Les peintres de Pont-Aven au Musée des Beaux-arts de Brest

Jusqu’au 6 Janvier 2014, le musée des Beaux-arts de Brest consacre une exposition aux peintres de Pont-Aven, l’occasion de redécouvrir cette école régionale fondamentale, et découvrir en particulier l’initiateur et précurseur de ce mouvement : Emile Bernard. A cette occasion l’institution fait paraître un catalogue exposant les 100 œuvres de son fonds consacrée à ces peintres de la fin du XIXe siècle.

Si tout le monde ou presque a déjà croisé dans sa vie une œuvre chatoyante de Paul Gauguin, l’école de Pont-Aven est trop méconnue, tantôt considérée comme un sous-impressionisme, tantôt comme une école régionale parmi d’autres. Hors, ce que nous présente ici cette exposition « Les peintres de Pont-Aven du musée de Brest », c’est l’histoire d’hommes, qui à la fin du XIXè siècle s’inscrivent en marge de l’académisme enseigné aux Beaux-arts et exposé au salon, pour, dans la voie ouverte par les impressionnistes expérimenter une nouvelle manière de peindre. C’est le destin d’une petite fraternité d’artistes résidant à Pont-Aven et au Pouldu dès 1888 pensant trouver en Bretagne un cadre idéal pour travailler plus librement, avec une terre pensée comme primitive et préservée de la modernité.

La présentation exceptionnelle ici offerte par le musée retrace un chemin progressif du symbolisme au mouvement Nabis. Toute la première partie de l’exposition est consacrée à Emile Berrnard, artiste trop peu connu mais que l’historiographie contemporaine rétablie justement comme père de l’Ecole de Pont Aven. Celui-ci rencontre en 1886 Paul Gauguin, ce dernier étant installé dans le petit port de pêche où il dit trouver le « ton sourd, mat et puissant » nécessaire à sa transformation stylistique. Il était temps de redécouvrir Emile Bernard pour voir à quel point il est initiateur avec Gauguin de l’esthétique de Pont-Aven, fondant le synthétisme par une pratique, celle d’aplats de couleurs vives, d’effacement de la perspective et de cernes entourant les sujets ; ce mouvement sera ensuite théorisé par Maurice Denis ou Paul Sérusier dont on découvre également des œuvres fondamentales. Puis le visiteur peut s’émerveiller en redécouvrant les cotes bretonnes vues par la colonie d’artiste de l’Hôtel des voyageurs ou de la pension Gloanec (Henri Delavallée, Emile Journan, Maxime Maufra …) – La seconde partie de l’exposition est consacrée aux artistes Nabis (Les prophètes en hébreux) réunis autour d’un totem, le Talisman de Paul Sérusier. On comprend alors tout de suite que ce tableau très moderne naît de la généalogie admirative ouverte par Paul Gauguin quelques années plus tôt.

Pour faire perdurer l’émerveillement de ce parcours et pour laisser une trace dans la bibliographie contemporaine, le musée édite chez Locus Solus le catalogue complet des œuvres de l’École de Pont-Aven et des Nabis de ses collections. L’ouvrage permet d’appréhender l’importance et la variété du fonds conservé, avec une centaines d’œuvres. Le livre permet donc d’aller bien au delà de l’exposition et présente peintures, dessins, estampes et une sculpture monumentale avec les propos éclairés et éclairants du conservateur Pascal Aumasson.

•  Informations pratiques :

– « Les peintres de Pont-Aven du musée de Brest » jusqu’au 5 janvier 2014 au Musée des Beaux-arts de Brest : http://www.musee-brest.com/les-expositions/en-cours/les-peintres-de-pont-aven-du-mus%C3%A9e-de-brest/

– « Les peintres de Pont-Aven et les Nabis dans les collections du musée de Brest » – Conception graphique : Alain Le Quernec et Carolina Rojas, éditions Locus Solus, 192 pages, 20€, 2013.