Festival de Cannes : Chronic et Valley of love

Pour cet avant-dernier jour de compétition du festival de Cannes , deux films étaient présentés : Chronic de Michel Franco et Valley of love de Guillaume Nicloux.

Michel FrancoAprès avoir présenté ses deux précédents films à Un Certain Regard dont il avait d’ailleurs remporté le grand prix en 2013 avec Despues de Lucia, Michel Franco a fait son entrée en compétition officielle. Il a fait appel à Tim Roth pour le rôle principal. Ils s’étaient rencontrés à Cannes lorsque l’acteur était président du jury d’Un Certain Regard et lui avait remis le prix. Depuis, ils sont devenus amis et Tim Roth lui avait exprimé son souhait de tourner avec lui.

Chronic montre un infirmier au chevet de ses patients, en train de mourir. Tim Roth incarne cet homme silencieux, tout en retenue, confronté sans cesse à la mort. On le devine dépressif. Peu à peu, on découvre son passé et on comprend ce qui a pu le rendre à ce point capable de retenir ses émotions. Divorcé, père d’une jeune fille qui fait des études de médecine, il a dû affronter un terrible drame : la mort de son fils, malade. Le film est avant tout une étude de personnages : Tim Roth est de toutes les scènes. Certaines, très dures, le montrent à l’œuvre, effectuant des gestes précis, lavant des patients squelettiques, en fin de vie. Nourri de ses expériences passées et de ses traumatismes, il s’implique véritablement dans son travail au point d’établir des liens avec ses patients que les familles elles-mêmes n’ont pas.

Le rythme est lent, privilégiant les longs silences aux dialogues inutiles. C’est sans doute pour mieux montrer l’isolement dans lequel sont plongés ces hommes et ces femmes en train de mourir. Leurs familles, désemparées face à cette fin de vie, ne sont pas toujours présentes et appréhendent les visites. David, l’infirmier remplace en quelque sorte ces fils et filles qui se sont un peu éloignés. Il en fait même plus que ce que lui demande sa fonction. Il reste la nuit au chevet de l’un de ses patients, ce qui provoque l’incompréhension et une réaction inattendue de la famille décidée à porter plainte pour harcèlement sexuel. Il va même jusqu’à accepter d’aider une femme atteinte d’un cancer à mourir. Tout comme ses patients, l’infirmier qu’interprète Tim Roth, vit dans l’isolement. Il s’est éloigné de la société, de son ex-femme, de sa fille qu’il voit assez peu. Pour tuer le temps devenu lourd à supporter, il fait du sport, court et sans doute pense à sa vie et à celle des autres en même temps. La fin, inattendue, vient encore renforcer cet enfermement.

Michel Franco parvient dans un rythme lent et des scènes très précises à aborder le thème de la maladie et de la mort, sans sombrer dans le pathos. Il ne cherche pas à susciter l’émotion, à grands renforts de scènes tire-larmes. Avec pudeur, il nous pousse à nous interroger sur la fin de vie et ses conséquences sur l’entourage. Un film fort.

 Valley of Love de Guillaume Nicloux était le dernier film français à être présenté. Thierry Frémaux l’avait sélectionné après coup. C’est sans doute son casting qui justifie sa présence au Festival : Isabelle Huppert et surtout Gérard Depardieu qui fait son grand retour sur la Croisette. Depuis plusieurs années, il n’était pas venu présenter de film en compétition. L’engouement suscité par sa présence était visible dès le matin à la conférence de presse où de très nombreux journalistes s’étaient pressés.  De plus, depuis Loulou de Maurice Pialat, les deux acteurs n’avaient plus joué ensemble. C’est dire si leurs retrouvailles étaient attendues.

Isabelle et Gérard (leurs prénoms dans le film) ont été mariés. Ils sont à présent divorcés mais sont obligés de se retrouver six mois après la mort de leur fils qui leur a donné rendez-vous aux Etats-Unis, dans la Vallée de la Mort. Guillaume Nicloux a offert un beau rôle à ce couple de cinéma. Confronté à la mort injuste, ils parlent, évoquent le passé, plongent dans les souvenirs. Certaines scènes sont-elles fantasmées, rêvées, de l’ordre de l’imaginaire ? Valley of Love est un film qui vaut surtout pour son duo d’acteurs. Peut-être ont-ils cédé la place parfois à l’improvisation. Les deux comédiens ont pris plaisir à se retrouver au cinéma. C’est nettement visible à l’écran.

 

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