Le changement c’est maintenant, mais pas tout de suite

hollande

Bien que cela ne fasse pas exactement un an que François Hollande soit entré dans ses fonctions de Président de la République Française, cela fait bel et bien un an (anticipation faite d’une demi-journée) qu’il a été déclaré vainqueur face à Nicolas Sarkozy, président sortant, avec 51,64% des voix, et que la gauche est revenue au pouvoir après 17 ans d’absence.

L’heure est donc, un an après cet enthousiasme qui s’est manifesté ce 6 mai 2012 place de la Bastille, au bilan. Faisons un tour d’horizon.

C’est évidemment au sein du gouvernement que l’on jette un regard positif et confiant sur ce qui a été entrepris pendant cette première année. Un communiqué a été publié sur le site officiel de l’Élysée faisant la liste des engagements du Président, tous accompagnés d’un descriptif sur l’état d’avancement de leur mise en place. Un site internet avec une interface interactive remplissant la même fonction a même été crée pour l’occasion : http://bilan-engagements.fr/. Quasiment tous sont faits ou en cours, peu ne sont encore qu’annoncés. A la lecture de ce communiqué, on peut voir que le gouvernement n’a pas abandonné ses ambitions, et qu’au contraire il met tout en œuvre pour les appliquer.

Pourtant, c’est un autre son de cloche qui retentit des incessantes critiques de l’opposition à droite et de celles du leader du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui a organisé hier encore une manifestation populaire pour faire pression sur le gouvernement, en brandissant comme arme ce bilan, que lui, n’estime pas fameux. Sans oublier que la côte de popularité du Président est en baisse continue, avec 25% d’opinions favorables seulement, ce qui semble indiquer que les Français, eux aussi, ont un autre regard que celui que porte l’Élysée.

Alors que le taux de chômage ne cesse plus d’augmenter, avec le record historique de plus de trois millions de sans-emplois, que la dette publique atteint 90% du PIB et que la croissance ne revient pas, on peut effectivement se demander comment il est possible de se permettre d’être fier du bilan, et confiant dans l’avenir, de ce quinquennat.

En regardant de très près les engagements du Président, on verra pourtant que nombreux sont accomplis (dont on ne peut voir les conséquences immédiatement) et que beaucoup de travaux sont en place – sur le moyen terme et long terme. Mais quand on vote, c’est généralement pour les résultats escomptés dans la durée du quinquennat, or de ce point là, les Français se sentent floués – bien qu’il ne soit qu’à peine entamé. Que retient-on de cette première année ? La guerre au Mali, qui a laissé espérer un Président décisionnaire, le droit au mariage et à l’adoption des couples homosexuels, question qui a divisé et qui a monopolisé le débat public de longs mois durant, et… c’est tout. Ou presque. La guerre contre la finance qui a été un leitmotiv de la campagne de François Hollande n’a pas été déclaré, la taxe à 75% sur les revenus de plus d’un million, il n’en est plus question, la marche vers une Europe solidaire, on en voit pas le bout. A droite comme à gauche, on commence même à aduler le sacro-saint modèle allemand en voulant l’appliquer partout, sans réfléchir sur les conditions d’existence d’un telle politique et la possibilité d’adaptation de celle-ci à l’Europe entière.

A côté de ces déceptions, il y a le scandale de l’affaire Cahuzac, la volonté de moralisation, écran de fumée qui se veut transparence, le chômage, la pauvreté, l’insécurité ; toutes ces choses qui sont le fond de commerce des extrêmes, et pas que.

D’un côté le bilan est encourageant, d’un autre, il est catastrophique et effrayant. Mais peut être qu’aucune de ces visions n’est la bonne ? L’une est fait pour rassurer, contenir les critiques et les menaces de l’opposition (des deux côtés du damier politique), l’autre est fait pour le racolage électoral. Que penser donc ? Un peu des deux probablement : sans aucun doute, le gouvernement ne chôme pas, il prend des mesures (parfois contestables, d’autres moins), il ébauche la politique pour laquelle les citoyens ont voté, mais il est également sûr qu’en l’ébauchant, il est loin de l’accomplir. Il manque à François Hollande, tout comme à Jean-Marc Ayrault, ce courage que l’on ne voit plus que dans la figure des extrêmes, qui leur permettrait d’agir concrètement, et que ces actes précèdent des conséquences réelles… bonnes ou mauvaises. Car le tout est d’agir en politique, chose qui semble avoir été oublié depuis un moment, et qui pèse de plus en plus sur les Français.

“Le changement c’est maintenant”, il fallait comprendre qu’il commençait maintenant, non pas qu’il arriverait tout de suite, ex nihilo.

Patience donc, cela ne fait qu’un an. Dans un an peut être, il sera temps de sourciller, dans deux le temps de s’inquiéter, dans trois de hurler, dans quatre de voter. Plus à gauche, plus à droite. Dieu nous en préserve.

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Un commentaire

  1. Le temps de la réforme et de sa maturation, c’est-à-dire des résultats qu’elle peut donner n’est pas le même que celui de l’attente. Comme l’avait déjà dit un grand philosophe, le temps est l’un des cadres de notre accès au monde. Contemplation esthétique, impatience, jeux entre amis, chacun vit le temps de façon subjective.
    Or aujourd’hui avec la crise et le mal-être qu’elle engendre, le hiatus avec ce temps politique du changement ne va faire que s’accentuer.

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