Claude Tarnaud, une collection Pop

 On a bien de besoin de Pop en ce début d’année morose. De cet art qui claque sous la langue comme une bulle de chewing-gum, de cet iconoclasme irrévérencieux, de cet humour sous acide.

Ça tombe bien la maison de ventes aux enchères Auction Art nous propose d’en acquérir le 11 février 2015. Et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de la collection Claude Tarnaud (1922-1991).  Ce dandy amateur de jazz, grand ami Stanislas Rodanski collabore quelques temps avec le groupe des surréalistes menés par André Breton et constitue sa collection au fil des années passées à voyager en tant que traducteur de l’ONU.

La sélection proposée à la vente est le reflet exact de ce que le pop-art peut apporter de meilleur: une bulle d’humour qui dégomme gentiment la société de consommation tout en admettant d’en faire entièrement parti. Ainsi le livre-objet La victoire à l’ombre des ailes paru aux éditions Soleil Noir en 1975,  roman d’espionnage surréaliste écrit par Stanislas RODANSKI (1927-1981) et illustré par Jacques MONORY (né en 1924), joue le jeu de la mise en abyme en imaginant un coffret où l’auteur du livre tirerait à balles réelles sur son ouvrage, transposant ainsi les fusillades de son intrigue dans la réalité. Par la même manière, le roman ainsi mis en forme par Monory devient objet de consommation que l’on peut tenter d’abattre à bout portant. Sans y parvenir puisque l’impact des balles ne fait que renforcer la valeur de l’oeuvre et en devient partie intégrante. Manière sans doute de démontrer si besoin était que l’art se nourrit de tout et surtout de l’absurde.

Le coffret se compose donc de l’un des 97 premiers exemplaires sur vélin d’Arches enrichis de 6 sérigraphies originales par Jacques Monory, toutes signées et numérotées. In-12 broché sous une mallette en fer perforée par deux impacts de balle. Ce livre objet comporte l’ouvrage, une carte du monde perforée des mêmes impacts, un revolver à crosse d’ivoire, et deux balles insérées dans un compartiment métallisé comportant toujours deux impacts de balle. La mallette porte à la poignée une clef et une étiquette en plastique indiquant le tirage du livre-objet, numérotée et signée à la main par Jacques Monory. Estimation 2000-3000 euros.

 

Plus frivole, nous trouverons également dans cette collection le poudrier surréaliste conçu par Salvador DALI pour Elsa Schiaparelli en 1935. Il se compose d’un couvercle en laque représentant le cadran d’un téléphone américain et orné au centre d’un cartouche à graver au nom de sa propriétaire et pourquoi pas de son numéro de téléphone. Une fois encore l’art se joue de la société et de ses mœurs mercantiles en s’amusant à suggérer “Suffit-il que je me repoudre le nez pour te donner envie de m’appeler ?”

 

Enfin la vente se clôturera par la vente d’en très joli diptyque signé Zao WOU-KI. Il s’agit d’une technique mixte à la gouache rouge, stylo bille et projection de thé. L’artiste utilise ici  la méthode du fameux psychiatre Hermann Rorschach qui consistait à déterminer la santé psychologique de ces patients en soumettant des tâches d’encre à leurs suggestions. Le peintre reprend ici le motif de la projection non pas d’encre mais de thé sur les deux feuilles du diptyque avant de les enluminer. Estimation 12.000-15.000 euros.

L’exposition publique aura lieu les 10 et 11 février à l’Hôtel Drouot  et la vente se tiendra le 11 février à 14h.