Monsieur le Commandant : Romain Slocombe

Une tragédie grecque sous fond de Seconde Guerre Mondiale s’égraine dans le dernier roman de Romain Slocombe. Il décrit la descente aux enfers d’un homme de Lettres,académicien qui dénonce sa belle-fille juive  dont il est passionnément amoureux.

La dénonciation était monnaie courante durant la période de Vichy. Ce qui est troublant dans ce roman, c’est l’utilisation du concept épistolaire – quoique constitué d’une seule lettre- pour justifier un tel acte.Paul-Jean Husson mène une vie paisible entouré de sa famille. Son fils, Olivier, épouse une très jolie allemande dont Jean-Paul s’éprend de passion. Il lui voue un culte. Ilse devient son icône, sa seule raison d’exister. Sa passion se développe en silence. Cet auteur a succès perd sa fille dans un accident tragique puis sa femme atteint d’une maladie incurable. Olivier et Isle ont un enfant, Hermione. Suite à une maladresse de sa femme, Paul-Jean Husson comprend que sa belle-fille est juive. Son amour est plus fort que toutes ses convictions. Au nom de cet amour, il bafouera toutes les règles qu’il s’était imposé. Cet académicien ne cesse d’  hurler  sa haine contre les juifs au travers de ses articles. Il se persuade que c’est l’unique moyen de protéger l’amour de sa vie. Cette passion dévorante assouvie mènera à la perte des deux protagonistes. Ilse sera trahie par son beau-père et arrêtée par la police française. Paul-Jean Husson sera condamné à 15 ans de travaux forcés pour incitation à la haine raciale. Il mourut seul dans un monastère, après avoir été radié de l’Académie Française et interdit de parution.

Ce roman lie les faits historiques à une passion amoureuse unilatérale. Le rythme du roman est séquencé par les mouvements amoureux qui secouent l’esprit de cet homme de Lettres. Romain Slocombe démontre le pouvoir impressionnant des mots. La propagande de l’époque s’effectue par des hommes d’esprit d’où la puissance de ce génocide. Différents textes antisémites, écrits par des académiciens, des écrivains ponctuent cette lettre poignante.

Voici quelques citations tirées du roman :

” Mon fils a toujours manifesté des dons pour la musique. Ce qui est loin d’être mon cas, je le regrette. Mais Dieu m’a offert des compensations : ma musique à moi, mes concertos, mes symphonies, ce sont mes romans, et mes drames.”

” Ce qui est grave, vous le savez aussi bien que moi, c’est que les juifs constituent dans chaque pays un danger national et social. National, parce que le juif est apatride, c’est à dire qu’il n’assimile que superficiellement la civilisation du pays qui lui fait pourtant l’honneur de l’accueillir. Social, parce que le Juif a l’esprit critique et subversif au plus haut point : son esprit factieux, n’étant point amendé par un loyalisme patriotique, le porte à discuter les institutions du pays où il s’introduit, jusqu’à les ébranler et même à les détruire.”

” Ma famille, ma vie se trouvaient – à mon esprit défendant- “enjuivée”. Une lèpre subtile rongeait, maille après maille, la structure d’une honnête famille française chrétienne…La sournoiserie de l’attaque allait jusqu’à comprendre des armes aux quelles il fut toujours difficile de résister, je veux parler de l’amour.”

” J’étais suffisamment damné, et puni, pour ce que j’avais commis jusqu’à ce jour. Par les coups cruels qu’il me portait régulièrement, Notre Seigneur m’avait montré, comme le doigt sur la muraille, l’étendue et l’abomination de mes fautes.”

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