Jean-François Blondel : Franc Maçonnerie et Alchimie

Après « Le symbolisme de la pierre à travers l’Histoire » et le « Guide des fontaines et chapelles guérisseuses », pour ne parler que des ouvrages les plus récents, Jean-François Blondel nous revient avec son dernier ouvrage « Franc-Maçonnerie et Alchimie », publié aux Editions Trajectoire, une marque du groupe éditioral Piktos, spécialisé depuis 1987 dans le domaine des arts divinatoires et de l’ésotérisme.

J.F. Blondel passionné par les sciences traditionnelles, a étudié les initiations de métiers au travers du compagnonnage, il s’est ensuite intéressé au symbolisme architectural ainsi qu’aux mythes et légendes. Il écrit également dans des revues traditionnelles telle que Liber Mirabilis, il est également l’auteur d’un conte alchimique : « Le secret d’Alchimie » publié aux éd. Liber Mirabilis.

Le « Profane » désirant se faire recevoir en Franc-Maçonnerie (dans le rite REEA « Rite Ecossais Ancien et Accepté ») devra, avant toute chose, méditer et rédiger son « testament philosophique » dans un « cabinet de réflexion », il sera ainsi confronté au Soufre, au Sel et au Mercure contenus dans de petites coupelles et au mot V.I.T.R.I.O.L., acrostiche signifiant « Visite le centre de la Terre, et en rectifiant la pensée, tu trouveras la Pierre cachée des Sages ». Le voila ainsi immergé entre fraternité initiatique et secrets alchimiques.

Le propos de ce livre est de tenter d’expliquer le lien qui unit la Franc-Maçonnerie et l’Alchimie et l’influence de cette dernière sur la première. Vaste projet et exercice difficile comme le reconnait lui-même l’auteur.

Pour ce faire nous découvrirons les différences entre ces deux traditions initiatiques, dans l’une la transmission se fait au sein d’un groupe, dans l’autre elle se fait de Maitre à Disciple.

La franc-maçonnerie à l’origine anglaise et écossaise apparait en France vers 1725. Dès la fin du XVIIIè siècle, elle va se séparer en deux courants, un premier humaniste tourné vers la société , un second plus ésotérique ou mystique qui s’inspirera dès 1750 des rituels alchimiques. Nous parlons alors d’alchImie mystique enrichie de la kabbale, de l’astrologie et de la magie (Paracelse).

Comment définir l’alchimie, j’aime cette définition de Pierre-Jean Fabre (Les Secrets Chymiques en 1636) : « L’alchimie n’est pas tant seulement un art ou une science pour enseigner la transformation métallique, mais une vraye et solide science qui enseigne de cognoistre le centre de toutes choses, qu’en langage divin l’on appelle l’Esprit de Vie ».

Ce qui nous amène à l’essence même de la recherche alchimique : le Grand Œuvre, la recherche de la pierre philosophale, élixir, magistère ou médecine universelle. Les secrets de ces travaux étaient soigneusement gardés et n’étaient transmis que de Maitre à Disciple ou contenus dans des traités très complexes à déchiffrer, car cette quête de la pierre des Sages demande une ascèse spirituelle et un très profond travail sur soi même, caché et mystérieux. Ce grand œuvre se décompose en œuvre au noir, au blanc et au rouge pour en arriver à l’étape ultime l’obtention du cristal rouge, élixir parfait.

L’utilisation de mêmes symboles par la franc-maçonnerie et l’alchimie tels le Soleil et la Lune, ainsi que la rose mystique commune à la franc-maçonnerie, à l’alchimie et présente dans certains traités des Rose+Croix, montre le lien étroit entre ces différentes sciences et fraternités.

La Rose+Croix société mystique aurait pu jouer un rôle dans l’introduction de l’alchimie dans la franc-maçonnerie. Les frères de la Rose+Croix empruntent à l’alchimie la quête de la pierre philosophale pour atteindre l’immortalité, ainsi que dans la franc-maçonnerie, où le nouveau reçu au 5è degré du REAA (voir plus haut) le plus pratiqué en France aujourd’hui, reprendra à son compte ce vieux rêve d’immortalité toutefois uniquement spirituelle.

Pour résumer je pourrais dire qu’il semble y avoir une filiation certaine entre les maçons batisseurs de cathédrales, les Rosicruciens et la franc-maçonnerie, l’alchimie chronologiquement bien antérieure, ayant imprégné et surement influencé ces ordres et organisations initiatiques.

J’ai éprouvé un vif plaisir à découvrir cet ouvrage riche et bien documenté, qui peut s’adresser aux néophytes en matière de franc-maçonnerie et d’alchimie, à qui il donnera sans doute le désir d’en savoir plus, aux autres, dont je fais partie, certaines clefs seront offertes permettant d’approfondir et d’enrichir leur chemin personnel.