Sète : Les artistes déficients singulièrement exposés au Miam !

Le “MIAM” à Sète

Jusqu’au 18 septembre 2022, au “Miam” (Musée International des Arts Modestes), en collaboration avec la “S” (l’atelier à Vielsalm/Belgique), les visiteurs vont pouvoir explorer les oeuvres d’artistes déficients, qui présentent une foison de peintures, dessins, sculptures, transformations, habits, créations en tout genre !

J’ai toujours un peu de mal à qualifier les artistes, le titre de l’article peut effectivement porter à confusion, le mot “déficient” est mis en avant, mais au fond, l’incursion ce mercredi 16 février au Miam, a de quoi nous réconcilier avec notre égo, de reporter curieux, et si l’art est à la portée de toutes et tous, c’est bien à Sète, que l’on peut ouvrir notre esprit, sur ces installations singulières.

Anne-Françoise Rouche et Noëlig Le Roux, les commissaires d’exposition de “Fictions Modestes & Réalités Augmentées”…

Voilà un titre évocateur, qui puise déjà, dans nos imaginaires, pour cette exposition “hors-norme”, mais à Sète, l’incubatrice de talents, la ville signe pour 2022, un parcours de l’art, complexe et très riche, en multitude d’oeuvres originales et talentueuses. Les deux commissaires d’exposition, sont surtout des dénicheurs de talents, avec comme base principale la “S” le grand atelier de l’ancienne caserne de Vielsalm, bourgade de 8000 âmes aux confins de la Belgique, proche de l’enclave du Luxembourg.

30 ans, pour l’installation de cet incubateur d’atelier…Certes, Anne-Françoise Rouche la Directrice de la “S” lutte, pour que la “désinvisibilisation” du handicap soit plus un échappatoire, qu’un enfermement pour les artistes résidents. Ne cherchez pas ce mot dans le dictionnaire, c’est un peu le “savoir-faire” de la “S”, d’imaginer des mots nouveaux, pour dynamiter notre relation, avec ces gens singuliers, qui nous offrent leur travail imaginatif.

Au Miam, on découvre les univers modestes, que Hervé Di Rosa a toujours souhaité mettre en avant !

Le Musée est surement l’OVNI de l’année 2000, avec son big-bang de démarrage, grâce déjà aux collections de Di Rosa et de Belluc. Au 23 quai Maréchal de Lattre de Tassigny à Sète, on s’y amuse de parcourir les lieux, comme si cet ancien garage automobile se jouait de nos sourires, lors de la visite de ces arts modestes. Plus d’infos sur leur site pour les heures d’ouverture et prix d’entrée https://miam.org

Actuellement, cette multitude d’oeuvres présentées, offre plusieurs mondes, entre le numérique, le 3D, le dessin. Plusieurs scénarios s’inscrivent dans un univers très “Bo-arts”, en clair, les artistes respectent bien les trajectoires de la création. Aussi grâce à leur tuteurs (artistes et photographes opérant autour des résidents déficients), les thèmes sont mis en avant comme pour Jean Leclerq (2017) “On a marché sur la lune”, où l’on observe les dessins qui font référence à la BD de Tintin.

Dans les installations proposées, on sent très bien, le travail de complicité entre les artistes invités à proposer un champ de création et les handicapés, qui eux peuvent alors avoir tout l’outillage pour développer leur travail artistique.

Barbara Massart, une artiste sensible qui nous questionne sur nos différences !

Barbara Massart vue par la photographe Zoé Ducournau

Barbara est fragile, on l’imagine tout à fait dans son introspection de vie, de ses troubles du passé qui la hantent. Son oeuvre à base de papier, carton, tissu, bout de laine, nous inspire complètement, dans le chemin de la rencontre avec elle, par la voie de son travail. Au fond, Barbara nous influence, en nous proposant de la joindre dans l’imaginaire de son univers rempli d’hommes-animaux, de Minotaures et d’autres créatures oniriques .

La laine et le fil comme lien avec la vie : Barbara conçoit ses oeuvres comme, si une comète lumineuse venait à lui rendre visite. Ses montages s’inspirent également de ses happenings qu’elle offre aux artistes qui l’accompagnent. C’est le cas du vidéaste et photographe Nicolas Clément, celui-ci a collaboré avec Barbara, pour développer un univers inventé et magique, par le biais d’un film, de photos et surtout par ce duo de talents, que nous visiteurs, on peut complètement recevoir par une étonnante générosité, qui s’inscrit dans la collaboration artistique.

L’humour, aussi au centre de cette exposition…

Vincen Beeckman “Si tu ne viens pas je te scalpe” (2014-2021). Quel drôle de titre pour ces oeuvres inoculées de “La Devinière”où ses photographies posent le regard de résidents différents, mais si proche de nous par leur émotion face à l’objectif. Le photographe qui a par ailleurs fait des études de journalisme, confronte son travail, comme si le témoignage de l’image, rejoint celui de l’unique vie de ces âmes sensibles. C’est beau, c’est chouette.

On retiendra également les oeuvres de Matthieu Morin et le fameux collectif “La Belle Brute” (Jean-Marie Massou 2015-2020). Richard Bawin “Hulk” en 2012 peut se comparer avec le travail du Capitaine Lonchamps ‘Neige”, pas seulement pour la même année de création, mais pour le scénario en commun : L’imaginature (encore un mot inventé, par moi-même, pour exprimer mon impression).

Par son témoignage Anne-Françoise Rouche, nous commente ces tranches de vie, elle nous fait explorer tout son défrichement de l’art, qui mélange tous les genres, entre les vaillants et les vulnérables, on ne sait plus qui est celui de différent de l’autre, au final, cette exposition nous conforte avec l’esprit de l’Art Modeste, que l’on peut toucher du regard et se l’approprier.

Eric Fontaine à Sète

Jusqu’au 18 septembre au MIAM
Fictions Modestes au MIAm

 

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