Envolée divine, danse lyrique : Vertical Road.

Ce qui est particulier à Akram Khan, c’est qu’il travaille à ses créations de danse aussi bien avec des dramaturges ( Ruth Little ) que des danseurs ( Sri Pratap Pawar ), des metteurs en scène de talent ( Peter Brook dans Mahâbhârata ) que des sculpteurs (Antony Gormley). Même ses sources d’inspiration sont diverses et imprévues, multiples, hétérogènes et complémentaires. De Pina Bausch à la danse arabe en passant par la poésie persane de Rumi. On sent du sens à travers son œuvre, et la sensibilité du sculpteur est mise à rude épreuve tout au long de cette sérénade de mouvements tantôt poétiques, tantôt violents et saccadés. Nos désirs enfouis au plus profond de nous même, mais encore nos frustrations, nos peurs et nos peines ; se trouvent propulsées sur un proscenium sans aucun scrupule, mais avec cette beauté et cette poésie qui émeut aux larmes sans qu’on aie eu le temps de dire ‘ouf’ … C’est trop tard, nous voilà cloués, scotchés à la scène plus qu’à son propre siège, abasourdis par la force de cette construction hétéroclite d’humanité… On ne peut plus se dérober à soi  et on n’a rien vu venir. Nous voilà à la merci des vérités, quotidiennes ou philosophiques, auxquelles Nitin Sawhey de part sa musique, Ruth Little par son sens inouï de la dramaturgie, et évidemment Akram Khan et ses danseurs … Ont choisi de nous confronter, car c’est bien d’une pièce à voix multiples, d’un véritable travail de groupe dont il  s’agit, et c’est ce groupe qui explose, détonne et fait des merveilles.
Hervé le Bouc, mécène de la compagnie, décrit la présence d’Akram Khan lors de leur rencontre comme ‘atypique et familière’, et c’est l’exact sentiment que l’on a face à son œuvre. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il mérite ses titres. Aussi bien pour ce talent incroyable qui laisse sans voix, – (et parfois, il est bon que le corps replace la voix, et le geste la parole … sinon, à quoi bon la danse !) -que pour cette détonante capacité d’Akram Khan à bien s’entourer.