MIARKA le nouveau livre d’Antoine de Meaux

 

Je viens de terminer la lecture de MIARKA, la magnifique biographie écrite par Antoine de Meaux et parue aux Editions Phebus début octobre 2020, qui nous raconte Denise Jacob, son rôle dans la résistance, son combat pour la liberté, pour la dignité, pour son pays, sous le nom de guerre de Miarka.

“Denise, Miarka. Lorsque je pense à elle, j’ai toujours en tête cette photographie datée de 1941 ou 1942 […], elle doit avoir dix-sept ans, et dans son profil très pur, une gravité se lit, qui tranche avec l’insouciance traditionnelle de la jeunesse […] une impression de force intérieure, de droiture, qui va de pair avec une extrême solitude.” écrit Antoine de Meaux en préface.

Ce portrait de Denise, tout en finesse et intelligence est, à mes yeux, le fil rouge de ce récit bouleversant qui s’appuie notamment sur des archives inédites, sur l’histoire de sa famille très cultivée, juive et profondément laique …

… sur sa correspondance avec les membres de sa famille, principalement avec André son père architecte, prix de Rome, poète et grand érudit qui préconise une éducation exigeante entre autres sur le plan intellectuel,  avec sa mère Yvonne,  et avec ses soeurs Simone (Veil) et Madeleine dite Milou, avec qui elle échangera des lettres pleines d’élégance, emplies d’amour, d’affection et d’exaltation littéraire.

A 19 ans Denise entre dans la clandestinité, dans les rues de Lyon elle devient agent de liaison, membre de Franc-Tireur (journal clandestin et mouvement de résistance). Entre Saône et Rhône, Denise devenue Miarka, à pied ou à bicyclette découvre sa nouvelle vie …

… Une vie difficile, fantomatique, dangereuse, solitaire mais pourtant dominée par une idée fondamentale “pour moi le mot patrie a pris un sens très profond. On le comprend mieux lorsqu’on en est éloigné.”

Le 18 Juin 1944 sa vie  bascule dans l’indicible. Elle est arrêtée et conduite au Fort de Montluc où elle sera interrogée pendant des heures, battue, torturée … elle n’a pas parlé … elle ne parlera pas.

Beaucoup a été dit, écrit ou dessiné sur l’enfer concentrationnaire, de Primo Levi à Elie Wiesel,de Christian Bernadac à Jorge Semprun et d’ Art Spiegel à bien d’autres …  Mais le récit des quelques mois d’horreur subis par Miarka à Ravensbrück “le pont aux corbeaux” puis à Mauthausen restera gravé dans ma mémoire …

… L’horreur, l’innommable flagellent le quotidien de cette toute jeune fille qui lutte de toute la force de son esprit, se réfugie dans la poésie et surtout dans la solidarité, dans l’amitié de ces françaises rencontrées au hasard des chalits dans le block 15 : Frédérique née Dreyfus, Germaine Tillion, Noella Paudeau, Marie-Anne et Hélène, Violette, Mag et Micheline … cette fraternité va l’aider à supporter les appels sans fin dans le froid glacial de l’aube, le travail harassant, la faim, la maladie … et Sagesse de Verlaine va parfois l’aider a s’endormir …

“Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme […]

… Elle est finalement libérée par une délégation de la Croix-rouge internationale le 21 avril 1945. Ses parents et son frère, déportés comme juifs, sont assassinés dans les camps. Sa sœur Milou meurt peu après son retour de la déportation dans un accident de voiture, sa soeur Simone Veil survit.

A propos dominique iwan

Parallèlement à une vie professionnelle tournée vers le monde des matériaux polymères et un bref passage dans la sphère publicitaire en tant que maquettiste, ma vie a été guidée par deux passions, l'écriture (un livre que je suis sur le point de terminer ... je me mettrai ensuite en quête d'un éditeur ... des nouvelles pour enfants, et la sculpture avec la création d'un blog en 2014 " entre Ciel Ether ". Je collabore au site www.francenetinfos.com depuis près de 5 ans, particulièrement dans le domaine littéraire, avec déjà l'écriture d'une centaine de chroniques.

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2 commentaires

  1. Corinne Hébert

    Que la mémoire et la transmission perdurent éternellement.
    Merci pour cette chronique qui nous dévoile une fois de plus le courage, la détermination de toutes ces femmes
    liées à l’horreur de l’Histoire.

  2. tout à fait le genre d’écrit qui me bouleverse, m’embarque sur le chemin de la rébellion et de la force intérieure. Merci à ces femmes dignes, merci à l’auteur et à Dominique, on a tous besoin de ces piqures de rappel pour ne pas oublier et avancer sans fléchir la tête !

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