Après avoir disparu des salles de cinéma pendant 45 ans, « Le Voleur » de Louis Malle est devenu une de ces perles rares du cinéma français que l’on qualifie aujourd’hui de chef d’œuvre.
Inspiré du roman de l’anticlérical, l’antiparlementaire et l’antimilitaire, Georges Darien, « Le Voleur » raconte l’histoire de Georges Randal (JEAN-PAUL BELMONDO), devenu voleur par défi envers son oncle et tuteur qui l’a dépouillé, et envers sa cousine Charlotte (GENEVIÈVE BUJOLD) qui l’a délaissé. Randal pratique l’art de la cambriole tel un artiste ou un poète solitaire hanté par ses démons et dont seul, l’accomplissement de son œuvre lui permet d’exulter. En dérobant des vieillards rapaces, des boutiquiers serviles et des politiciens ronflants, Georges Randal bafoue cette bourgeoisie dont il est issu et qu’il méprise viscéralement.
Outre le roman de Georges Darien et le scénario de Jean-Claude Carrière, il y a un cinéaste caché derrière son héros, qui partage avec lui les mêmes pulsions contradictoires. Georges Randal, c’est Louis Malle. Avec « Le Voleur », le réalisateur commet un film par effraction et se plaît à « désosser la carcasse bourgeoise » dont il fait partie. Froid, sombre et amer, Randal l’indifférent influence le style cinématographique de Malle l’exigeant. Le cinéaste, écrasé par la fière silhouette d’un Belmondo remarquable, finit par épouser complètement son personnage, s’identifiant à lui, intégrant son monde, ralliant sa cause. « Le Voleur » met en exergue la beauté primitive du cinéma. La beauté tout court.
« Le Voleur » Louis Malle
En copies neuves au cinéma le 12 octobre 2011