Ce 1er septembre, impose encore un beau soleil, pour un week-end Perpignanais, qui célèbre dans la noirceur 30 ans de “Photojournalisme”.
Jean-François Leroy, le Directeur général du Festival (fondé en 1989), a le regard sombre, les critiques fusent sur le manque de clichés sur la crise de la Catalogne. Paradoxalement, cette année les Catalans sont venus en nombre, de Barcelone et de Gérone en autre. L’exposition de la presse quotidienne, est largement commentée par les Espagnols, qui ont pu visualiser une poignée de vues, de cette crise de 2017 à la Caserne Gallieni. En ce début de semaine, depuis l’ouverture du festival, Jean-François Leroy répond aux reproches “Personne, ne m’a dicté mes choix, ce n’est pas aujourd’hui que cela va changer !” réplique t’il d’un ton certain, aux journalistes le questionnant.
Alors oui, le “Photojournalisme” a effectué sa révolution en quelque sorte, même si le nom ne figure pas encore en tête de page, dans le dictionnaire Larousse, où sa définition reste succincte. À Perpignan, les demandes d’inscription ont explosé, avec plus de 4 500 sujets proposés cette année “anniversaire” (un terme pas employé par le fondateur de Visa pour l’image). L’engouement pour la photographie de témoignage, apporte aussi son lot de journalistes en herbes. En fait, le “Monsieur Tout le monde”, a aussi des clichés à montrer, à partager, le numérique a fait baisser les prix. Dans les coulisses du festival, un journaliste travaillant en freelance pour Giga Presse, me parle de 60 € le quart de page…Néanmoins, certaines agences ne prennent plus en compte les frais de séjours, et les déplacements.
Les lanceurs d’alerte, proposent leurs photos…
“C’est pratique et rapide…” me confiait le journaliste, pour une question de coût “in situ”, souvent sur place autour de l’évènement, avec un “IPhone”, ils proposent leurs clichés à l’AFP, AP, Reuters, qui sont preneurs. Côté budget du festival, avec 1,35 million de budget, le festival conserve sa gratuité et poursuit son savoir faire, en dérangeant, dénonçant, montrant, et surtout en ne s’interdisant rien…Avis aux âmes sensibles, on a des larmes aux yeux, au regard de certaines images, c’est troublant et perturbant, mais toujours instructif.
Le social mis en images et dévoilé côté écologique…
Samuel Bollendorff, que nous avions croisé en 2017 avec “La nuit tombe sur l’Europe”, est revenu à Perpignan avec “Contamination or après-moi le déluge !”. Il évoque largement, son tour de la terre…“En quelques heures, tellement, elle est petite”, précise t’il. Le grand format, au couvent des Minimes, a été choisi par le photographe, donnant de la sorte une vraie dimension à son travail d’explication. On apprend dés lors que la rivière Athabasca et ses 670 kilomètres Canadiens, n’offre plus de poissons, problème de plomb et de polychlorobiphényles. Samuel, alerte mais montre l’irréparable.
Côté féminin, c’est Andréa Bruce qui a noté que la défécation en plein air de la population terrienne, soit 950 millions de personnes qui font leurs besoins en toute liberté, loin des sanitaires. Cette absence d’hygiène, pour 569 millions d’Indiens, gravité de la mortalité humaine, avec les 1,4 million d’enfants par an, qui meurent de maladies contagieuses, dues à un bacille, allant jusqu’à la diphtérie virulente.Même constat à Haïti, l’expansion du Choléra touche le peuple, buvant l’eau salie par le manque d’assainissement et de salubrité !.
La crise des Rohingyas
Paula Bronstein a effectué plusieurs voyages depuis 2012. Elle a pris un grand nombre de photos en Birmanie, et au Bangladesh. Alors Bouddhistes contre Musulmans ? La question n’est pas si simple que cela, aujourd’hui cependant, la réalité des 700 000 réfugiés, qui ont traversé le frontière Bangladaise, s’impose sous le regard absent d’Aung San Suv Kyi (Prix Nobel de la Paix)…La photographe, comme Kevin Frayer (Getty images), présente une série d’images sur les Rohingyas, où l’émotion transpire dans les hauts murs de l’Eglise des Dominicains.
10 milliards d’habitations en 2050
George Steinmetz de l’agence Cosmos, présente “Big Food”…Entre un parc d’engraissement de bovins, à Garden City dans le Kansas, et des truies volumineuses au Brésil, dans les fermes porcines “XXL”, le photographe fait l’inventaire des aberrations alimentaires, s’est fait arrêté aux USA, a fait de la prison pour avoir dénoncé, ce que l’on nous cache. Au passage, il distille certains chiffres : 308,5 millions de viande produites, le porc représente 40 % de la consommation mondiale. Le Brésil en 2016, a détruit 8000 kilomètres carrés de forêts, triste chiffre pour un pays qui détient à lui seul 12 % de biodiversité végétale et boisée de la planète. Chaque année, c’est 0,2% en moins de cette forêt qui part, à cause de cette agriculture intensive.
PALMARÈS VISA D’OR : Véronique de Viguerie (Paris Match & humanitaire) “Yemen…”
James Oatway (Région Occitanie/Magazine) “Les fourmis rouges”
Sabine Weiss (Figaro Magazine) Sergey Ponomarev (PQR) Valentine Van Vyve & Olivier Papegnies
Alors, oui à Perpignan, on retrouve une grande émotion, au regard de ces photos, qui interpellent, qui dénoncent et qui montrent de doigt, toute la férocité humaine destructive de la planète, on prend conscience de l’urgence, que tout doit changer et vite. Plus d’infos sur le festival qui se déroule jusqu’au 16 septembre http://www.visapourlimage.com
Eric Fontaine