Gaëlle Hersent pour “SAUVAGE” chez Delcourt

C’est en 2010, que Gaëlle Hersent, dessinatrice sur cet ouvrage, fait une recherche internet sur les enfants sauvages, et tombe sous le “charme” de l’histoire de Marie Angelique Leblanc, un des seuls cas authentiques d’enfants sauvages, capturé a Songy en Champagne .

Elle “griffonne” alors un personnage qu’elle présente a JD Morvan (Saga Sillage…), qui accepte de scénariser avec Aurelie Bévière ce “Roman Graphique”. Ils nous racontent, à leur façon, l’histoire dramatique et/ou chanceuse, de cette petite amérindienne, séparée de sa famille dès son plus jeune âge, vendue ou donnée comme esclave a une famille française du Canada, déportée vers la France, employée dans une filature de soie, probablement violée et frappée, s’échappant avec une complice pour vivre dans un complet état sauvage pendant 10 ans avant d’être recueillie en 1731 par un châtelain local.

​Ce roman met le doigt​ sur la condition des enfants à cette époque, ce qu’ils devaient endurer avec le travail, les inégalités, les traumatismes etc. Il nous questionne sur  la nécessité de l’humain à vouloir à tout prix faire les autres a leur image afin de les “apprivoiser” plus facilement . Ils nous rappellent les “génocides” de l’histoire puisque cette “Marie Angélique” n’est autre qu’un trophée d’affrontement…  Finalement, on se demande si elle n’aurait pas été mieux en restant à l’état sauvage.Son histoire est d’autant plus intéressante, qu’elle retrouvera ces capacités intellectuelles, après tant de traumatismes, pour finir riche, pensionnée par la reine de France.

Gaëlle Hersent rend les dialogues de cet ouvrage presque inutiles, tant ses dessins expriment la solitude et l’incompréhension qu’a pu ressentir le personnage à plusieurs moments de sa vie.

Ce “roman graphique ” est largement renseigné, par les ouvrages de Serge Aroles (chirurgien, enquêteur puis écrivain), par les CNRS et conservateurs de Musée, ce qui fait de lui une véritable source sur le sujet. Il est à lire comme une biographie de qualité et non comme une BD d’anticipation.