La concordance des temps, premier roman de Vladimir de Gmeline

Les Editions du Rocher nous proposent le premier roman de Vladimir de Gmeline, “La concordance des temps”.

Vladimir de Gmeline, grand reporter au journal Marianne, a déjà publié deux récits d’aventure : Les 33 Sakuddei et Les mystères de la Sungaï Baï. Il nous livre avec “La concordance des temps” un vrai roman d’aventure.

Dès les premières pages du prologue, nous sommes pris à la gorge par la terrible chaleur et les émanations de terre mouillée “toutes les odeurs remontent, la boue, l’humus, la pourriture et la lourdeur de l’air.”

Nous allons baigner dans cette atmosphère pesante et humide tout au long de ce livre qui nous colle à la peau dès les premières lignes, car la mousson s’éternise.

Nous nous trouvons à Balitan, une petite ville de la côte sud-est de Bornéo.Arrachés à la jungle, des compounds de luxe abritent le personnel d’une Compagnie pétrolière.Sur fond de moiteur et d’ennui extrême, les femmes oisives tentent de ne pas perdre le contrôle et de résister aux tentations, les hommes employés de la Compagnie se disputent le pouvoir.

Immergés dans l’univers sclérosé des expatriés, on se rend vite compte qu’un drame est en train de se jouer. Catherine épouse du Directeur de la Compagnie a une aventure avec Cyril responsable de la sûreté du site.Parallèlement deux expéditions s’organisent, une équipe chargée de prospecter et un autre groupe, formé par des spéléologues, un photographe et un cameraman, en quête de fonds inexplorés et de nouveaux gouffres  a découvrir, se prépare à partir.

Le décor est posé. La découverte de cette histoire d’amour interdite va faire basculer l’état psychologique du mari dans une violence et une furie inattendues.Oubliés les faux-semblants, les politesses de salon, les certitudes vacillent, l’angoisse monte exacerbée par la moiteur de l’air et l’humidité ambiante.Commence une course poursuite au coeur de la jungle où nos baroudeurs spéléologues, animés d’un fantastique esprit d’équipe, vont devoir fuir la pluie, la rage humaine et la fièvre vengeresse.

Avec ce  premier roman digne des plus grands livres d’aventures, j’ai retrouvé cette respiration rauque et héroique, qui me tient éveillée, fébrile et exsangue tant que la fin salvatrice n’arrive pas.Une belle écriture ferme et fluide, un sujet prenant et exaltant, un climat brûlant et humide, des personnages décrits dans leurs fragilités et leurs excès, il n’en faut pas plus pour faire de ce roman un grand roman, et peut-être un jour pourquoi pas un grand film.

D’ailleurs la question a été posée à l’auteur : “Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ? Le thème musical d’ “Aguirre, la colère de Dieu”, de Werner Herzog.

On ne pouvait trouver plus belle et grande référence.