L’île aux remords, il a fui un passé qui n’était pas le sien

L’île aux remords est une bande dessinée de Didier Quella-Guyot et Sébastien Morice, parue aux éditions Grand Angle, en octobre 2017. Un bel ouvrage, qui invite, dans des circonstances inattendues, à découvrir les retrouvailles d’un père et son fils, parti 25 ans plus tôt…

30 septembre 1958, une crue a lieu sur les massifs Cénevols. L’inquiétude fut mesurée, les habitants en avaient vu d’autres, mais celle-ci fut moins indulgente. Très vite, les maisons des rues basses ont eu les pieds dans l’eau, puis les chevilles et les mollets. Lorsque l’eau fraîche et boueuse arriva jusqu’aux genoux, les habitants commençaient à s’inquiéter, ou presque… Dans un café, le tenancier reconnaît que l’orage a encore monté d’un cran, tandis que deux hommes, autour d’une table, explique que ce n’est pas la fin du monde, et qu’ils ont l’habitude. Le médecin, un certain Poujol, arrive au café, il vient de la gendarmerie, où les dernières nouvelles ne sont pas bonnes ! L’eau monte partout ! Le Gardon, l’Ardèche, la Cèze et le Vidourle, toutes les rivières ont dépassé les cotes d’alerte. Les morts sont même à déplorer dans certaines communes…

Alors qu’il s’apprête à boire un café pour se réchauffer, et qu’il écoute les paroles du patron… Il a une révélation ! Il a oublié quelqu’un… Malgré le danger tout autour de lui, il passe en voiture un pont immergé, prêt à tomber. Il manque de se noyer dans sa voiture, prend un mauvais coup, mais parvient à surmonter les dangers pour arriver à la maison de son père… Le vieil homme est comme sur une île, l’eau ayant inondé tout autour et arrivant aux pieds de la maison. Sur la terrasse, le vieil homme regarde les environs changeant, avec sa chèvre. Après de nombreuses années sans aucune nouvelles, les deux hommes ont des tas de choses à se dire, des vérités blessantes, un passé trouble, des choix difficiles et évidents. Ils ont tout leur temps pour parler, se comprendre et peut-être se pardonner, car les voilà tous les deux entourés d’eau. Découpée en chapitre, la bande dessinée est une agréable et douce surprise, bien découpée, qui revient sur différentes époques des deux hommes, pour comprendre leur choix et leur vie, afin de construire, peut-être un avenir… Le dessin est également très doux, plutôt rond et fluide, il offre quelques belles planches. Un petit dossier historique est à retrouver, à la fin de l’ouvrage.

L’île aux remords est une bande dessinée émouvante et belle, la rencontre inespérée entre un père et son fils, parti 25 ans plus tôt. Comme sur une île, à cause des inondations, ils vont pouvoir se parler, s’écouter, revenir sur leur passé, pour tenter de se comprendre…