Mémé de Philippe Torreton.

           Mémé de Philippe Torreton publié aux Editions Iconoclaste est l’un des témoignages les plus touchants de ce début d’année. Philippe Torreton y dresse le portrait tendre et émouvant de celle qui fut le personnage central de son enfance. Il partage ses souvenirs avec amour et nostalgie de ces bons moments passés chez sa mémé. Mémé c’est une vraie histoire vécue et pas un livre pour faire un livre.

« Mémé, c’est ma mémé, même si ça ne se dit plus. Mémé me manque. Ses silences, ses mots simples au Scrabble, sa maison enfouie sous les pommiers et son buffet d’avant- guerre. »

            Mémé est un livre qui ne peut que parler à toutes les personnes qui ont eu la chance d’avoir dans leur vie une super mamie ou de l’avoir tant espéré.  Mémé c’est de nombreux souvenirs d’enfance à découvrir le monde et à l’apprivoiser (ou non …). Mémé c’est en Normandie que nous la retrouvons, avec ses bons petits plats, avec des vraies produits du jardin, de la ferme ou de chez le voisin. Mémé c’est elle qui s’est faire quelque chose de tout et de rien. Mémé c’est aussi la personne qui veille si bien sur tout le monde. Si fragile et si forte à la fois. Elle donne tout et se contente de peu : « Combien ça vaut ces chèques grattés sur l’os ? […] C’est le prix de l’humanité, ça vaut l’humanité entière… » Et oui Mémé c’est l’humanité. Mémé c’est des gestes que l’on ne voit plus, Mémé quand elle coupe une pomme, elle prend le couteau par son milieu et de son poing refermé ressort le pointu de la lame d’un côté et l’extrémité du manche de l’autre. « C’est aussi comme cela qu’elle énucléait les pommes de terre et c’est comme cela qu’elle coupait la baguette coincée sous son bras et pressée contre sa poitrine, vieux reste d’un temps où le pain était gros et gris et se mangeait aux champs. »  Avec Mémé on retrouve le café que l’on offre et que l’on réchauffe dans une casserole avec le fond tordu et bombé, et évidement on n’oublie pas le calva ! Mémé c’est la collation, les parties de dominos, un regard bienveillant et en toute circonstance notre meilleure alliée. Avec Mémé « on était fier du vrai travail des paysans ». Chez Mémé c’est la liberté : « Cette vie domestique avait pour moi un goût de sauvage, un goût de liberté, un goût de seul au monde. Grâce à toi je sais faire du feu. »

« Ce texte est subjectif, partial, amoureux, ce n’est pas une enquête, ce n’est pas une biographie, c’est ce que j’ai vu, compris ou pas, ce que j’ai perdu et voulu retenir, une dernière fois. »

« Mémé, c’est mon regard de gamin qui ne veut pas passer à autre chose. »

            Mémé de Philippe Torreton est un portrait- souvenir où règne nostalgie et tendresse. C’est, aussi, un portrait universel où chacun peut retrouver une partie de soi, de sa grand- mère, de sa vie, de la vie à la ferme, de la Normandie pour ceux qu’ils l’ont connue pour un jour ou pour toujours… Construit par petites touches comme la mémoire, où reviennent les parties de dominos, le klaxon du boulanger, l’odeur du cellier, les caresses et la vie simple.

 

A propos de l’auteur :

            Philippe Torreton est né en 1965 à Rouen d’une mère institutrice et d’un père pompiste. Devenu comédien, il entre à la Comédie française (1990-1999). Puis il partage sa carrière entre théâtre et cinéma. A l’écran, il obtient le César du meilleur acteur en 1997 dans Capitaine Conan de Bertrand Tavernier. A partir de janvier 2014, il jouera Cyrano et sera en tournée dans toute la France. Il est aussi l’auteur de Comme si c’était moi (Seuil, 2004) et du Petit lexique amoureux du théâtre chez Stock (2009).

Rédigé par Aurélie Rioult.

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