Le temps des sauvages : Manuel de survie à l’usage des incapables

Sébastien Goethals s’inspire et retraduit en images aux Éditions Futuropolis, le roman de Thomas Gunzig : « Manuel de survie à l’usage des incapables »sous le titre : Le temps des sauvages . Une ode à l’asservissement des êtres humains par l’industrie de consommation dans un futur probable, au lobbyisme et à la fraternité !

Le temps des sauvages © Futuropolis
Le temps des sauvages © Futuropolis

Le décor :

Une vieille femme et sa petite fille observent l’immense carcasse d’une baleine harponnée et échouée sur la plage …

Deux frères jumeaux d’un certain âge, confortablement assis dans leur canapé, semblent expliquer et/ou essayer de trouver une excuse à un fait, finissant par nous exposer leur réponse à l’existence de l’homme sur Terre :
« Il est là pour contrôler le système. C’est ce qu’il sait faire de mieux, c’est son plus grand talent . »

Dans un supermarché, deux agents mandatés à la surveillance privée, filment les moindres faits et gestes d’une caissière, Martine Laverdure ; une femme que le chef de caisse a dans le nez, car elle pointe ses articles trop lentement, et qu’il faut bien évidemment confondre, afin de la renvoyer avec un motif valable !

Sur un toit, quatre « ombres » agiles, guettent un transport de fond, en espérant récolter ce qui leur sera nécessaire …

Et puis, la désillusion d’un jeune garçon, ayant perdu sa mère trop tôt, qui se détourne de son examen pour aller pointer dans une agence d’interim …

Le temps des sauvages © Futuropolis
Le temps des sauvages © Futuropolis

Cinq histoires, avec des personnages différents … des personnages qui vont tous finir par avoir un lien entre eux, grâce à un fait qui aurait dû être parfaitement anodin, maitrisé, et se passer sans accros … Un fait qui va entrainer tout ce petit monde dans le pétrin le plus immonde qui puisse exister, et faire ressortir les instincts les plus basiques de chacun !

A l’heure où l’humain pense avoir réussi son évolution : « domestication du feu, maitrise de l’agriculture, de l’économie des marchés avec le copyright, privatisation de l’eau potable, de l’eau de mer, puis de la reproduction humaine », la terre voit apparaître de nouvelle « race anthropomorphique » ; des êtres emprunts d’un instinct sauvage très marqué, d’un humour bien sanglant et d’un résonnement primaire mais entier !
Noir, Blanc, Gris et Brun, sont de ces personnages à la génétique « compliquée » ! Mi-hommes, mi-loup, élevés par une mère pratiquement absente de leurs vies, contrainte de travailler trop pour leur assurer le nécessaire, leur destin va être bousculé, non pas par leur sauvagerie et leur instinct primitif, mais bel et bien par une humanité qui semblait être associé à ceux de ce monde , et par le décès de la pauvre femme qui leur servait de mère !

Le temps des sauvages © Futuropolis
Le temps des sauvages © Futuropolis

Goethals dépeint une histoire tellement surréaliste mais qui colle, paradoxalement, tellement à la vérité que l’on peut vivre, qu’on adhère à toutes les comparaisons qu’il nous suggère savamment, par interposition ! On aime ces graphismes bicolores, cet univers que l’on connait pourtant déjà, ces détails amusants qui rythment le récit à la façon d’un film et ces dialogues cinglants !!!
Cette société aliénée, où le consumérisme passe au delà de l’humanité, rendant les vies des protagonistes totalement obsolescentes, fait de cette bd une œuvre subversive, où l’auteur a supprimé la frontière entre les avancées futuristes et une réalité bien crasseuse !
On se laisse entrainer dans cette « folie consommatrice », quelque peu ravageuse ; on s’attache à l’humour noir de l’existence de chacun des protagonistes, aux destins entremêlés, bien particulier, jusqu’à la dernière page en refermant ce « one shot » avec un goût amer et un petit sourire d’espoir !

Le temps des sauvages de Thomas Gunzig, vu par Goethals, aux Éditions Futuropolis, paru depuis le 13 Octobre 2016 : une œuvre fascinante menée sans concessions, cynique à souhait, complètement dramatique et délicieusement surprenante … à rajouter à votre caddie de consommateur assumé, comme une paire de lunettes qui vous permettra d’y voir plus clair !!!!

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A propos stef emma

Rat de laboratoire, BDphile, et couteau en second sur Le bon goût des choses ( végétarien, végétalien)

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