La mélancolie des dragons, un spectacle de Philippe Quesne

Après une centaine de représentations, de Vienne au Festival d’Avignon, La mélancolie des dragons s’installait mardi 24 et mercredi 25 novembre au Théâtre du Quai d’Angers. Le metteur en scène, Philippe Quesne, plasticien de formation et directeur du théâtre Nanterre-Amandiers, est nominé au Molière du décorateur scénographe en 2010 pour cette création. Le spectacle propose avec tendresse, beauté et simplicité, une immersion dans l’univers décalé d’une bande de hard rockeurs anonymes, sensibles et mélancoliques. images (1)

Au milieu d’une sorte de no man’s land enneigé, aux contours délimités par des arbres dégarnis, sont installés quatre compères chevelus entassés dans une Citroën AX. Ils mangent des chips, boivent de la bière en canette, écoutent le répertoire classique du rock des trois dernières décennies. Puis vient une dame qui, à petits pas, rejoint la voiture. Dans le silence, elle ausculte cette dernière, pendant que le reste de la troupe sort de la “remorque” que traîne le véhicule. L’identité des personnages est révélée par le look rock que chacun arbore. Sur fond de Scorpion, Metallica ou AC/DC, ces rockeurs sympathiques font découvrir à leur invité et au spectateur leur “parc d’attraction”. A l’opposé des habituels stands d’autos-tamponneuses, karting, montagnes russes et autres manèges de fêtes foraines que l’on peut apercevoir à quelques minutes du théâtre sur les berges de la Maine, ce parc, par des attractions minimalistes et originales, nous fait redécouvrir toute la bienveillance, la candeur, l’inventivité et même l’ingéniosité d’esprits adultes restés bercés dans l’enfance.images

Par enfance, s’entend bien sûr le rire, très présent. Mais là n’est pas l’essentiel, “l’humour, nous dit la comédienne Isabelle, est une donnée importante. Mais on ne créer pas un spectacle pour faire rire”. La mélancolie des dragons à ce titre fait beaucoup penser au Petit Prince de Saint-Exupéry. Des bulles suffisent à nous enchanter, un livre à nous émerveiller, de la musique à nous transcender, de l’affection à nous réchauffer. Avec de simples choses, un ventilateur ou une bâche industrielle en plastique, les gens se rapprochent, partagent, échangent et vivent. Prendre son temps, voilà qui est important: “On ne court jamais, on est toujours dans une forme de bienveillance”.

Les comédiens semblent libres, libres comme ces deux chiens qui dorment et déambulent sur le plateau ou dans la salle.  Trop libres peut être, car la rigueur inhérente au théâtre fait parfois défaut. Bercés dans l’onirisme de la représentation, les uns tournent le dos au public, un autre n’est pas audible, la voix d’un comédien coupe celle de son camarade… Sans être anarchique, le jeu d’acteur est au moins libertaire. Cela procède en fait d’une certaine conception du théâtre. “L”exubérance des corps” disait Antonin Arthaud, à qui la troupe rend hommage, prime sur le texte. Avec Philippe Quesne, le texte se construit en marge de la mise en scène, ou plutôt au fur et à mesure des répétitions. Rien n’est fixé définitivement, le spectacle en 2015 n’est pas le même qu’en 2008. De même, les personnages n’ont pas de personnalités: pas de noms, pas d’histoires, pas de “psychologies”.téléchargement

Mais si une constante doit être dégagée, il s’agit sans doute de la formidable scénographie du spectacle. A partir d’objets et de matériaux bruts, le plateau se transforme en une clairière enneigée mi-réelle, mi-imaginaire. Un endroit singulier où cohabitent hard rock, livres, skis, équipement industriel… Où le sonore est en harmonie avec le visuel. Où le langage technique revêt une dimension poétique. Où l’absence même de langage fait sens, car finalement le mouvement, le corps et le décors ont vis à vis de lui une certaine indépendance. Conséquence salutaire, La mélancolie des dragons demeure, malgré la présence de beaucoup de sons, un spectacle intéressant à voir pour les personnes sourdes ou malentendantes. D’autant plus que sur proposition de l’association Accès culture, Philippe Quesne a introduit un comédien chargé tout le long de la pièce d’adapter le texte en langue des signes, ce dernier s’intégrant très bien au spectacle. téléchargement (1)

 

 

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