Festival de Cannes : Le retour de De Niro

Ce lundi, c’était le jour des Américains au Festival de Cannes : Jeff Nichols, Jim Jarmush et Robert de Niro pour une projection-hommage.

Remarqué à plusieurs reprises au Festival, en particulier avec “Mud“, Jeff Nichols est de retour cette année avec “Loving”, l’histoire vraie de Mildred et Richard Loving, à la fin des années 50. Ils s’aiment, elle tombe enceinte et ils se marient. C’est un schéma classique sauf qu’elle est noire et qu’il est blanc et que dans l’Etat de Virginie, de tels mariages sont interdits. Ils sont donc arrêtés, condamnés à une peine de prison, avec suspension de la sentence à condition qu’ils quittent l’état. Ils partent, ont d’autres enfants et les années passent mais Mildred veut vivre son amour au grand jour, dans son État d’origine. Elle sollicite alors Bobby Kennedy qui fait appel à un avocat pour les défendre. Son mari, plutôt réticent au début, accepte. Les médias viennent chez eux. Un long combat est en route pour faire changer la loi. Jeff Nichols aurait pu accentuer le côté dramatique et alourdir son propos par un pathos appuyé. Il n’en est rien. Il évite les scènes de procès, les écueils dans lesquels d’autres seraient tombés, pour se concentrer sur ce couple et cet amour pur. Les acteurs jouent toute en retenue ce couple amoureux. Pas de scènes grandiloquentes mais cet amour transparaît rien que dans leurs regards. Comme le dit Richard, “il prend soin d’elle” et fait ce qu’il peut jusqu’au bout. On est d’autant plus touchés par leur histoire et le combat engagé par cette femme. Ils finiront par gagner, au bout de plusieurs années et seront à l’origine d’une loi symbolisant le droit de s’aimer, sans distinction d’origine. Un beau film, sobre, porté par deux acteurs brillants, Joël Edgerton et Ruth Negga dont c’est le premier rôle important et le premier passage au Festival. On peut parier qu’après ce film, on la reverra souvent.

Le dernier film de Jim Jarmush était attendu à Cannes. Après son film de vampires “only lovers left alive”, il revient avec “Paterson”. Il nous donne à suivre pendant une semaine à Paterson, un chauffeur de bus nommé Paterson. Il vit avec Laura, qui s’enthousiasme pour les cupcakes, la guitare et les poèmes de son compagnon. En effet, à ses heures perdues et le plus souvent face à un paysage pittoresque, il écrit des poèmes sur un carnet secret.. Tous les jours, il se réveille aux côtés de Laura, conduit son bus, écrit, va promener son bouledogue anglais puis va au pub. Sa vie est réglée, émaillée parfois de petits incidents inattendus. Dans le rôle de Paterson, à la mine patibulaire, poète dans l’âme, Adam Driver. Il fait son bonhomme de chemin, tranquillement. Sa compagne, c’est Golshifteh Farahani. Elle est lumineuse, pleine d’idées et très amoureuse. Un beau couple où chacun s’épanouit à sa façon. Jim Jarmush parvient à insuffler à son film un côté poétique, à l’image de Paterson, ville des poètes. La scène, où Paterson est assis sur un banc à côté d’un Japonais et parlent de poésie est pleine d’espoir, comme le début d’un poème.

Cette journée s’est clôturée avec la montée des marches de “Hands of Stone” de Jonathan Jakubowicz, avec le grand Robert de Niro. Il incarne le coach du champion de boxe Roberto Duran qui affronta les plus grands et remporta un nombre impressionnant de combat. Un film plein d’énergie qui nous a permis de voir un De Niro en pleine forme.

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Les photos de ce 6° jour à Cannes sous l’œil de notre photographe Anh Viet CHAU

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