Festival de Cannes J5 : La fracture de Catherine Corsini, Flag Day de Sean Penn

Pour ce cinquième jour du Festival, il y avait trois films en compétition, La fracture de Catherine Corsini, Compartiment 6 de Juho Kuosmanen et Flag Day de Sean Penn.

La Fracture de Catherine Corsini

Cela faisait tout juste vingt ans que Catherine Corsini n’était plus revenue à Cannes en compétition. Avec La fracture, elle nous offre une comédie dramatique ou un film abordant un sujet grave avec beaucoup d’humour. Quelle que soit la manière dont on puisse qualifier le film, nous sommes tous d’accord sur le fait que La fracture est un film qui fait du bien. Lors de sa présentation officielle, il a été accueilli chaleureusement avec une standing ovation. La quasi totalité du film se passe dans un hôpital de Paris, une nuit. Les gilets jaunes ont manifesté et certains d’entre eux ont été blessés. Parmi eux, il y a Yann (Pio Marmai), un camionneur venu de Nîmes. Il a été blessé à la jambe et devra sans doute être opéré mais il tient absolument à rentrer chez lui afin de pouvoir assurer son travail le lendemain. Au milieu des patients du service des urgences, il fait la rencontre de Raf (Valeria Bruni-Tedeschi toujours aussi touchante et drôle) et de sa compagne Julie (Marina Foïs). En pleine rupture, Raf s’est cassé le coude en tentant de retenir Julie. Les scènes de comédie s’enchaînent : on rit souvent et beaucoup dans le film, surtout grâce à Valeria Bruni-Tedeschi. Catherine Corsini a souhaité faire un film de groupe : depuis longtemps, elle avait l’intention de réunir les trois acteurs. Elle a bien fait d’attendre : le trio fonctionne à merveille mais il n’aurait pas eu la même intensité sans la présence de Aissatou Diallo Sagna, infirmière elle-même. Elle interprète une jeune femme fatiguée après plusieurs journées consécutives de garde mais toujours dévouée pour ses patients. Elle va de l’un à l’autre, toujours avec bienveillance. A la conférence de presse, Aissatou Diallo a souhaité rendre hommage aux soignants. C’était aussi la volonté de Catherine Corsini en faisant ce film : La fracture est un bel hommage à ceux qui travaillent dans les hôpitaux et que l’on a applaudi pendant le confinement mais il démontre aussi à quel point il est important de se côtoyer et d’apprendre à aller au-delà de ses préjugés. Raf et Julie sont des bobos parisiennes tandis que Yann est un gilet jaune convaincu et en colère. Dans un hôpital, bien plus qu’ailleurs, les classe sociales doivent cohabiter, par la force des choses. Un microcosme, à l’image de ce que pourrait être la société française.

Compartiment 6 de Juho Kuosmanen

Le cinéaste finlandais suit le parcours d’une jeune femme, étudiante en archéologie, bien décidée à se rendre à Mourmansk pour visiter le site archéologique. Elle part seule de Moscou, sans sa copine, contrainte de rester à Moscou à cause de son travail. Elle va se retrouver dans le compartiment 6, avec un jeune homme, un peu rustre au premier abord et porté sur la bouteille. Durant ce long voyage interrompu par des escales de quelques heures, elle va faire des rencontres mais surtout apprendre à mieux connaître ce compagnon de fortune, bien différent d’elle. Avec Julie en douze chapitres, Joachim Trier suivait les errances d’une jeune femme pendant plusieurs années, Juho Kuosmanen se sera contenté de quelques jours pour se pencher sur le parcours de son héroïne. Un joli film et l’une des premières surprises de ce festival.

Flag Day de Sean Penn

Sean Penn n’avait pas gardé un bon souvenir de son dernier passage sur la Croisette. Son précédent film, The Last faces, avait été hué par les journalistes. Il revient cette année avec Flag Day, qui relate l’histoire vraie de John Vogel, un homme manipulateur, velléitaire et un brin mythomane. Enfant, sa fille Jennifer s’émerveillait de sa capacité à faire de la vie une magnifique aventure. Souvent, il disparaissait puis revenait, après avoir commis des arnaques et des méfaits et avoir passé quelques années en prison. Jennifer grandit auprès de sa mère et de son frère mais son amour pour son père reste intact. La relation père-fille est ce qui a intéressé Sean Penn quand il a eu connaissance du livre de Jennifer Vogel. Pour incarner la fille de cet homme à part, qui voulait avant tout laisser une trace, il a pensé immédiatement à sa fille Dylan, qui a d’abord énergiquement refusé. Puis elle a fini par se laisser convaincre de même que Sean Penn a accepté de jouer le rôle du père, alors qu’il avait bien l’intention de n’assurer que la réalisation. Il avait d’abord envisagé Matt Damon mais ce dernier lui a bien fait comprendre que ce rôle était fait pour lui. Ce sont donc les Penn père et fille qui incarnent John et Jennifer Vogel. Sean Penn filme Dylan avec les yeux d’un père : il se met en retrait pour la laisser sous la lumière. Elle est touchante en fille qui s’évertue à faire changer son père qu’elle aime profondément. Avec Flag Day, Sean Penn a fait une belle impression lors de sa présentation et a enfin retrouvé le public cannois.

 

A propos Laurence

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