Festival de Cannes J3 : Christophe Honoré en compétition

Ce troisième jour du Festival a été marqué par le retour de Christophe Honoré en compétition officielle. En 2011, il avait fait la clôture avec Les Bien aimés. Cette année, il revient avec Plaire, amour et courir vite, un titre qui prend tout son sens lorsqu’on regarde le film.

L’histoire se déroule en 1993, en été. Arthur (Vincent Lacoste) est un étudiant rennais. Il aime lire ; il a une petite copine mais il aime aussi les hommes. Jacques (Pierre Deladonchamps) est un écrivain célèbre de trente-cinq ans, qui vit à Paris avec son fils Loulou.  Un soir, à l’occasion d’un déplacement professionnel en Bretagne, il rencontre Arthur dans un cinéma. Il vont se plaire immédiatement, s’aimer alors que le temps presse. Jacques, qui a le Sida, a conscience qu’il ne peut pas se permettre un dernier amour. Les deux hommes n’ont pas la même perception du passage du temps. Arthur fait ses débuts dans la vie tandis que Jacques doit vivre dans le renoncement.

Pour Christophe Honoré, ces deux vitesses étaient essentielles à la dramaturgie du scénario. Dans ce film, il a mis beaucoup de lui-même. Chacun des personnages masculins lui ressemble un peu : Arthur, ce jeune rennais qui va monter à Paris (on devine à la fin du film qu’une nouvelle vie dans la capitale l’attend), Jacques, l’écrivain et Mathieu (interprété par Denis Podalydès), le voisin journaliste de cinéma et meilleur ami de Jacques. Le film est ancré dans les années 90 ; la musique que l’on entend est celle qu’écoutait Honoré dans sa jeunesse. Au cinéma, on aperçoit l’affiche de La leçon de piano notamment. Le personnage de Jacques est inspiré d’auteurs morts du sida dans les années 90 : Koltès, Jean-Luc Lagarce notamment. Les références sont nombreuses, y compris dans les dialogues.

Les scènes nocturnes sont prépondérantes. Honoré a voulu leur conférer une tonalité bleue, telle qu’il se représentait la nuit dans les années 90. De certaines scènes se dégagent une poésie bouleversante. La rencontre entre Jacques et Arthur, leurs conversations au téléphone ou les scènes avec Denis Podalydès sont très belles. Mathieu, toujours présent pour Jacques, ami fidèle jusqu’au bout, veillera, on le devine, sur Loulou et sur Arthur après. Quand on a plu, aimé et couru vite, comment continuer à vivre quand l’autre a disparu ? C’est aussi ce que s’efforce de montrer le film.

Deuxième film en compétition : Cold war de Pawel Pawlikowski. En 2013, le réalisateur polonais avait reçu des critiques dithyrambiques pour Ida, tourné dans un magnifique noir et blanc. Avec Cold war, il renouvelle l’expérience en filmant un amour contrarié pendant une quinzaine d’années (entre 1949 et 1964) entre la Pologne et Paris notamment. Wiktor est pianiste et chef d’orchestre. Il recrute des jeunes gens pour intégrer une troupe qui interprètera des chants et danses folkloriques populaires. Lors d’une audition, il tombe sous le charme de Zula, qui a un passé trouble, condamnée à de la prison avec sursis. Va naître alors un amour contrarié et impossible qui va les conduire dans différents pays. Paris, terre d’exil traditionnelle pour les Polonais marquera les retrouvailles mais aussi l’échec de leur couple. La dernière scène est magnifique. Comme dans la longue tradition du cinéma et de la littérature, il a montré un amour impossible. En voyant le film, on pense souvent à la phrase entendue dans La femme d’à côté de Truffaut : “ni avec toi, ni sans toi”.

L’amour et la musique rapprochent et séparent le couple. Pawlikowski a soigné particulièrement la musique, que ce soit les chants traditionnels ou le jazz que l’on entend à Paris. Il a dédié son film à ses parents, dont la vie a ressemblé sur bien des points à celle de Zula et Wiktor, faite de séparations, de voyages et de retrouvailles. Lors de sa projection officielle, Cold war a reçu une très longue ovation.

 

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