Rencontre avec l’apnéiste Alice Modolo

L’apnéiste Alice Modolo était l’une des invités de la trentième édition du SPORTEL à Monaco. En septembre dernier, à Villefranche-sur-mer,  elle est passée par toutes les émotions aux Championnats du monde AIDA , avant d’obtenir la médaille d’argent. Elle est revenue avec nous sur ce temps fort et nous a également parlé de sa discipline, où les risques sont immenses. Rencontre avec une championne passionnée, à la fois déterminée et sereine.

Alice Modolo (crédit photos : SPORTEL)

France Net Infos : A Villefranche, vous êtes passée de la déception à la joie. Que de rebondissements !

Alice Modolo : Oui, c’était rocambolesque ! Le sport se professionnalise de plus en plus. Maintenant, on doit faire preuve de rigueur. Il y a des erreurs de jugement, des problèmes de règlementation. Les juges sont des bénévoles. Maintenant, il faut laisser la place à la fédération officielle… Tout ça va évoluer. On a envie que notre discipline devienne un sport olympique ; il va falloir qu’on se serre les coudes.

 

France Net Infos : Désormais, vous avez l’objectif des 100 mètres ?

Alice Modolo : Toujours ! Plus j’évolue dans ma vie, plus je descends profondément et je gagne des mètres. C’est un repère pour moi. J’évolue sous l’eau et sur l’eau, marche après marche. Pour moi, 100 mètres, c’est la porte ultime vers un nouveau monde, peut-être vers une autre Alice Modolo ! J’ai hâte de découvrir ce qu’il va se passer derrière. Pour l’instant, je ne peux pas dire si j’aurai envie de continuer ou d’arrêter. Mais je veux aller voir ce qu’il se passe derrière. C’est le trésor !

France Net Infos : Vous semblez très sereine….

Alice Modolo : Oui, j’ai l’impression d’être le propre objet de mon expérimentation. J’évolue dans ce sport de manière assez différente des autres athlètes, en raison de mon activité professionnelle à côté que j’ai menée de front (Alice est dentiste). J’ai tout de suite su que l’apnée était un sport très mental et j’ai axé tout là-dessus pour découvrir le potentiel de notre corps et de nos ressources qu’on n’exploite malheureusement pas assez. J’ai essayé de prendre moins en compte l’aspect technique et physique pour faire davantage fonctionner l’instinct. Notre corps nous parle en permanence. Il faut savoir l’écouter. J’ai appris à mieux respirer. Quand on le prive d’oxygène, notre corps crie encore plus fort donc il nous force à l’épuiser.

France Net Infos : Comment vous préparez-vous ?

Alice Modolo : Avec beaucoup de concentration, de visualisation, d’assouplissement. On subit des pressions très importantes donc on doit préparer son corps. Ma marque de fabrique, c’est plutôt la souplesse et l’acceptation plutôt que la force et la technique. Pour le moment. C’était important pour moi d’aller au bout de cette voie.  Je pense que cette année, je vais m’ouvrir un peu plus à l’aspect sportif. Il faut que j’évolue !

 

France Net Infos : Vous avez été victime d’ une syncope récemment ?

Alice Modolo : c’était la première. Je ne pensais pas un jour devoir y faire face. Je ne la prends  ni négativement, ni à la légère. J’avais besoin de ce stop pour revoir un peu ma manière de fonctionner. C’est comme quand on apprend à un enfant à marcher, à un moment, il faut qu’il trébuche pour se relever. En ce qui me concerne, j’ai trébuché là parce que j’ai choisi une voie qui n’était pas empruntée comme tout le monde. Malheureusement, personne n’a pu m’aiguiller. J’ai voulu aller voir par moi-même ce qu’il en était. Maintenant, j’en ressors grandie. J’en suis convaincue ! Je sais que je ne retomberai jamais à zéro parce que je n’ai pas cherché à ce qu’on m’indique le chemin. Ce que j’ai construit, je l’ai fait sur mes propres fondations.

France Net Infos : Dans la vie vous fonctionnez de la même façon ?

Alice Modolo : Oui, je fonctionne sous l’eau comme sur terre. J’ai toujours été comme ça ! L’apnée m’a libérée et m’a permis d’apprendre ce qu’était la liberté hors de l’eau. Je veux faire ce que je veux, quand je veux, comme je veux. C’est un peu dur à assumer et à faire tout le temps dans une société normée. C’est épuisant mais salvateur ! Maintenant, avec ce parcours, je sais que je ne reculerai pas.

France Net Infos :  vous avez quitté votre région pour vous installer sur la Côte d’Azur. La décision a dû être difficile à prendre ?

Alice Modolo : J’ai pris la décision sous l’eau !Mon instinct m’a dit d’y aller. Les six premiers mois ont été fantastiques et après je me suis heurtée à la dure réalité du monde du travail, avec de nouveaux repères à trouver. J’ai dû me spécialiser pour pouvoir trouver ma liberté dans ma profession. Durant cette période, je ne pouvais plus plonger en compétition. Après quatre ans d’absence à l’entraînement, en rechaussant mes palmes, je me suis rendue compte que je n’avais rien perdu. C’est incroyable de voir le potentiel de notre corps ! Maintenant, j’ai décidé de me consacrer à la plongée.

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