Mais n’te promène donc pas toute nue : les sixties c’était mieux avant

Un bon Feydeau, c’est un Feydeau qui se déguste sans fausse note à un rythme endiablé. Une locomotive de quiproquos et autres malentendus dans une folle énergie. Un absurde reflet d’une bourgeoisie vouée à imploser. “Mais n’te promène donc pas toute nue” vue et adaptée par la Compagnie Stomatopoda coche toutes les cases. 

D’abord le cadre : c’est l’été, en pleine canicule. Le député Ventroux (Luc Franquine), riche député de droite, attend la visite de son ennemi juré Monsieur Hochepaix (Valentin Rotilio), un important industriel de gauche. La rencontre risque d’être bouillante, d’autant plus que Clarisse, la femme de Ventroux (Marie-Sasha Kaminski), aime déambuler en petite tenue dans l’appartement.

Puis, il y a le grain de sable qui va rendre la mécanique hilarante : Michel, le valet (Florian Guérin), pétri d’une ambition inavouée, devenir un chanteur populaire. Vous secouez le tout en transposant ce vaudeville dans les sixties, et vous obtenez une comédie délirante qui défile sans temps mort.

Mais n’te promène donc pas toute nue devant Giscard

L’effet sixties n’est pas utilisé comme un artifice comique, mais préfigure avec malice la fin de règne de cette bourgeoisie patriarcale. Mais rassurez-vous, cet arrière-plan socio-politique est savamment dosé pour mieux orchestrer un bon moment de franche rigolade. Feydeau est actualisé avec la seule prétention de vous faire marrer.

La force majeure de cette adaptation est de prendre le temps d’exposer les enjeux de chacun. La scène de ménage en ouverture est traitée avec justesse, mais aussitôt contrebalancée par une performance dantesque de Michel. Cette équation de crédibiliser un non-sens est tenue avec brio pendant une 1h. Ça passe tellement vite, qu’on en redemande. 

Mais n’te promène donc pas toute nue
les samedis et dimanches à 17h au Théâtre de la Croisée des Chemins