Le Manoir à peine hanté de Paris

Au beau milieu du IXème arrondissement de Paris, quelque part entre un restaurant italien et un café branché se cache un bâtiment classé intrigant, entouré de quelques individus étonnants dont les lentilles fluorescentes, costumes patinés et cris déchirés parviendraient probablement à effrayer une fois la nuit tombée. Improbable de trouver dans la bien nommée rue de Paradis quelque 1000m² d’un musée d’un tout nouveau genre, inédit en France, où une douzaine de légendes plus ou moins connues – do Bossu de Notre-Dame au crocodile des égouts en passant par un cuisiner digne de Sweeney Todd – prennent vie le temps d’un parcours mouvementé .

 

Manoir de Paris

 

Le Manoir de Paris, voué à devenir un lieu incontournable pour les touristes curieux de découvrir les coulisses fantastiques de la capitale française, est « à mi-chemin entre un musée et un parc d’attractions »: son créateur, Adil Houti, a trouvé l’inspiration en travaillant sur un concept similaire très en vogue aux Etats-Unis. Ce qu’il propose est une expérience amusante qui corrige un défaut flagrant des maisons hantées des fêtes foraines, et tente de briser un mur entre le visiteur et le visité. Car ici, en lieu et en place des traditionnels mannequins articulés et autres squelettes en plastique se trouvent une vingtaine d’acteurs blottis dans les recoins obscurs des décors, camouflés derrière les décors à l’affût de victimes de passage. Cette interaction rafraîchissante, qui engage à participer plus activement au périple – il faut essayer de déceler les monstres tapis dans le noir, voire de les effrayer à leur tour ou de leur répondre – est une bonne surprise pour le public français. Les treize ambiances successives, entre le cartoon et le film d’horreur à succès, témoignent en outre d’un travail indéniable qui méritent le coup d’œil. Cependant, une fois le principe du « Bouh ! » assimilé, impossible de ne pas s’attarder sur la déception d’un spectacle répétitif. Chaque pièce devient le prétexte à un sursaut efficace et facile qui rappelle les ficelles du cinéma de genre, où la peur et la surprise se confondent à tort. Car ici, exceptés les âmes sensibles au noir ou les jeunes enfants, il n’est pas question de vivre une réelle expérience sensorielle.  Il aurait certainement fallu exploiter de manière plus concrète et ingénieuse le rapport entre le public et le décor – on se plaît à imaginer un labyrinthe sans fin, des murs qui tremblent, des sols qui remuent ou des faux visiteurs mis en scène pour casser la monotonie des environs –  et dépasser le simple stade de la fête foraine. En outre, à une époque où la 3D prend d’assaut le septième art, l’absence de procédés modernes fait cruellement défaut. Si un quelconque courage est requis, ce sera certainement lors de l’achat de la place – une vingtaine d’euros pour une vingtaine de minutes.

 

Le Manoir de Paris, 18 rue de Paradis, 75010 Paris

Ouverture depuis le 6 mai, vendredi, samedi, dimanche et jour fériés de 15h à 20h

Entrée : 20€ ou 18€

 

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