Entretien avec Hugo Andrieu, champion de France de marche athlétique

Hugo Andrieu

Entretien avec Hugo Andrieu, Champion de France de marche athlétique

Hugo Andrieu, vainqueur en mars dernier, du Championnat de France du 50 kilomètres marche, nous a accordé un peu de son temps pour évoquer son sport.

Après Franz Liskowitch, Champion de France de marche nordique 2017, nous vous livrons donc un nouvel entretien pour évoquer un autre aspect de la marche : la marche athlétique. Ceci avec le regard  d’un tout jeune Champion de France, 25 ans seulement, et un temps de 4h06’42 en mars dernier.

Hugo Andrieu, bonjour. Pour de nombreuses personnes, marcher n’est pas un plaisir. Pour d’autres c’est une activité que l’on ne pratique pas par manque de temps. Pouvez vous nous dire comment vous est né le goût de la marche et comment vous êtes venu à la compétition en marche athlétique ? Bonjour. J’ai toujours marché dans la vie de tous les jours, et ce depuis le plus jeune âge. Je pense que c’est rentré dans mes habitudes de ne pas avoir peur de marcher un certain volume de kilomètres pour me rendre d’un point A à un point B. C’est un moyen de transport doux, ça permet de discuter, de réfléchir en même temps. Alors pratiquer un sport qui consiste à marcher, cela m’a paru assez naturel je suppose. Surtout qu’il s’agît ici de participer à une course, ce qui est un élément de base dans le sport. Qui va le plus vite ? Une course, même en marche, répond à cette question. Personne n’aime perdre donc forcément on essaie de donner le meilleur de soi. On est plus que jamais livré à un combat contre ses adversaires, contre soi-même, en tout cas plus que dans d’autres disciplines, où parfois la confrontation est indirecte.

Vous arrive t-il de courir ? qu’est ce qui fait que l’on se dirige vers la marche athlétique plus que la course à pied ? Ça m’arrive de courir pour avoir un entraînement complet et éviter une trop forte lassitude liée à la marche. Je ne saurais pas dire ce qui amène à privilégier une discipline ou l’autre. Maintenant sur un plan technique, la marche n’ayant pas de véritable retombée au sol et les contraintes que cela engendre, j’imagine qu’elle est à recommander aux gens désirant faire de l’activité physique mais ayant des soucis aux genoux par exemples.

A quoi ressemble la semaine type d’Hugo Andrieu ? Combien d’heures d’entraînement Une semaine type ressemble à la semaine de beaucoup de monde, puisque je travaille à temps plein. Le temps consacré à la pratique de la marche est donc limité. Je dois y consacrer quasiment 10 heures par semaine. C’est délicat, quand on travaille, de pouvoir s’entraîner énormément. Il est tout à fait possible de s’entraîner mais il faut le faire en bonne intelligence. Quand on travaille on ne peut pas aligner la même charge de travail qu’un athlète n’ayant qu’à marcher pendant la semaine. Déjà car on dispose de moins de temps libre pour cette activité, mais aussi parce qu’il ne s’agit pas simplement de coucher sur un calendrier les séances à réaliser. En réalité ce qui compte c’est de réaliser effectivement les séances en évitant fatigue et blessures, et pour ça les plages de récupération sont primordiales. 

 
Hugo Andrieu champion de France du 50km de marche athlétique

La marche athlétique demande une technique particulière. Comment acquiert-on cette technique ? Même si on prend le temps d’analyser le mouvement, il faut juste pratiquer l’activité pour mieux d’intérioriser. Donc avec le temps, les kilomètres, en s’appliquant à essayer de produire un beau mouvement, en résumé, par le travail, on acquiert la technique.

 
Marcher vite, toujours plus vite est un objectif important pour rester compétitif et gagner. Comment travaillez vous votre vitesse de marche ? En pratiquant du fractionné un peu tout au long de l’année pour ne pas trop stagner dans une allure d’endurance. Je travaille donc sur des portions avec des allures qui correspondent à ce que je souhaite réaliser sur 5km, 20km où 50km.
 
Vous avez obtenu le titre de Champion de France du 50 Km en mars dernier. Une grande première à 24 ans seulement alors que les sports d’endurance voient plutôt gagner des trentenaires. Comment expliquez vous ce résultat ? C’est même déjà mon deuxième titre sur la distance après celui de 2015 (à 22 ans) mais c’est bien le plus abouti. Je pense que ce résultat s’explique par différents facteurs. Je crois avoir été suffisamment méritant et combatif le jour même pour espérer gagner. Mais c’est peut-être aussi le manque de densité dans la discipline en France qui fait qu’un “jeune” de 25 ans, n’ayant pas un niveau de performance se rapprochant du très haut niveau, soit capable de gagner (il faut noter que le recordman du monde de la distance, Yohann Diniz, était aligné sur le 20km sur ces Championnats).
 
Aviez vous fait une préparation particulière pour ce rendez-vous ? Pas spécialement. Je me suis entraîné sérieusement bien sur, avec les moyens du bord, dans l’optique de délivrer la meilleure course possible. Mais mon état d’esprit était similaire aux nombreuses courses que j’effectue dans l’année. Je n’ai rien mis en œuvre de spécial, je l’ai juste préparé comme j’aurais préparé un interclub pour Aubagne par exemple, avec la volonté de faire de mon mieux.
 
C’était l’objectif de votre saison ? Oui c’était la compétition phare de la saison. J’ai pratiqué d’autres distances dans la saison avec la volonté de m’y améliorer, mais le grand but de la saison était de battre mon record et de finir le plus haut possible à ces championnats.
 
Pour l’année 2018, je suppose que l’ambition c’est de garder votre titre…? Pourquoi pas ? Si je peux le garder en améliorant à nouveau mon temps je signe tout de suite !
 
Pour revenir à l’entraînement, l’hiver approchant, est-ce un problème pour s’entraîner avec la nuit qui tombe vite et le froid ? Comment gérez-vous cette saison ? C’est évident que la motivation pour aller s’entraîner dans le froid et la nuit est plus difficile à aller chercher. Je préfère m’entraîner en mi-saison ou en été. Pour gérer cela il peut y avoir différentes alternatives : On peut soit planifier ses journées de sorte à pouvoir s’entraîner aux heures les plus agréables au niveau météorologique, soit faire des activités d’endurance “indoor”, comme la natation par exemple. 
 
La marche sur tapis est-elle bénéfique ? la pratiquez-vous ? Je n’y vois pas d’inconvénients, peut-être la lassitude à force. Mais cette dernière peut aussi arriver en marchant en extérieur. Mais je ne la pratique pas pour autant, déjà parce que je n’ai pas de tapis à disposition et puis parce que marcher en extérieur présente l’avantage de profiter des paysages ou encore de bien s’oxygéner.
 
Hugo Andrieu

Sur une semaine normale, en cours de saison, combien de kilomètres parcourez vous à l’entraînement ? Cela dépend du moment de la saison, et si je travaille ou pas pendant cette semaine là. Mais on peut estimer que le total sur une semaine peut approcher entre 80 et 100km.

Sur une année, la marche représente t’elle beaucoup de compétitions ? Vous participez je crois à plusieurs distances .. Pas énormément je pense, en comparaison d’autres disciplines de l’athlétisme. Je dirais une dizaine par an pour ma part, sur des distances allant du 5000m au 50km.

Etes-vous plus à l’aise sur de longues distances ? Il semblerait que ce soit le cas, étant donné que c’est là où je me classe le mieux !

A 25 ans vous ne marchez pas encore dans les temps de Yohann Diniz. Lui approche les 40 ans. Comment expliquer que l’on marche plus vite à 35/40 ans, qu’à 20 ans ? Je suppose que le travail accumulé au fil des ans, et en l’occurrence de plus de dix ans pour Yohann Diniz, amène à une profonde amélioration des capacités physiques. Il est donc logique qu’il soit beaucoup plus fort entre ses 35/40 ans que lorsqu’il en avait 25. C’est aussi un espoir pour nous qui sommes plus jeunes, une marge de progression existe toujours ! En sport d’endurance, l’âge ne représente pas une contrainte majeure, hormis peut-être en ce qui concerne la récupération. Mais là encore, une bonne hygiène de vie peut faire l’affaire. 

Pratiquez vous d’autres sports ? Non, la marche représente déjà une partie importante de mon temps libre. Elle nécessite de la récupération. Je ne pense pas que rajouter une autre activité physique serait bénéfique pour ma santé ou mes performances.

Je vous remercie….Quelques mots, pour inciter les gens à marcher ? Marcher c’est comme courir, à la fois pour la santé et pour le besoin de se défouler, les inconvénients en moins !

 

A propos Guillaume Joubert

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2 commentaires

  1. Beaucoup de courage pour pratiquer un sport très dur et peu médiatisé .

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