“Un Printemps à Tchernobyl” la dernière bande dessinée d’Emmanuel Lepage aux éditions Futuropolis

Le 26 avril 1986, à Tchernobyl, en Ukraine, le réacteur de la centrale nucléaire entre en fusion et commence à fondre. Le toit de la centrale est pulvérisé par l’explosion. Un nuage de graphite, chargé de particules radioactives charrie sa pollution et, au grès des vents parcourt des milliers de kilomètres, jusqu’en Europe occidentale. C’est un nuage inodore et invisible! Personne ne le sait, et personne ne s’en protège! Au contraire en France, les témoignages des hommes politiques et des spécialistes de la sureté nucléaire se veulent rassurant: il n’y a aucun danger!

Pendant ce temps là, de l’autre coté du rideau de fer, dés les premiers jours, Moscou reconnait des morts : au nombre de deux seulement, alors que les spécialistes du nucléaire civil savent déjà qu’ils seront des milliers : 5000? 25000? 100000? Sans parler des 5 millions de personnes qui seront contaminées et de celles qui mourront ultérieurement de cancer. Afin de tenter d’arrêter l’incendie du coeur de la centrale qui se trouve désormais à ciel ouvert, Moscou envoie des milliers de pompiers et de soldats: les liquidateurs! Certains mourront en quelques heures, d’autres en quelques jours, quelques mois… Ces hommes, pour la plupart volontaires, vont charrier des tonnes de déchets hautement radio-actif propulsés par l’explosion sur le site de la centrale afin de les rejeter dans le coeur en fusion! Les moyens techniques de lutte sont  à la fois exceptionnel mais hélas dérisoires, car un tel accident n’a jamais été envisagé mais le sacrifice humain lui, est colossal. Sur une zone de 30 km autour de la

centrale 200 à 300 000 personnes sont évacuées dans les grandes villes alentours! Ce territoire autour de la centrale nucléaire deviendra la “zone interdite”! On ne le sait pas encore, mais la plus grande catastrophe industrielle du 20ème siècle vient d’avoir lieu.

A cette époque, Emmanuel Lepage à 19 ans et il découvre ce drame à la télévision, à la radio, dans les journaux comme des millions de français. 22 ans plus tard, par le biais d’un projet associatif militant et artistique, il se rend à Tchernobyl pour voir, comprendre et témoigner par le dessin de ce qu’est devenu cet endroit et comment les ukrainiens ont appris à vivre à proximité du monstre.

En 2008 , contre l’avis de ses proches et malgré un grave problème de tendinite à la main qui l’empêche de dessiner, Emmanuel Lepage, se lance dans l’aventure! Il va passer prés d’un mois dans une résidence d’artistes improvisée dans un village ukrainien situé à 20 km de la zone interdite. Il veut se se confronter, par le dessin, à ce désastre! Tchernobyl ne doit pas être réservée aux seuls scientifiques!

Ce que j’en pense:

Cette Bande dessinée remarquable par ses qualité graphiques et la valeur de son témoignage se décompose en trois parties assez distinctes : Une première partie assez pédagogique et très documentée sur l’histoire de l’accident permet de se rafraichir la mémoire sur ce qui s’est passé en 1986!

Une seconde partie nous fait vivre l’arrivée de l’auteur en Ukraine et sa découverte de la zone interdite. La Bd devient un carnet de voyage dans lequel se mélent récit, images et sensations. On découvre par exemple une ville désertée de ses habitants dans laquelle demeurent quelques ouvriers qui travaillent encore sur le site de la centrale. Imaginez une ville moderne de 15 000 habitants avec une seule épicerie!

Dans cette partie, grâce à un dessin précis et documentaire, Lepage nous fait découvrir toute l’émotion que suscitent ces villes et villages abandonnées: des espaces figés et marginaux dans lesquels toute activité officielle s’est arrêtée le 26 avril 1986.

Une fois le décor posé, la troisième partie va décrire la vie en 2008 au alentours de Tchernobyl et le déroulement de la résidence d’artiste. Lepage nous fait partager sa découverte de ces ukrainiens chaleureux et simples qui ont choisi de rester par amour du pays sur une zone ou tout ce qui pousse est potentiellement un poison mortel! Contrairement à ce qu’il avait prévu de vivre l’auteur se trouve alors confronté à un dilemme inattendu:  il évolue dans un paysage idyllique et printanier et se sent si bien qu’il en oublie la réalité du danger des radionucléides présents partout dans le sol, dans l’herbe! Alors qu’il travaille en résidence d’artistes au service d’associatifs qui luttent pour montrer les dangers du nucléaires il n’arrive qu’à retranscrire la beauté et la sérénité que lui inspirent les forêts ukrainiennes au printemps, sans oublier que la mort se cache là quelque part et qu’elle est toujours présente…

Interview de Emmanuel Lepage sur son livre

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