En 1944, dans le camp des déportés de Terezin là , où quelques-uns des meilleurs musiciens d’Europe se trouvèrent emprisonnés par les nazis, après La Flûte enchantée, Carmen, ou le Requiem de Verdi ou Brundibar célébre conte pour enfants, La Chauve-souris fut l’une des œuvres qui fut représentées.
Loin de leur avoir été imposée par leurs bourreaux, cette opérette en 3 actes a été voulue et portée par l’un des musiciens internés : Wolgang Lederer. Il réunit une distribution « digne d’une scène d’opéra des décors attrayants des costumes très colorés » (Joza Karas). S’inspirant de ce contexte de création, il s’agira de se ressaisir de la nécessité vitale, de l’ébriété salvatrice, de la puissance de sublimation qui animent cette musique, et de l’élan de résistance collective qu’elle a pu inspirer. « Quel fut l’art pour eux tous ? Une façon de tenir pleinement déployé l’éventail des sentiments, des idées, des sensations pour que la vie ne fut pas réduite à la seule dimension de l’horreur. » Milan Kundera En décidant de monter La Chauve-souris de Johan Strauss, dans cet environnement concentrationnaire fait de désolation, de menaces permanentes et de mort, ces musiciens et ces chanteurs internés à Terezin défiaient résolument la tentative d’anéantissement dont ils étaient les victimes. Par un paradoxal pied de nez lancé à la face de l’entreprise de mort nazie qui programmait leur disparition, ils brandissaient l’ivresse, la joie, la sensualité. L’humour viennois si caractéristique qui irrigue de part en part le livret et la musique, devient, dans ce contexte, à la fois corrosif, mordant, dénonciateur, et plus que jamais, élégance de l’esprit et politesse du désespoir.
Dans le cadre de la célébration anniversaire de ces 350 ans, l’Opéra de Paris renforce sa présence en région, avec une tournée de cette nouvelle production de La Chauve-souris de Johann Strauss, qui réunit l’ensemble des artistes en résidence. Une belle occasion de renouer ses liens avec la MC93, maison de la culture de Seine-Saint-Denis, qui avait accueilli auparavant plusieurs production de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris. Malgré la légèreté de ses mélodies et son intrigue burlesque, l’oeuvre de Strauss est imprégnée de la nostalgie pour un monde qui disparaît, caractéristique de la fin du XIXe siècle. S’inspirant de ce contexte, la metteur en scène Célie Pauthe se saisit de l’ébriété salvatrice qui anime cette musique et de l’élan de résistance collective qu’elle a pu inspirée. A découvrir du 13 au 23 mars 2019.
Jean-Christophe Mary
LA CHAUVE-SOURIS
DIE FLEDERMAUS
Johann Strauss
OPÉRETTE EN TROIS ACTES
1874
MUSIQUE
Johann Strauss (1825-1899)
LIVRET
Richard Genée, Karl Haffner
D’APR.S
Le Réveillon de Henri Meilhac
et Ludovic Halévy
Version de chambre pour sept instruments
de Didier Puntos
En langue allemande et francaise (dialogues)
Surtitrage en français
Durée : 3h (avec 1 entracte)
DIRECTION MUSICALE Fayçal Karoui
MISE EN SCENE Célie Pauthe
ADAPTATION MUSICALE Didier Puntos
D.CORS Guillaume Delaveau
COSTUMES Anaïs Romand
LUMI.RES Sébastien Michaud
VID.ASTE François Weber
DRAMATURGIE Denis Loubaton
Chanteurs et musiciens en résidence .
l’Acad.mie de l’Opéra national de Paris
Musiciens de l’Orchestre-Atelier Ostinato
Choeur Unikanti
GABRIEL VON EISENSTEIN Piotr Kumon
Timothée Varon
ROSALINDE Angélique Boudeville
Adriana Gonzalez
AD.LE Sarah Shine ) / Liubov Medvedeva
ALFRED Maciej Kwaśnikowski
Jean-François Marras
DR FALKE Alexander York
Danylo Matviienko
PRINZ ORLOFSKY Jeanne Ireland
Farrah El Dibany
FRANK Tiago Matos
DR BLIND Charlie Guillemin (Choeur Unikanti)
FROSCH Gilles Ostrowsky (com.dien)
IDA Albane Bocquillon (Choeur Unikanti)
IVAN Choeur Unikanti
AVEC LE SOUTIEN DE
COPRODUCTION AVEC LA MC93 MAISON
DE LA CULTURE DE SEINE-SAINT-DENIS