable fin où se mélangent voix sur fond de pulsations rytmiques qui voguent au gré de l’instant, comme hors de l’espace et du temps. Du grand art.

 

 

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