L’UNAF dénonce une augmentation de 31% de l’utilisation des néonicotinoïdes et ce, malgré l’interdiction européenne partielle.
A quelques heures de la diffusion sur France 2, de l’émission “Des paroles et des actes” qui a vu une confrontation entre l’invité, Jean-Luc Mélenchon et Céline Imart, agricultrice et vice-présidente du syndicat agricole des jeunes agriculteurs, au sujet du productivisme agricole, l’UNAF diffuse dans son dernier communiqué de presse, des chiffres alarmant !
Le syndicat dénonce dans un premier temps le manque de transparence persistant du Ministère de l’Agriculture, qui n’a pas répondu à sa demande, concernant la transmission des chiffres de l’utilisation des néonicotinoïdes. C’est la raison pour laquelle il a dû saisir la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA) en février 2016, afin d’obtenir les données concernant l’utilisation des néonicotinoïdes. Ce qui en ressort ne donne pas raison à Céline Imart, dont le syndicat agricole a des accointances avec la FNSEA dirigée par Xavier Beulin. Malgré l’entrée en vigueur de l’interdiction européenne partielle de 3 substances néonicotinoïdes (le thiamethoxam, l’imidaclopride, et la clothianidine), les chiffres transmis à l’UNAF, le 25 mai dernier, révèlent que leur utilisation en volume a augmenté de 31% entre 2013 et 2014. Les volumes d’utilisation de l’imidaclopride ont augmenté de près de 100 tonnes entre 2013 et 2014, soit une hausse de 36% en un an, et ce encore une fois, malgré l’interdiction européenne. La pire augmentation est pour le thiaclopride, qui a quasiment triplé sur la même période.
Pour Gilles Lanio, Président de l’UNAF, le constat sur les néonicotinoïdes est gravissime :
“C’est gravissime ! Comment espérer retrouver des abeilles en bonne santé dans ces conditions ? Les apiculteurs font le constat amer de l’inefficacité d’une interdiction partielle sur la réduction des volumes de vente des néonicotinoïdes. Il faut donc se rendre à l’évidence et interdire totalement et définitivement ces produits. Il faut faire cesser la substitution d’une molécule à une autre et retourner à des pratiques agronomiques. Nous comptons fermement sur nos parlementaires pour entendre ce message et réintroduire l’interdiction des néonicotinoïdes lors de la 3ème lecture de la loi biodiversité.”
Substances actives (kg) |
2012 |
2013 |
2014 |
acétamipride |
6 889 |
6 708 |
7 600 |
imidaclopride |
259 580 |
269 086 |
367 821 |
thiaclopride |
53 371 |
43 529 |
116 930 |
clothianidine – thiaméthoxam |
67 226 |
68 914 |
16 119 |
Il est rappelé que le thiaclopride au-delà de son impact sur les pollinisateurs a, selon plusieurs études, des effets de perturbateurs endocriniens et a été récemment considéré comme cancérigène de catégorie 2 par l’Agence Européenne de Produits Chimiques, de même que des études sur l’imidaclopride ont identifié un effet potentiel nocif sur le développement des neurones et des structures cérébrales chez un foetus ou un jeune enfant. Ce dernier a d’ailleurs récemment fait son entrée dans le top 15 des substances les plus détectées dans nos cours d’eau. Parmi cette liste de 15 pesticides, l’imidaclopride est le seul insecticide.
Un autre constat est celui de la baisse des pesticides plus “naturels”. Les produits biologiques et botaniques passant de 6 337 à 2 858 et les phéromones d’insectes de 369 973 à 83 668. Une erreur de chiffre ou une perte d’intérêt des agriculteurs pour les solutions alternatives qui engendrerait un fossé entre les discours sur l’agro-écologie et les pratiques de terrain ?
Face aux lobbys, aux firmes, on voit bien que la santé ne passe pas au premier plan ! L’Union Nationale de l’Apiculture Française rappelle au travers du label BEE FRIENDLY qu’il est possible de produire sans pesticides tueurs d’abeilles. Les Vignerons de Buzet ont d’ailleurs récemment obtenus le label BEE FRIENDLY et ont accueilli des ruches pour rappeler aussi qu’il est possible de produire sans pesticides.
Le Ministère a mis en ligne les données transmises : http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/donneesventeproduitsphytosanitaires_2011-2014.pdf