La loi des peres, une enquête choc de Patric Jean parue aux Editions du Rocher

J’ai terminé il y a quelques jours la lecture de l’enquête choc de Patric Jean,  intitulée ” La loi des pères “, parue  aux  Editions  du  Rocher http://www.editionsdurocher.fr

Patric Jean est un réalisateur belge considérablement engagé sur des thèmes comme l’égalité femme-homme, les questions sociales, la prison, la prostitution, l’exclusion sociale, les violences conjugales, le masculinisme … Il a notamment réalisé “La domination masculine” , https://youtu.be/0viifGIcA84, thème sur lequel il a déjà écrit deux livres.

La loi des pères traite de l’aveuglement de la Justice et de la Société face à l’inceste et à la pédophilie.

Moi-même avertie et impliquée dans ce combat contre la pédocriminalité en ayant été membre de l’association SOS Violenfance, j’ai pu toucher du doigt ces drames absolus que sont l’inceste et la pédocriminalité, et pourtant en découvrant cet essai aussi indispensable que glaçant, j’ai sombré dans un innommable état des lieux …

… Julie, Emma, Lucien, Lena, Rose et Victor, Mylène, Brune et Caroline sont autant de petits témoins rendus souvent silencieux par l’incurie et la lâcheté des adultes et souvent des pères … des enfants victimes dont les histoires tragiques et sordides alternent dans le livre avec l’énoncé des causes, des mécanismes et des conséquences dramatiques de ce silence, décrits par Patric Jean.

” Dans chaque  classe, en France, il y a en moyenne une ou deux victimes d’inceste, passées, présentes ou à venir. “

L’auteur nous immerge dès le départ dans son aventure québecoise où pour préparer le film “La domination masculine”, il a dû infiltrer des groupes masculinistes montréalais.

A la fin des années 2000, leur stratégie repose sur deux principes, la violence conjugale, comme fable féministe à déconstruire et les “droits des pères” dans le cas de séparation ou de divorce, et pour ce faire ils s’appuient sur cette pathologie appelée “syndrome d’aliénation parentale” SAP, qui toucherait les mères, celles-ci inventeraient des violences conjugales ou sexuelles contre leurs enfants. On dit alors qu’elles aliènent leurs enfants en les coupant du père.

C’est Richard A. Gardner, psychiatre et psychanalyste américain qui a fait apparaitre cette maladie étrange dans les années 80. Mentant sur ses diplômes, il dû éditer son travail dans sa propre maison d’édition.

Mais le mal était fait, et cette théorie quoique totalement incongrue et ne s’appuyant sur aucune base scientifique ou données statistiques vérifiées, avait franchi l’atlantique et pouvait se faire valoir dans des décisions de justice en France.

L’émergence des associations de “pères” a été favorisée par une large couverture médiatique. Du journal “Libération” au “Monde”, sans oublier “Le Figaro” en passant par la télévision, la parole de ces pères trouva une large audience et un écho favorable.

Face à l’évolution du Code Pénal, les pédocriminels s’organisent et invoquent le déni et la légitimation …  “La souffrance est dans l’ordre du monde” rappelle l’Eglise … en medecine … en Littérature (Gide, Montherlant, Peyrefitte, Flaubert ...).

Les années 70 furent une période propédophile …“Les petites filles victimes d’inceste sont toujours consentantes”, dit Françoise Dolto dans “Choisir la cause des femmes” en 1979. Libération et le Monde publient une pétition en faveur de trois pédophiles, pétition signée par J. Lang, B. Kouchner, G. Matzneff, A. Glucksman, J.P. Sartre et bien d’autres … Les pédophiles s’engouffrent dans le fameux “il est interdit d’interdire” cher aux soixante-huitards et ce phénomène est international.

L’arrivée d’internet a, de toute évidence, permis la prolifération des pédocriminels. C’est à cette époque que les scandales éclatent dans l’Eglise et dans l’Education nationale … Dans beaucoup de procès de 2010 à nos jours, si l’argumentaire pédophile ne peut plus être utilisé, le SAP est encore largement répandu.

Heureusement plusieurs pédopsychiatres comme Gérard Lopez et Muriel Salmona ou certaines associations luttent depuis des années contre des théories telles que le syndrome d’aliénation parentale ou d’autres déviances mais le chemin est long car toutes les sphères du milieu médico-socio-éducatif sont touchées ou à peu près … l’Ordre des Médecins, les experts auprès des Tribunaux …

Deux cents millénaires de cette histoire patriarcale ne s’effondrent pas en moins de 50 ans et comme l’écrit la pédopsychiatre Eugénie Izard “l’inceste est une arme de soumission qui permet à son auteur de jouir de son pouvoir de domination.”

Pourtant la loi évolue … je cite Eric Dupont-Moretti …

“Nous sommes dans un système dans lequel il n’y avait pas de seuil. Le président de la République m’a demandé de recevoir toutes les associations dédiées à la protection de l’enfance, ce que j’ai fait. Nous avons pris le temps de les écouter. Des consensus se sont dégagés, comme le seuil d’âge à 15 ans. Pour l’inceste, nous souhaitons le seuil de 18 ans. …”

Revenons à la dernière citation du livre de Patric Jean “On vit mieux en ne sachant pas …”, pour ma part je pense qu’il faut toujours garder les yeux ouvert et c’est dans cet esprit que je vous recommande vivement ce document essentiel.