Ma version de l’histoire : l’amour revu et corrigé

Valentine et Sam font une thérapie de couple. Sam n’a pas du tout envie d’être là. Valentine pense que c’est essentiel. Chacun raconte sa version de l’histoire.

Ma version de l’histoire s’ouvre sur un générique projeté sur des murs blancs. Valentine et Sam sont assis sur un canapé, plongés dans l’obscurité. Le ton est donné : tout ne sera pas blanc et noir. Le sel de la pièce se trouve dans ces zones grises que le couple va mutuellement se reprocher. Tout est une question d’interprétation, de mauvaise foi, de non-dits, mais surtout de vérités.

Ma version de l’histoire se joue des codes du théâtre du boulevard. Le caractère comique du personnage prime sur sa psychologie : Sam est un restaurateur bohème, Valentine une working girl au fort caractère. Les réflexions fusent, le rythme est enlevé, les points de vue s’enchaînent et s’entremêlent en impliquant directement le spectateur comme un juge des peines de cœur. Mais l’écriture de Sébastien Azzopardi est bien plus fine qu’elle n’y paraît.

Cette dispute de couple est ancrée dans notre quotidien. Les références à l’actualité nous placent dans une vérité commune : l’euphorie de la Coupe du monde 98, l’effroi le 11 septembre, l’incompréhension avec la crise des subprimes… Après s’être identifié par le rire, l’émotion nous amène à prendre du recul. À écouter les silences, le poids des mots, la sincérité d’un amour brisé.

“Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire” s’assènent à plusieurs reprises Valentine et Sam. Les circonstances sont trompeuses, mais chaque variation de Ma version de l’histoire a été vécue. Le film de cette thérapie de couple se met à nu progressivement, jusqu’à un final attendrissant. Qui a tort ? Qui a raison ? Ce qui est certain, c’est que Sébastien Azzopardi est l’auteur d’une très belle comédie dramatique.

Ma version de l’histoire
Théâtre Michel, jusqu’au 6 juillet