Nîmes le 4 février 2015 , Théâtre Bernadette LAFONT : 18 danseurs foulent la scène, entièrement nus, mue par la volonté de marcher ensemble, parcourir de manière rectiligne une voie, un chemin personnel intimiste. La musique répétitive porte les corps dans un halo blafard, chez Olivier DUBOIS le Chorégraphe “L’essentiel est une brèche qui entrevoit l’humanité aveuglante et assourdissante”
Comment ne pas penser aux Ames d’Auschwitz déambulant sur le “tarmac” de la mort ? Au fil du spectacle, les bras des danseurs bougent, gesticulent et communiquent comme un tableau de Matisse “Nu Bleu I”. Surprenant notre sens visuel, l’ordre de déplacement des personnages parait si singulier, lorsque deux groupes se forment, les femmes sont entre elles et les hommes à part, minutieusement séparés. Les “va-et-vient” cadencés dans la candeur de cette lumière blanche, configurent la nudité dans une approche constructive qui prend toute sa notion dans son terme générique : Anatomie.
D’un défilé maitrisé, la scène se brise et évoque des vagues humaines qui font penser au “Cri d’Edvard MUNCH”, la danse prend son rythme dans une transe expressionniste, où quelques hurlements plaintifs apparaissent de manière rapide. Au bord du chaos, l’onde se propage dans la frénésie des corps et de la musique de François CAFFENNE, cathartique et destructurée. La musique est dans sa forme brutale, psychédélique et névrotique, la nudité des corps forme un tout, les danseurs comme des automates s’agglutinent de nouveau au terme d’un passage au stroboscope. L’éclairage de scène par intermittence jongle entre le noir absolu et le spectre que cela procure sur la rétine de l’oeil. Les formes deviennent inhumaines et me font penser aux personnages de Jerôme MESNAGER “Les hommes en Blanc”. La transpiration des corps donne l’étrange impression d’une performance consumée, le charnel de la dernière scène poste son empreinte sur nos âmes voyeuristes, même si on se retrouve concilié avec la nudité originelle de nos vies !
Olivier DUBOIS a “Carte Blanche” pour dévoiler au Louvre Lens sa dernière création “Ana MASRI”, elle est composée de 7 danseurs Français et Egyptiens (spectacle le 6 février 2015). Il vous annonce que son spectacle “Tragédie” sera présenté ce vendredi 14 février 2015 à 20 heures à l’Opéra Comédie de Montpellier. Le son un peu fort par moment nécessite l’utilisation de boules Quies pour les plus sensibles !.
Eric Fontaine