Paris Jazz Festival-10èmes victoires du jazz : un plateau epoustoufflant

 C’est dans le cadre enchanteur du parc floral de Vincennes qu’a été présentée la vitrine d’un genre musical aux frontières généreuses. Le temps d’une soirée de dixième anniversaire, cinq plateaux nous ont été proposés et « ABRACADABRA » ! La magie a  opéré !

 Des « mariages » improbables… mais qui font mouche !

 D’aucuns diront que les jeunes n’aiment pas le jazz voire même que la musique est morte ! Que nenni ! Samedi 7 juillet à la cérémonie des 10èmes victoires du jazz preuve a été faite du contraire. Des grands noms du jazz de la précédente et de la nouvelle génération ont défendu les couleurs d’une musique qui fait toujours vibrer, et qui s’est grandement ouverte à des influences aux accents parfois d’une extrême modernité.

 Tout d’abord que dire du superbe Gregory Porter qui a défrayé les chroniques du jazz alors que son premier album « Water » sorti en 2011 est récompensé d’un grammy award[1]. Sa voix grave et envoutante nous rappelle son triple héritage gospel, soul et blues dans la plus pure tradition noire américaine. Avec son titre « On my way to Harlem » on se projette ce soir-là à Manhattan dans les rues de Harlem pour retrouver Marvin Gay, Sam Cooke, Etta James ou encore Donny Hathaway et ça swingue !

Gregory Porter

L’impressionnant trompettiste d’origine libanaise Ibrahim Maalouf a montré toute son audace. Cet artiste nommé dans la catégorie « artiste /formation de l’année » revendique une esthétique qui n’appartient qu’à lui, aux confluents d’une unité extraite d’un chaos d’influences. Démonstration magistrale en direct par l’ouverture de sa scène au rappeur Oxmo Puccino pour une alliance certes surprenante, mais accueillie chaleureusement par le public.  Ibrahim Maalouf réussit même la prouesse de faire participer le public au fredonnement d’un de ses morceaux…

Ibrahim Maalouf

Plus audacieux encore, et c’est sans doute la plus grosse surprise de la soirée, le plateau composé par le clarinettiste Yom, féru de klezmer[2], qui se situe entre respect et affranchissement de la tradition, et le DJ Jeff Sharel. Là encore le public a répondu présent : non seulement nous a-t-il prouvé qu’il pouvait chanter, mais aussi pouvait-il danser sur un son somptueusement électro-jazz. A noter que ce sont particulièrement les plus jeunes qui s’y sont reconnus.

Comment expliquer le renouveau  du jazz?

Yom & Jeff Sharel -crédit vdj

Pour Yom, son héritage culturel principal provient d’une part de l’improvisation de la musique klezmer et d’autre part du mouvement « revival des années 70 », venu replacer cette dernière un temps disparue, comme musique traditionnelle qui évolue au gré de la funk, pop, etc. Ce soir-là, c’est l’envie de faire reculer les frontières davantage qui l’exaltait. Il nous a proposé une performance d’inspiration « dance floor », mêlée au son électro-rock de son ami Jeff Sharel. Jeff reconnaît quant à lui, qu’il aura toujours ceux qui préféraient… avant .Pour Ibrahim Maalouf, même s’il reconnaît l’apport inestimable de la tradition, notamment, il se souvient encore du grand bonheur d’avoir découvert Miles Davis à 16 ans, une seule ambition l’anime : la recherche constante de l’innovation musicale qui pourrait au mieux retranscrire en émotions les images qui se bousculent dans sa tête.

L’acteur français André Dussolier rencontré sur les lieux nous confie brièvement que malgré sa forte sensibilité pour le jazz traditionnel, il n’est pas outré par ce renouveau, même si pour sa part, cela s’écoute un petit peu… Le conflit des générations n’aura donc pas vraiment lieu ce soir. La musique adoucirait-elle aussi les cœurs ?…

Mais cette soirée nous a réservé d’autres surprises. Ce fut aussi le temps d’un hommage puisque des récompenses ont été distribuées.

Les hommages de la profession à deux grands personnages du jazz.

 

Laïka – Christian Escoudé et Alain Jean-Marie – crédit vdj
Maceo Parker honoré

En ouverture et clôture de soirée deux monstres du jazz pour deux grands hommages.

Premier sur scène le guitariste Christian Escoudé, issu de la famille de guitaristes du jazz manouche. Il a côtoyé les plus grands tels : John Lewis, Stan Getz, Bill Evans, Philly Joe Jones, Freddie Hubbard, Lee Konitz, Elvin Jones, John McLaughlin, Didier Lockwood, pour ne citer que ceux-là.

Il est  accompagné entre autres par le pianiste de renom Alain Jean-Marie, originaire de la Guadeloupe. Ce dernier a travaillé surtout avec Chet Baker, Sonny Stitt, Art Farmer, Johnny Griffin, Lee Konitz, Bill Coleman, Max Roach, Benny Golson, bien sûr Christian Escoudé, NHOP, Barney Wilen, Henri Texier et ldo Romano, Michel Graillier, Dee Dee Bridgewater, Abbey Lincoln, Jackie Mc Lean, Billy Higgins et Charlie Haden. Et c’est la  chanteuse Laïka dont la voix modelée pour porter les émotions vous transporte au plus profond de vos rêves, qui au fil de son mélodieux « You never lose a thing, if it belongs to you », vient incarner au nom des deux autres artistes, l’honneur qui est rendu au producteur français Jean-Philippe Allard, longtemps sous les couleurs de Polygram. Il est président de Universal Musique Publishing France depuis 2007.

Enfin l’extraordinaire saxophoniste Maceo Parker, le  clou de cette cérémonie, a mis le feu à la salle. Hommage lui a été rendu par la remise d’un trophée pour sa longue et incroyable carrière. Entouré de son « band » il a fait l’unanimité toutes générations confondues ! La salle entraînée par un rythme puissant a fini par quitter définitivement la station assise pour, comme un seul homme, rendre son hommage. Elle a aussi répété en boucle « We love you, yes we do ». Une audience également pleine de talents donc !

Rappelons néanmoins que Maceo Parker a 21 ans lorsqu’il travaille aux côtés de James Brown. Grâce à sa touche personnelle dynamiquement explosive, sa créativité, il contribue au succès planétaire de ce dernier et la section de cuivres dont il a fait partie est jugée la plus fameuse de toute l’histoire de la musique noire américaine. Mais la cérémonie a touché à sa fin. Et certains se demandent peut-être ce que feront ces artistes demain…

Et la suite ?

Toujours dans le cadre du Paris jazz festival, un autre plateau des Victoires du jazz était prévu dimanche 8 juillet à 16h00 au parc floral de Vincennes avec Stéphane Belmondo.

A Marsiac, les victoires du jazz seront présentes dès le 26 juillet dans le cadre du « 35ème festival Jazz in Marsiac ».

Les artistes présents ce soir seront sur scène cet été (consulter leur sites respectifs, voir ci-dessous). Gregory Porter se produira notamment à l’Olympia du 17 au 19 juillet 2012. Des sorties d’albums sont prévus dès le mois de septembre pour nombre d’entre eux : Christian Escoudé, Laïka, Ibrahim Maalouf, Oxmo Puccino. Oxmo donnera également un concert au Bataclan le 20 novembre 2012.

Les Victoires du jazz, c’est aussi un documentaire captation qui sera diffusé sur France Télévisions (France 3) fin septembre.

Quant au Paris jazz festival il continue jusqu’au 29 juillet dans ce superbe écrin de verdure, le parc floral de Vincennes.

Clolive.

Site officiels :

Paris jazz festival : http://parisjazzfestival.paris.fr/

Les victoires de la musique : http://www.lesvictoires.com/

Laïka : http://www.laika.net/

Maceo Parker : http://www.maceo.fr/

Christian Escoudé : http://www.christianescoude.com/

Alain Jean-Marie  http://www.alainjeanmarie.com/

Yom : http://www.yom.fr/

Ibrahim Maalouf : http://www.ibrahimmaalouf.com/

Gregory Porter : http://www.gregoryporter.com/

Oxmo Puccino : http://www.oxmo.net/

Jeff Sharel : http://www.facebook.com/pages/Jeff-Sharel/124646300900051#!/pages/Jeff-Sharel/124646300900051?sk=photos


[1] Les Grammy Awards ou Grammies (initialement les Gramophone Awards) sont des récompenses créées en 1958 qui sont décernées chaque année aux États-Unis par la National Academy of Recording Arts and Sciences et honorent les meilleurs artistes et les meilleurs techniciens dans le domaine de la musique.

[2] Le klezmer est une tradition musicale des Juifs ashkénazes (d’Europe centrale et de l’Est). Elle s’est développée à partir du XVe siècle et ses origines – dépourvues de sources documentaires d’époque mais vraisemblables — seraient les musiques du Moyen-Orient, ainsi que les musiques d’Europe centrale et d’Europe de l’Est (Slaves et Tziganes) . En raison de ses origines, la langue de prédilection de la chanson klezmer est le yiddish, proche de l’allemand, avec un apport de vocabulaire hébreu et slave.

 

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