Tour de France 2018: interview d’Elodie Charrière, gendarme

Depuis 1958, la gendarmerie nationale est le partenaire incontournable du Tour de France de cyclisme. FranceNetInfos a interrogé Elodie Charrière, gendarme sur l’importance de la sécurité et de la prévention au sein du tour de France.

Bonjour Elodie, vous êtes gendarme, pouvez -vous nous retracer votre parcours?

Mon cursus scolaire est le suivant: après avoir passé un baccalauréat économique et social, spécialité Espagnol, option sport pleine nature. J’ai continué mon cursus avec deux licences en sport (STAPS):une première licence en management du sport et une seconde licence en gestion de la condition physique des intervenants en situations hostile. A l’issue de cette formation, j’ai passé mon concours de sous officier de gendarmerie, je l’ai eu du premier coup et ensuite j’ai été orienté vers l’école des sous-officiers de la gendarmerie national à Châteaulin en Bretagne dans le Finistère. J ‘ai par la suite été affectée dans une brigade de gendarmerie départementale dans l’Aviron (…). J’ai changé d’affectation l’année dernière en 2017, je suis maintenant dans la compagnie de gendarmerie départementale de Millau dans un unité spécialisé”

En quoi consiste votre travail ?

“Le métier de gendarme est un métier polyvalent. Au quotidien, nous avons différentes fonctions : nous avons la sécurité générale, la police judiciaire qui est l’une de nos missions phare, nous avons également la police de la route, tout ce qui est notion de renseignement, de maintien de l’ordre, j ‘en passe et des meilleurs… La richesse de notre métier est vraiment la polyvalence des missions, il n’y a aucune journée identique.

Vous pouvez donc un jour, vous retrouver “dans la sécurité” et un autre dans la police judiciaire ?

Pour faire simple, c’est comme un collégien ou un lycéen qui a un emploi du temps. Nous avons donc des créneaux horaires, par exemple, de 8h à 12h : prévention de proximité, il s’agit davantage de contact avec la population, sécurité générale de la circonscription. Sur ce même créneau nous pouvons faire de “la police route” et l’après-midi, par exemple,nous pouvons nous retrouver en enquête policière. Dans ce cas, nous sommes dans nos locaux de gendarmerie et nous travaillons la rédaction de pièces, en fonction des plaintes qui ont été recueillies… Nous pouvons aussi accueillir les gens… Tout est bien sectorisé, ce qui fait que nos missions sont très variées.”

                                                                                                                                                                 Elodie Charrière-gendarme

 

Le Tour de France 2018 est lancé depuis le 07 Juillet , on observe un important dispositif de sécurité, quel est le rôle de la gendarmerie?

“La première première mission, c’est la sécurité générale de l’ordre public, la police judiciaire : ce sont mes collègues qui sont sur le bord de la route et qui sécurisent l’axe pendant le passage du tour de France. Ensuite, il y a la mission de protection qui est réalisé par la garde républicaine. Son rôle consiste ni plus ni moins à anticiper les actions de course et à réduire les risques liés au parcours en signalant tout les éléments dangereux. Au niveau de la caravane publicitaire, les motos cyclistes participent également à des missions de régulation, de contrôle et de surveillance, leur rôle, c’est la protection.La caravane publicitaire est le dispositif où j’ai eu l’opportunité voir même la chance d’y participer sur l’édition 2017 donc la 104ème édition. Nous faisons de la prévention, au sein de la caravane publicitaire du tour de France: nous diffusons les messages de sécurité de prévention à l’intention des spectateurs du tour. Nous avons ensuite une mission d’information: “nous nous servons de cet évènement mythique pour valoriser notre institution”. C’est à dire que le matin, sur le parking de la caravane, nous accueillons les gens qui viennent nous rencontrer, ceux qui sont intéressés par les carrières de l’institution. Concrètement nous sommes en contact avec la population, c’est vraiment un élément clé pour nous.  

Tout au long du tour , la sécurité générale intervient : ce sont mes collègues, les réservistes qui viennent renforcer le dispositif parce-que c’est plus de 13 000 gendarmes engagés sur le tour de France. Il y a aussi une opération de prévention: “Témoin de sécurité” dirigé par deux gendarmes qui labellisent une commune chaque année. Le but est de créer une fin de zone sur une centaine de mètre dans un village qu’ils ont choisi au préalable. L’objectif est de surtout sensibiliser les enfants et le public d’une manière générale sur les actions qu’il faut faire lorsque l’on est spectateur: le spectateur doit être acteur de sa propre sécurité. La gendarmerie est représenté par ces différentes missions sur le tour de France, mais en amont de l’événement, il y a également une équipe qui gère avec Amaury Sport tout ce qui est organisation, ordre public. En parallèle de l’événement, hors caravane, vous avez également l’équipe communication composée de deux personnes qui sont avec les autres journalistes. Il y a une salle de presse et tous les matins ils accueillent les différents journalistes de presses écrites, audios et télévisuelles.  Le but est de promouvoir l’institution et d’expliquer le rôle de la gendarmerie sur le tour de France.”

Quelles sont les consignes de sécurité pour les piétons?

“Les consignes coulent de source. On va éviter de traverser la route sur la caravane publicitaire et lors du passage des coureurs. On va éviter également d’aller récupérer des gooddies (petits objets publicitaires que l’on jette sur la route, on va éviter de les récupérer en plein milieu de la route car il est probable de se faire écraser la main si ce n’est pas plus. Et ensuite de bien écouter les messages de sécurité diffusés par les différentes caravanes et notamment par la caravane gendarmerie. Ne rien jeter sur les coureurs, ne pas les pousser, ne pas jeter des choses sur la caravane également, car il y a des gens qui s’amusent un peu. Tout cela sont des messages de sécurité, il n’y a rien d’exceptionnel, c’est du bon sens mais des fois il faut le rappeler car comme je le disais tout à l’heure, nous sommes dans un événement accessible à tous, familial, et parfois, sur le coup de l’émotion, on ne fait pas attention.”

Les règles sont-elles respectées?

“Au fur et à mesure des années , la population est sensibilisée, de plus en plus tôt notamment par des actions de la gendarmerie en milieu scolaire par exemple et également lorsque des personnes participent à des événements civils tout au long de l’année, comme des manifestations sportives , particulièrement lors des manifestations cyclistes. Dans ce cas, comme pour les courses automobiles, c’est du bon sens : il est important de ne pas traverser la route quand une voiture arrive à grande vitesse. Depuis 3, 4 ans il y a la sécurité routière: “ la route se partage” qui est partenaire du tour de France, avec deux véhicules sur la caravane publicitaire. Leur rôle est un peu similaire aux gendarmes: véhiculer ce message de sécurité que la route se partage. Il faut que les automobilistes se partagent la route avec les cyclistes et vice versa. C’est de la cohabitation et de bon sens.”

Vous avez fait partie de la caravane du tour de France 2017, qu’est ce qui vous a plu?

“J’ai eu affaire aux deux facettes, j’étais sur la brigade de Sévérac-le-Château et j’ai pu faire partie du service d’ordre: le service responsable de la sécurisation de la route où j’ai eu à faire plusieurs détachement dans les Pyrénées. On demande souvent des volontaires pour sécuriser les routes. J’ai vu le tour de ce côté là , c’est à dire au bord de la route, à être en contact avec les spectateurs et ensuite j’ai vu l’autre facette, l’année dernière, c’est à dire faire partie des douze personnes privilégiées, immergées dans la caravane publicitaire. Ce que j’ai aimé dans le cadre de la caravane, c’est le contact avec la population qui est très fort. Il y a un retour du public . Le contact pour moi c’est le maître mot, c’est vraiment un événement populaire accessible à tous. Et sur ce type d’événement on peut mettre en avant la sécurité, la promotion et la valorisation de l’image de notre institution qui est vraiment un atout . Tout cela dans une ambiance bon enfant, familiale; j’ai trouvé cela très intéressant: le contact dans un sens ludique… Etant donné que nous somme sous couvert d’un événement particulier les gens ont plutôt un comportement positif, ils enregistrent un peu mieux les messages de prudence, ils sont beaucoup plus attentifs. Il y a quand même une bonne ambiance et par les temps qui court c’est quand même appréciable de voir les gens avec un grand sourire au bord de la route… “faire coucou”. C’est vrai qu’en tant que gendarme, nous apprécions cet évènement.”

Y a t-il une sélection au sein de la gendarmerie pour faire partie de cet événement?

“C’est surtout pour la caravane qu’il y a une sélection. Au niveau des motards, la sélection est effectué en amont, il faut pour cela passer des tests de sélection. Pour la caravane publicitaire, la direction générale va sélectionner chaque année douze personnes, six hommes et six femmes.

La manière d’opérer est la suivante: chaque candidat reçoit par mail entre novembre et décembre, ce que l’on appelle un appel à volontaire pour la caravane publicitaire gendarmerie. Chaque militaire intéressé peut répondre à cet appel, ce que j’ai effectué en fin d’année 2016, pour le tour 2017.

On envoie une lettre de motivation des photographies des petites fiches de renseignements. Tout cela part à la direction générale à Issi- les- Moulineaux. Une fois arrivé la bas, les candidatures sont sélectionnés en fonction des différents profils de chacun. Certaines personnes sont retenues et sont convoqués pour passer des entretiens, il y a deux généralement . Un mois après ces entretiens, le service image de la gendarmerie: le SIRPA contacte les candidats retenus. Il y a quand même plusieurs centaines de candidats…

Quand je me suis présenté tout à l’heure j’ai été très synthétique. Je suis référente recrutement sur le sud Aveyron, je suis également instructrice pour les gendarmes adjoints volontaires donc les jeunes gendarmes qui veulent devenir sous officiers, je suis également monitrice de secourisme, tout cela est un plus lorsque l’on est candidat pour le recrutement. C’est pourquoi ma candidature a peut être été appréciée, après il y a le cursus scolaire qui joue aussi….

Voilà à peu près ce qu’il faut faire pour avoir la chance de faire partie de la caravane publicitaire. Il faut monter un dossier, mais ce n ‘est pas parce que l ‘on est gendarme que l’on va être pris. Nous sommes peut être à peu près 300 à 400 à postuler chaque année , je n’ai pas les chiffres en tête mais à la fin ils n’en retiennent que douze, et même que six : six hommes et six femmes sur environ cent mille gendarmes… il y a quand même une petite sélection qui est opérée. C’est pour cela qu’au début de l’entretien j’ai dit que c’était une chance inouïe de faire partie de ce dispositif.”

Justement, que conseillez-vous à un gendarme qui souhaiterait participer au Tour de France 2019 ?

“De faire une lettre de motivation qui puisse retenir l’attention. Après chaque personne est unique , nous avons chacun notre parcours, nos expériences… c’est ce qui fait la richesse de la gendarmerie et de la caravane publicitaire.

Les gendarmes sont issus de différents types d’unités: la gendarmerie mobile, la garde républicaine, la gendarmerie départementale, le corps de soutien technique et administratif de la gendarmerie…cette équipe de douze personnes représente la gendarmerie. Il n’y a pas que des gendarmes départementaux ou les gendarmes mobiles dans ce détachement…

Il faut que le lecteur arrive à retenir les motivations du candidat et il faut essayer de se démarquer tout en restant honnête bien évidemment. Il faut être sincère et cela n’est que la première étape, après il y a les entretiens où il faut savoir se présenter, montrer ses atouts ni plus ni moins.”

Propos recueillies par Tiffen PierreJean-

 

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