Charogne : du “Pagnol” Pyrénéen !

Elles sont fières, les Éditions Glénat ! Fières que leurs deux auteurs : Benoit Vidal et Borris aient remporté le prix du « Polar du meilleur album dans la catégorie one shot » au festival polar de Cognac avec leur BD intitulée « Charogne » !! Un bref instant de vie (et de mort), avec, pour toile de fond, un petit village Pyrénéen et ses habitants, confrontés à la disparition d’un « pilier » de la communauté … Parue le 13 Juin 2018, une BD qui vaut le (grand) détour !

Charogne © Glénat
  • Le décor :

L’orage gronde … Sous une pluie battante, 4 hommes transportent un cercueil de bois …

« Un grand devoir nous reste à accomplir. Un devoir de piété, de reconnaissance et d’amour. Envers ceux qui ont eu le temps de se tourner vers le seigneur et ont donné les marques d’un sincère repentir. Mais également envers les autres … partis trop vite, sans expiation de leurs fautes et de leurs fragilités. Ne soyons pas sourds aux avertissements qui sortent de leurs sépulcres. Sachons écouter. Et, au-delà du chagrin … que la mort instruise la vie ! »

Année 1864. Au fin fond du pays de Sault, dans le département de l’Aude.

Joseph peine à remonter jusqu’au village. Ce pauvre Joseph, crapahutant de villes en villes afin d’aider ses « ouailles » du mieux qu’il le peut. En tant que Maire, c’est son devoir. Il a déjà tellement fait, pour sauver le village des « griffes » de l’épidémie de choléra survenue il y a 10 ans déjà. Cet homme est une « bénédiction ».

Il a du en faire des détours pour descendre à la ville : avec le pont de la route qui n’est toujours pas réparé ! Essayer de vendre la bague que Marius Brunelin lui avait confié pour ramener un peu d’argent dont la famille aurait tant besoin. Trouver de nouveaux acheteurs pour le bois des « Roussel ». Puis remonter …

Charogne-extrait © Glénat

Juste le temps d’avaler un grand verre d’eau, qu’il doit repartir aider Motus, le muet du village, à couper le blé à la faucille sous un soleil écrasant ! Mais Joseph est fatigué … et son cœur aussi. Il sent son dernier souffle le quitter, sous les yeux de Motus.

Le début d’un « long chemin de croix » ! Des « ouailles » perdus, avec une église en ruines, qui ne permet pas au curé de venir donner la bénédiction. Deux familles aux lourds secrets, rongées par les rancoeurs, qui vont devoir « composer » en descendant le cercueil de leur Maire si parfait ! À mi-chemin entre la ville et le village, à l’endroit qu’on appelle : « la pause des Morts ».

Charogne-planche © Glénat
  • Le point sur la BD :

Benoit Vidal, n’en est pas à son premier récit « biographique ». Ici, il s’inspire d’un village qu’il connaît et les « histoires » de ses anciens, un texte écrit peu après la fameuse épidémie, pour nous servir une « fresque rurale humaine» à la manière d’un «Pagnol » … du Sud Ouest. L’accent et les mots du pays en prime !

Ce qui a retenu son attention, c’est ce sentier sur les contreforts des Pyrénées, théâtre de son scénario, et ce lieu bien particulier : « la pause des morts ». Une drôle de pause. Comme un « passage» vers la béatitude et/ou l’enfer pour les morts ou les vivants !

Avec Borris, son binôme, les personnages aux traits réalistes, prennent un air « buriné »,  fatigués par le dur labeur, les tragédies et les mensonges lourds à porter. La toile de fond est un orage, comme l’humeur des personnages. Le tout exprimé en dégradé bichromatique comme les vieilles photos de nos grands-parents.  Le scénario s’entrecoupe de flashbacks qui rajoutent à la tension ambiante et à la compréhension progressive du récit dans lequel on s’embarque corps et âme.

Finalement,

les auteurs ont réussi leur coup : le lecteur fait lui aussi une « pause » dans cette montagne où les hirondelles volent bas, pour chasser les moustiques lorsque l’orage menace … où les ours et les sangliers sont à portée de main … où les « charognes » prennent au final plusieurs aspects !

  • Conclusion :

Charogne , publié dans la collection « Treize étrange » aux Éditions Glénat, est une véritable invitation à la réflexion. Derrière la « tragédie rurale », se cache toute une symbolique sur la noirceur de l’âme humaine, et ses « péchés » ! L’épidémie de choléra n’était sans doute pas le plus gros fléau ! Une lecture que vous terminerez avec un léger goût d’amertume !!!!  Un grand Bravo aux auteurs pour leur prix !

 

A propos stef emma

Rat de laboratoire, BDphile, et couteau en second sur Le bon goût des choses ( végétarien, végétalien)

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