Paris-Willouby, un film à voir et à revoir !

Le premier long-métrage des réalisateurs Arthur Delaire et Quentin Reynaud sort le 20 janvier 2016 pour le plus grand bien de nos salles obscures et de nos appétits cinéphiles. Le film fourmille de finesse d’esprit et d’humour sur fond de drame. Le ton est juste, les mélanges subtils et sans excès, proches de la vie, comme cela arrive trop rarement au cinéma. Nous embarquons dans une sorte de voyage initiatique à l’allure de comédie humaine.

Choisie, non choisie, famille bringuebalante

L’entité familiale est complexe, riche, recomposée, et pas qu’à demi ! Un homme et une femme remariés avec leurs doutes et angoisses sentimentales ou professionnelles, deux adolescents en rébellion maussade avec leurs parents respectifs, et qui se côtoient, tant bien que mal, par alternance, tandis que le frère de la mère, asocial et dans une mauvaise passe, loge à sa guise dans la même maison, comme un enfant supplémentaire ; enfin, candide et sensible, la petite dernière, réunit tout le monde autour de son jeune âge, fruit de l’amour de ses parents… qui semblent finalement au bord de la rupture.

Prenez tout ça dans son quotidien, et secouez bien à l’aide du décès du grand-père à qui on ne parlait plus depuis trop longtemps. Placez le tout dans l’habitacle confiné d’une voiture, le temps d’un voyage Paris-Willouby pour vous rendre avec eux à l’enterrement… et attendez de voir croustiller l’ensemble savoureux, les non-dits, les univers croisés, le conformisme et l’anticonformisme qui grésillent, les situations impossibles, les échanges familiaux, l’imagination et les rencontres, sans oublier de rehausser l’ensemble de plans savoureux et composés avec précision dans l’espace. Le résultat obtenu est un mélange de finesse et d’humour incroyablement juste autour des personnalités éclectiques et attachantes de cette famille. Qui ne s’y reconnaitrait pas, ne serait-ce qu’un peu ?

Enthousiasme de l’équipe et osmose au tournage

Après avoir vu le film et apprécié sa qualité, il n’est pas surprenant de découvrir des réalisateurs enthousiastes et passionnés. Arthur Delaire et Quentin Reynaud étaient présents pour une conférence de presse au Grand Hôtel à Toulouse en compagnie d’Alex Lutz, qui interprète le rôle de Marc Lacourt, le frère, le beau-frère, et l’oncle des divers protagonistes, que l’acteur décrit lui-même comme “un irrévérencieux, un peu dandy“. Un rôle qui rompt avec ses expériences passées, (aux antipodes par exemple des sketchs de Catherine et Liliane du Petit Journal). Un rôle qu’il a travaillé pour qu’au-delà du provocateur intéressé uniquement par les femmes, ressorte aussi l’enfant déçu par le départ du père. Comme chacun des autres membres de cette famille recomposée, il évolue dans un jeu subtil d’alliances mouvantes des personnages les uns avec les autres. “Chacun a quelque chose qui peut ne pas bouger et qui peut s’empirer, mais il y a ce chemin qu’ils vont faire ensemble” complète-t-il.

L’esprit du film est dans l’interstice, le croisement. Les réalisateurs ont tenu à rendre leur personnages crédibles, sans excès ni caricature. “Nous en tant que spectateurs, on avait l’envie de voir des films entre deux genres, on a pu faire une comédie qui tire vers le drame, le sensible, pour nous c’est la vie” confient-ils. (et pourvu qu’ils fassent des émules !) Une vie qui se retrouve aussi autour du film, quand ils en parlent, et parlent des uns des autres, autant de l’acteur présent que des absents lors de cette conférence, entre autres, Isabelle Carré, Stéphane de Groodt, Joséphine Japy, Solal Forte, la toute jeune Aminthe Audiart… Une équipe dont on salut l’équilibre du jeu pour un film qui respire une riche forme d’authenticité.

Eugénie Baylac